Après avoir fait une partie de ses études en Allemagne, le réalisateur italien Giacomo Gentilomo décide de porter à l’écran une version – en couleur et sonore – des Nibelungen, film de Fritz Lang qui l’a profondément impressionné. Le Chevalier Blanc (Sigfrido, 1957) s’inspire ainsi de l’épopée allemande des Nibelungen, écrite au début du XIIIe siècle et immortalisée par Richard Wagner. Ce film est réédité par les éditions Artus films, qui visent à faire découvrir « les chefs d’œuvres du cinéma légendaire européen ».
Lorsque son père Siegmund meurt sur un champ de bataille, sa mère Sieglinde, dans un dernier souffle, confie son bébé, Siegfried, au nain forgeron Mime (Alberto Cinquini). Siegfried (Sebastian Fischer) devient un jeune homme fort. Mais il s’interroge sur ses origines. Mime finit par les lui révéler en lui remettant les fragments de l’épée brisée de Siegmund. Siegfried reforge lui-même cette épée. En réalité, Mime n’a élevé Siegfried que dans le but de lui faire tuer le dragon Fafner, gardien du fabuleux Trésor des Nibelungen. Siegfried tue le dragon et s’empare de l’anneau magique qui permet à son possesseur de voir ce trésor et découvre également un filet qui rend invisible. Il se baigne dans le sang du dragon pour devenir invincible, sauf entre ses épaules, puisqu’une feuille s’y est collée.
Siegfried, devenu le Chevalier Blanc, se rend en terre Burgonde, à la cour du roi Gunther (Giorgio Constantini). Au cours d’un tournoi, Siegfried défait l’invincible Hagen de Tronège (Rolf Tasna), amoureux éconduit de Krimhilde (Ilaria Occhini), sœur de Gunther. Siegfried va aider Gunther à épouser la farouche guerrière Brunhilde (Katharina Mayberg), reine d’Islande. Mais Brunhilde tombe amoureuse de Siegfried. Avec l’aide de Siegfried invisible, Gunther triomphe de Brunhilde dans les trois épreuves imposées (tir à l’arc, javelot et lancé d’une pierre). Gunther épouse ainsi Brunhilde, tandis que Siegfried s’unit à Krimhilde. Mais Krimhilde révèle à Brunhilde le subterfuge. Humiliée, Krimhilde exige la mort de Siegfried. Apprenant de la naïve Krimhilde la partie vulnérable de Siegfried, Hagen parvient à le tuer. Lorsque les Burgondes défilent devant le corps de Siegfried, sa plaie se remet à saigner au moment où Hagen s’approche : c’est donc lui l’assassin. Puis Brunhilde se poignarde. Enfin, la grotte du trésor des Nibelungen s’écroule sur Hagen…
On peut regretter le côté primesautier de Siegfried au début du film lorsque, simplement vêtu de peaux de bêtes, il se met à gambader dans une prairie. Mais ce film est pourvu d’un charme certain. Il n’est pas ridicule si on le compare au chef d’œuvre Les Nibelungen (1924) de Fritz Lang. Tandis que Fritz Lang évoquait le haut moyen-âge et la culture Viking, Gentilomo s’inspire du cinéma hollywoodien des années 1950 (Ivanhoé, Les chevaliers de la table ronde…). Le combat contre le dragon mécanique rappelle la scène de Fritz Lang, mais sans plus de réussite technique. Curieusement, on relève l’absence de référence au christianisme ou à la mythologie nordique. Mais Gentilomo a eu la bonne idée d’intégrer dans son film la musique lyrique de Wagner.
Ce DVD contient de nombreux suppléments :
– L’aspect médiéval dans Sigfrido (25 minutes). Professeur d’histoire du cinéma et spécialiste du Moyen-Âge au cinéma, François Amy de la Bretèque présente « Le chevalier blanc « .
– La légende des Nibelungen (15 minutes). Professeur d’histoire, Pascal Landes présente la légende germanique.
– Les effets spéciaux de Carlo Rambaldi (7 minutes). Le cinéaste Luigi Cozzi revient sur les effets spéciaux.
– Entretien avec Ilaria Occhini (15 minutes). L’actrice Ilaria Occhini, qui a tenu son premier rôle dans Le chevalier blanc, en jouant la belle Krimhilde, fait un retour sur sa carrière.
Le chevalier blanc, Artus films, 12,90 euros.
Photo : DR
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