09/08/2014 – 07H00 Paris (Breizh-info.com) – L’épidémie de fièvres hémorragiques dites ‘Ebola’ attaque sans relâche l’Afrique de l’Ouest. L’organisation Médecins Sans Frontières reconnaît qu’elle n’est plus « sous contrôle ». L’inverse de ce que déclaraient les autorités guinéennes en avril. Le millier de morts va bientôt être atteint. Contre l’ebolavirus, il n’existe pas de traitement préventif, ni de thérapeutique. L’isolement est la seule attitude raisonnable. En attente de la suite, c’est-à-dire, dans 60 à 90 % des cas, la mort par hémorragie digestive et par choc cardio-respiratoire.
Les essais de nouveaux sérums antiviraux, chargés en anticorps, testés actuellement sur deux médecins américains rapatriés du Liberia où ils ont été exposés, n’auront aucune valeur statistique. Les deux patients ont été traités avant l’apparition du syndrome hémorragique pré-terminal, et sont dits « éclairés et consentants » pour le test. Ce qui n’est évidemment pas le cas des individus menacés par centaines depuis le mois d’avril, tant au Liberia qu’en Sierra Leone, en Guinée ou au Nigeria.
Les aéroports de départ sont réputés placés sous vigilance hygiénique, les compagnies aériennes sont informées des consignes d’isolement d’éventuels passagers pris en vol de fièvres et/ou de vomissements, et les aéroports d’arrivée sont placés sous veille sanitaire. British Airways et Emirates ont suspendu leurs vols vers les pays concernés. Pour autant, rien n’est réglé.
Les premières variantes de cette famille des filovirus sont apparues en 1976 au Zaïre (où le virus filiforme s’est propagé par la rivière Ebola), et en 1979 au Soudan. Dans ces deux épidémies, 80 % des 500 personnes infectées sont mortes. Une autre variante, repérée chez des macaques importés dans un laboratoire de Reston, aux États-Unis, a conduit en 1989 à tuer les quatre centaines de singes concernés. La souche actuelle est, semble-t-il, une variante des zaïroises de 1976, 1995, 2007 et 2008, propagée par les chauves-souris, puis par les singes et les porcs avant d’atteindre l’homme.
Les veilles sanitaires organisées en Europe ou aux États-Unis mobilisent des moyens d’isolement – et de protection des personnels sanitaires – qui n’existent pas dans les pays-souches. Les règles hygiéniques élémentaires (éloignement des familles, javellisation des habitats, désinfection des objets familiers, enterrement rapide des morts) n’y sont pas respectées. La panique propagée dans les ethnies d’origine entraîne à l’inverse une surprotection rapprochée des malades par les familles, et un contact avec les cadavres lors d’inhumations rituelles tardives. Ce qui va contre les recommandations de l’OMS rappelées au début de juillet au Ghana, en réunion de crise. Et constitue le plus sûr vecteur d’une propagation contre laquelle l’État libérien a décrété le 7 août un état d’urgence de 90 jours.
Conforté par la multiplication moderne des moyens de transport aérien, un spectre resurgit, celui de la grippe dite ‘espagnole’ de 1918-1919. Elle provoqua, en deux vagues et malgré un faible taux de 3 à 4 % de mortalité, des dizaines de millions de morts sur la planète, dont 165 000 en France. Pour l’heure, il n’existe qu’un seul laboratoire, à Lyon, capable de traiter en douze heures les analyses de sang et de confirmer ou infirmer une présence d’ebolavirus en cas de soupçon sur un patient repéré sur le territoire. Quant aux consignes d’isolement, elles n’ont évidemment d’utilité que si elles sont respectées à la lettre. C’est-à-dire sans aucun contact par compassion, laquelle deviendrait vite un agent de propagation mortifère.
Jean-François Gautier
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