29/07/2014 – 07H00 Rennes (Breizh-info.com) –Nathalie Appéré (PS) n’avait peut-être pas été prévenue lors de son arrivée à la mairie de Rennes : la capitale bretonne est de moins en moins une ville où il fait bon vivre. C’est pourquoi elle entend réunir le conseil de sécurité en présence du préfet, du procureur de la République et des responsables des forces de l’ordre, le 6 août prochain. Signe que l’heure est grave. Et aveu d’ impuissance et d’échec à endiguer la progression de la délinquance qui frappe l’agglomération.
Les règlements de compte de ces derniers jours, qui ont vu s’affronter de véritables « gangs organisés » guadeloupéens et martiniquais (un homme est actuellement entre la vie et la mort) ne sont que le point d’orgue d’une situation qui n’a fait que se dégrader ces dernières années.
Déjà, en 2009, le Mensuel de Rennes sortait un dossier intitulé « Rennes est-elle une ville dangereuse ? », dans lequel il ressortait que la ville des années 2010 n’avait plus grand chose à voir avec l’animée mais paisible cité étudiante des années 90.
Si la violence semblait autrefois reléguée uniquement dans certains quartiers « sensibles » de la ville (Villejean, Le Blosne, Maurepas notamment), elle s’est désormais installée en centre ville, notamment autour de la place de la République, point de convergence des bus et du métro.
Plusieurs facteurs peuvent sans doute expliquer cette montée de la délinquance :
– Le rapprochement récent avec Paris et sa banlieue, qui permet à des groupes organisés de venir en Bretagne à la journée pour écouler tranquillement – de la place St Anne à République – des drogues et autres substances illicites, augmentant les rivalités et tensions, notamment avec les bandes locales.
– Une sorte « d’état de non-droit » mis en place avec l’arrivée de la municipalité dirigée par Edmond Hervé puis par Daniel Delaveau et déjà évoqué par le passé. Ainsi, Rennes est une ville où des centaines de jeunes peuvent déambuler toute l’année, sous prétexte de soirées étudiantes, dans des états alcoolisés et drogués qui ne font pas honneur à sa réputation. Mais au delà du côté « festif » surjoué, c’est aussi un sentiment d’abandon par les pouvoirs publics, qui règne chez les commerçants et les riverains du centre qui ne comptent plus le nombre de bagarres et dégradations en tout genre à longueur d’année.
– L’augmentation d’une population immigrée notamment en provenance d’Afrique noire et des pays de l’Est, et les conflits, tensions et difficultés d’intégration qui peuvent en découler.
– La paupérisation d’une partie significative de la population et le profond fossé se creusant entre les habitants (plutôt aisés) du centre et ceux des quartiers périphériques.
Sur quoi débouchera la réunion du 6 août prochain ? Difficile de le dire. Les responsables de la police ont alerté maintes et maintes fois, en vain jusqu’à présent, la mairie de Rennes sur les sérieuses difficultés rencontrées pour assurer le maintien de l’ordre. Mais il n’est pas évident, c’est le moins que l’on puisse dire, pour une municipalité socialiste/écologiste de mettre en place une politique sécuritaire crédible qui irait à l’encontre de son idéologie fondamentalement permissive.
Nathalie Appéré prendra-t-elle le risque de se mettre à dos la minorité d’extrême-gauche, agissante et influente notamment dans la sphère associative et le milieu étudiant, qui milite pour toujours plus de laisser faire et qui sait parfaitement souffler sur les braises ? Début de réponse le 6 août prochain.
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