Le 55ème numéro de la revue Internet l’Afrique réelle, disponible ici, est paru. Au sommaire notamment un gros dossier sur la question « berbériste » en Algérie.
SOMMAIRE :
Actualité :
– Kenya : le jeu trouble du président Kenyatta
– Mali : la guerre ne pouvait que reprendre
– La Tunisie et l’Algérie face à la désintégration libyenne
Economie :
Le secteur minier sud-africain et ses contradictions
Dossier :
La question « berbériste » en Algérie : permanence et résurgence
Editorial de Bernard Lugan :
En ce début du mois de juillet 2014, l’Afrique est face à plusieurs grands problèmes.
En Afrique du Nord, la Libye n’en finit pas de sombrer et de se morceler. A l’Est, en Cyrénaïque, l’offensive menée contre les jihadistes par le général Haftar semble piétiner cependant qu’en Tripolitaine, constamment approvisionnées par la Turquie et le Qatar, les milices de Misrata affiliées aux Frères musulmans ont conservé tout leur pouvoir de nuisance. Quant au grand sud saharien qui a échappé à toute autorité, il « intéresse » de plus en plus les forces algériennes à l’Ouest et les éléments franco-tchadiens au Sud.
En Tunisie, les autorités font désormais face à une véritable implantation jihadiste dans les monts Chaambi, cependant que les partis islamistes refont leurs forces en vue des prochaines élections.
Au sud du Sahara, la question malienne n’a pas été réglée. Les autorités de Bamako refusent de reconnaître qu’elles ne sont pas en mesure de détruire la revendication des Touareg et qu’elles doivent donc composer sur la base d’une nouvelle organisation étatique quasi-confédérale.
Le Nigeria du Sud ne parvient pas à réduire l’insurrection du Nigeria du Nord qui se fait sous le paravent de la secte musulmane Boko Haram. Cette dernière rallie autour d’elle tous ceux qui refusent la domination des ethnies sudistes majoritairement chrétiennes dans un retour à la longue histoire régionale qui avait été mise entre parenthèses par la colonisation.
En Centrafrique, la guerre ethnique est devenue religieuse. Le gouvernement socialiste français qui n’a pas voulu intervenir en 2013 afin d’interdire aux coupeurs de route du Séléka de prendre Bangui porte la responsabilité de la situation. Cette responsabilité est d’ailleurs double car, en lançant l’Opération Sangaris, l’Elysée n’a donné à nos forces, ni les moyens nécessaires, ni fixé un objectif clair. Ce n’était en effet pas une interposition qu’exigeait la situation, mais la destruction pure et simple des bandes majoritairement soudanaises qui mettaient le pays en coupe réglée. Aujourd’hui, ces dernières se sont renforcées, elles tiennent plus de la moitié du pays et, adossées au Soudan du Nord, elles ne pourront plus être réduites. L’indécision française a donc permis qu’un foyer de grande déstabilisation se développe au centre du continent.
Plus à l’Est, le Kenya subit à la fois la contagion somalienne et les conséquences de son alchimie ethnique, les Kikuyu refusant de partager le pouvoir avec les Luo.
Quant à l’Afrique du Sud où la grève des mineurs vient de prendre fin, mais où celle des métallurgistes a pris le relais, la « tiers-mondisation » est en marche. Le pari libéral y a échoué. Il postulait de faire de l’Afrique du Sud une puissance économique reposant sur des richesses naturelles, sur une main d’œuvre noire à bon marché et sur des cadres blancs de grande compétence. Or :
– La production minière nécessite une énorme modernisation et donc de gros investissements que les entreprises refusent de faire compte tenu de la situation socio-politique,
– La main d’oeuvre noire a obtenu des augmentations de salaire qui plombent la compétitivité internationale,
– Quant aux cadres blancs, ils ont quitté le pays, chassés par la discrimination inversée, l’insécurité et la surfiscalité…
Photo : DR
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