Sondage. Marine Le Pen poursuit son ascension

03/08/2014 – 07H00 Paris (Breizh-info.com) – Dans son dernier numéro, l’hebdomadaire Marianne publie un dossier consacré aux résultats d’un sondage concernant l’élection présidentielle de 2017 – la question posée était : pour qui voteriez-vous si l’élection présidentielle avait lieu dimanche prochain ? Ce sondage réalisé par l’IFOP confirme le résultat obtenu par le Front National lors de la dernière élection des députés au Parlement européen.

Comme lors de ce dernier scrutin, le FN arrive en tête, juste devant l’UMP et loin devant le PS. En effet, selon ce sondage, Marine Le Pen obtiendrait 26 ou 27% selon les cas et Nicolas Sarkozy 25% ou 26% des voix. Quant aux socialistes, François Hollande et Manuel Valls obtiendraient 17% et Arnaud Montebourg 10% seulement. La faiblesse du PS ne profite pas à Jean-Luc Mélenchon qui n’a rien gagné depuis 2012  (il en est toujours à 10-11% des voix) ni aux écologistes (3 à 4%) et moins encore à l’extrême-gauche (3%).

Au total, les gauches rassemblent entre 28 et 33% des voix, ce qui est presque un record historique de faiblesse et ce qui confirme le déclin continu de cette famille politique depuis les élections de 1981. Le déclin des gauches est de plus en plus manifeste et beaucoup plus rapide que celui des libéraux de droite. Jacques Julliard pense que d’ici 2017, Marine Le Pen peut atteindre le niveau des 30% ; la fable rassurante du « plafond de verre » apparaît définitivement pour ce qu’elle est : une vue de l’esprit que tous les médias ont colporté pendant une douzaine d’années !

Concernant les autres candidats potentiels, François Bayrou recueillerait 12-13% et même 16% si Arnaud Montebourg était le candidat du PS ; quant à Nicolas Dupont-Aignan, il ne progresserait pas, avec 3% des voix, tout comme l’extrême-gauche (Nathalie Arthaud à 2% et Philippe Poutou à 1%).

L’opposition entre l’agglomération parisienne et les provinces apparaît particulièrement nette puisque, dans la première, Marine Le Pen recueillerait 10% des voix seulement, alors qu’elle en obtiendrait 3 fois plus dans l’ensemble des provinces (30% au total dont 33% dans le Nord-Est, 31% dans le Sud-Est, 25% dans le Sud-Ouest et 24% dans le Nord-Ouest).

La popularité de Marine Le Pen reste très grande chez les ouvriers (41%) et les employés (37%) tandis qu’elle est toujours faible  chez  les cadres supérieurs et dans les professions libérales (13%) et en dessous de la moyenne chez les commerçants – artisans (22%) et les retraités (17%). Le FN apparaît de plus en plus clairement comme le parti des classes les plus malmenées par la mondialisation libérale (laquelle ne se traduit pas seulement par la désindustrialisation mais aussi par une immigration de moins en moins contrôlée) et remplit de plus en plus le rôle qui était naguère celui des partis de gauche.

Comme l’a montré Christophe Guilluy, les couches sociales « périphériques », celles qui vivent dans les zones rurales ou dans la périphérie lointaine des métropoles, représentent 60 % de la population française. Le FN a donc encore une marge de progression importante parce que ce sont ces couches sociales qui sont entrées en résistance et qui hésitent de moins en moins à voter pour lui.

De nombreux commentateurs considèrent que l’élection présidentielle de 2017 sera un tournant décisif ; certains pensent même que Marine Le Pen pourrait l’emporter au second tour si la situation continue de se dégrader, ce qui est presque certain du point de vue économique et absolument certain pour ce qui concerne l’immigration. Or l’immigration est le ressort principal de l’ascension du FN, contrairement à ce que continuent de penser ses concurrents qui s’en tiennent aux seuls paramètres économiques. Ainsi Jean-Luc Mélenchon et Christophe Borgel, le monsieur « élections » du PS, pensent que cette hypothèse est désormais réaliste.

Face à une telle situation et en l’absence d’un rassemblement unitaire de toutes les gauches, il est évident que le PS obtiendra difficilement plus de 70 députés en 2017 si le mode de scrutin reste inchangé. C’est la raison pour laquelle, François Hollande envisage de le modifier en le remplaçant par un scrutin proportionnel. Dans Valeurs actuelles (24/07/14), François d’Orcival écrit que le président de la République choisira le scrutin proportionnel intégral pour éviter de faire un nouveau découpage des circonscriptions mais aussi sans doute pour assurer la réélection d’un contingent significatif de socialistes. La proportionnelle intégrale aurait l’inconvénient de faire entrer près de 150 députés du FN à l’Assemblée nationale mais elle permettrait aussi l’élection d’environ 200 députés de gauche, tandis que les libéraux de droite en auraient moins de 230, c’est à dire beaucoup moins que la moitié ! Cette situation inédite imposerait-elle la cristallisation de cette UMPS que le FN évoque depuis des lustres ? Il est permis de le penser. Ce serait en effet la seule solution pour les libéraux de droite et de gauche de former une majorité.

B. Guillard

Photo : Jérémy Jännick/Wikimedia (cc)
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