11/08/2014 – 07H00 Rennes (Breizh-info.com) – La Russie ne pouvait pas laisser l’Union européenne et les Etats-Unis lui mener une véritable guerre économique depuis la crise Ukrainienne sans réagir : c’est chose faite depuis l’annonce hier du Premier ministre Medvedev, qui instaure un embargo d’un an sur l’importation de viande, de produits laitiers, de poisson et d’autres produits de la mer, de légumes, de plantes-racines, de noix et de fruits en provenance des USA, de l’Union Européenne, de l’Australie, du Canada et de la Norvège.
Cet embargo, que la Russie a mis en place en espérant faire revenir à la raison le camp occidental, pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’économie européenne et donc pour la Bretagne. Le COREPER (Comité des représentants permanents de l’Union européenne) évalue les dommages immédiats consécutifs aux sanctions à 23 milliards d’euros pour l’économie russe, et à près de 40 milliards d’euros pour les pays de la zone euro.
Selon le magazine Challenges, la Russie absorbe aujourd’hui plus de 10% des exportations agricoles et agro-alimentaires de l’Union Européenne (environ 12 milliards par an). L’an passé, la France a expédié 1,17 milliard d’euros de produits agro-alimentaires vers la Russie, dont 450 millions en boissons alcoolisées, 119 millions d’euros de produits laitiers (4% des et 26 millions d’euros en fruits.
Outre les pertes immédiates liés à cet embargo, les responsables des différentes filières s’inquiètent de la situation de crise qui se profile en Europe, notamment du fait que les produits non-exportés en Russie pourraient rester sur le marché européen, provoquant un effondrement des prix par la multiplication de l’offre. Une situation explosive, alors qu’une guerre des fruits sévit déjà entre Espagnols, Français et Italiens.
Déjà durement touchée par la crise de l’industrie agro-alimentaire, cette annonce fait craindre une aggravation de sa situation économique bretonne. Le 29 janvier dernier, la région avait subi les premières conséquences de la politique étrangère française et européenne inféodée à l’OTAN : la Russie avait en effet prétexté, toujours en pleine crise Ukrainienne , le motif de la peste porcine décelée sur des sangliers pour suspendre l’importation de porcs. Une baisse des cours de 10% a déjà été enregistrée.
Autre sujet délicat, la fabrication et la vente des navires Mistral construits à Saint-Nazaire. Un marché d’1,2 milliards d’euros, et 300 à 400 emplois durables ainsi qu’une économie en relance sont à la clé pour la région nazairienne. Si le premier navire devrait être livré « puisque payé », l’incertitude demeure sur le sort réservé au second, dont la construction a pourtant déjà été entamée. Au sein de la municipalité nazairienne, les Verts, se pliant aux injonctions des Etats-Unis, de l’Angleterre et de l’Allemagne, ont réclamé la suspension de la vente, provoquant un certain émoi chez les salariés des chantiers STX.
Alors qu’en France, quelques voix, notamment au sein des gaullistes, s’élèvent pour dénoncer « la politique étrangère suicidaire de la France », ce sont bien les petits acteurs économiques et les citoyens qui pourraient subir à très court terme les conséquences de cette guerre économique menée contre la Russie. Une guerre économique qui a pour point de départ la vieille volonté des Etats-Unis d’encercler la Russie, avec l’appui d’alliés jouant un rôle d’idiots utiles.
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