15/07/2014 – 07H00 Pekin (Breizh-info.com via Réseauinternational) –Depuis le début du mois de Juillet, les annonces en provenance de la Chine s’enchaînent inexorablement… et elles sont toutes primordiales. Tout d’abord, sur la Chine elle même
Le London Stock Exchange Group (LSEG) a signé mardi des accords avec deux banques publiques chinoises pour stimuler le commerce offshore du yuan au Royaume-Uni.
Un partenariat avec Bank of China (BOC) permettra au LSEG et à l’organisme de crédit d’évaluer et d’établir conjointement les règles de compensation et le processus de financement de futurs produits libellés en yuans, a indiqué le LSEG dans un communiqué publié sur son site internet hier. Bank of China, troisième plus grand organisme de prêt en Chine en termes d’actifs, vise à devenir un membre de la LSEG.
« La Chine sera en mesure de raccourcir le processus d’internationalisation de sa monnaie d’au moins 10 ans si elle peut puiser dans le marché européen », a expliqué M. Dai. « Londres est un bon lieu de départ, car la ville a de l’expérience dans le commerce de devises étrangères et parce que les résultats de son marché financier ont un fort impact sur les pays de la zone euro. »
2°) La Chine vient de prendre contact et signer des accords avec deux banques centrales Européennes :
- La Banque centrale du Luxembourg
- La Banque de France
La banque centrale signe deux MoUs avec des banques centrales européennes
Le contenu de cet accord est très important car il précise que : la signature de ce MoU est une première étape vers la création d’une infrastructure de compensation et de règlement des transactions en renminbi à Paris. Cela veut dire que désormais, les flux de capitaux ne seront plus contrôlables par les deux chambres de compensation Européennes qui ne le sont pas : Euroclear et Clearstream, puisque même si Clearstream appartient à Deutsche Boerse sur le papier, il semble bien que les actionnaires soient situés sur le territoire américain, et Euroclear appartient à JP MORGAN.
Pourquoi le Luxembourg ?
Parce que ce pays étant le premier pays en détention de capitaux, il est essentiel de faire que les transferts qui avaient un peu l’habitude de se diriger vers les paradis fiscaux américains ou britanniques puissent se diriger vers l’Asie en toute discrétion.
De plus en signant séparément avec des Banques centrales nationales, La Chine neutralise toute opposition intervention de Draghi sur ces sujets.
3°) La Chine crée une Banque Mondiale concurrente
Jusque-là, 22 pays ont pris part à ce projet qui a pour ambition de créer une nouvelle « Route de la Soie », un réseau ancien de routes commerciales entre l’Asie et l’Europe, reliant la ville de Chang’an (actuelle Xi’an) en Chine à la ville d’Antioche, en Syrie médiévale (aujourd’hui en Turquie).
L’institution de développement devrait porter le nom d’Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB) et couvrir une zone s’étendant de la Chine au Moyen-Orient.
Les financements devraient notamment servir à développer des infrastructures dans toute la région, dont une ligne de chemin de fer colossale reliant Pékin à Bagdad, selon des sources citées par le Financial Times.
Les trois premiers investisseurs mondiaux en 2013 étaient le chinois PetroChina avec 50,2 milliards de dollars, le russe Gazprom (44,5 milliards) et le brésilien Petrobras (41,5 milliards). Total est le septième plus gros investisseur avec 30,8 milliards, devant EDF (17e avec 18,4 milliards) et GDF Suez (43e avec 10,4 milliards). http://www.romandie.com/news/Linvestissement-en-baisse-au-niveau-mondial-en…
Ce sont des pays qui n’ont pas abandonné le pouvoir régalien de création monétaire et dans lesquels l’Etat garde le contrôle sur ces entreprises.
Comme quoi la libéralisation des services énergétiques n’est pas favorable à l’investissement , les Chinois , les Russes et le Brésil l’ont bien compris
5°) La Chine vient de signer un contrat total de Libre Echange avec la Suisse .
C’est le premier traité de ce genre que l’Empire du Milieu passe avec un pays d’Europe. Les suisses se sont ainsi mis à l’abri des délires et des diktats de l’Union Européenne , bien souvent dictés par Washington .
5°) Le prochain sommet des BRICS va être très dense : Nouvelle architecture Financière
Avec en particulier un Fonds de Réserve monétaire nommé Accord de Fonds de Réserves (« Contingent Reserve Arrangement (CRA) » en anglais) et une banque de développement, appelée Banque BRICS, rempliront les fonctions de mécanisme multilatéral d’appui aux balances des paiements et fonds de financement de l’investissement. De facto, les BRICS prendront leurs distances avec le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), institutions créées il y a 70 ans sous l’orbite du Département d’Etat au Trésor des Etats-Unis d’Amérique. Au milieu de la crise, les deux initiatives ouvrent des espaces de coopération financière face à la volatilité du dollar, et des alternatives de financement pour les pays en situation critique sans les soumettre à conditions à travers des programmes d’ajustement structurel et de reconversion économique.
Ce nouveau sommet des Brics met quelque part le FMI totalement sur la touche…
Laissant de coté que, contrairement à l’ « Initiative Chiang Mai » (Chiang Mai Initiative en anglais, dont font partie la Chine, le Japon, la Corée du Sud et 10 économies de l’Association des Nations du Sud Est asiatique), le CRA BRICS pourra se passer de l’aval du FMI pour réaliser ses prêts, ce qui garantit une meilleure autonomie face à Washington. La guerre des devises des économies centrales contre les économies de la périphérie capitaliste exige sa mise en œuvre dans de brefs délais.
6°) L’Argentine est invitée à ce sommet
Dans ce contexte, il est évident que la dédollarisation est en train de prendre une ampleur sans précédent. La puissance des USA vient aussi du fait que le dollar est la monnaie étalon planétaire. S’il perd ce rôle, les USA n’ont plus de pouvoir, ni de contrôle. Ils deviennent un grand pays comme un autre.
Et c’est bien cette dédollarisation qui est en train sans doute de provoquer des fuites massives de capitaux en dehors du territoire américain qui fait que le premier Etat qui risque de faire faillite est bien l’état Américain qui n’arrive plus à se financer du tout.
Alors ils essaient d’imaginer des solutions démentes comme taxer la revente des T bonds. Mais quel serait l’investisseur assez fou pour acheter un actif financier qu’il ne pourra revendre sans risquer une perte financière majeure ?
Ou qu’ils décident d’allonger unilatéralement les maturités obligataires.
Ou encore, comme vient de l’annoncer Lagarde, de faire des saisies sur les assurances vies. Ce qui aurait un double avantage, provoquer une panique Européenne pour faire revenir des capitaux aux USA.
Mais toutes ces décisions sont désormais totalement inefficaces, pire, elles vont empirer les situations, comme vient sans doute de le faire l’amende infligée à la BNP qui en dehors du chantage politique sur l’armement livré à la Russie a sans doute également obéi à cette logique d’essayer par tous les moyens de rapatrier des capitaux sur le territoire américain.
Pourquoi : parce qu’il faudrait une vraie stratégie politique pour imposer une politique économique et sociale aux financiers qui la refusent et que cette stratégie n’est possible que si l’état a conservé un pouvoir régalien qui est celui de la création monétaire…
Ce qui est le cas de tous les pays des Brics, et c’est la raison pour laquelle leur stratégie est cohérente et efficace et elle sert l’intérêt général des populations qu’ils représentent. Les intérêts des financiers qui dirigent les Etats Unis (actionnaires de la FED) sont aujourd’hui contradictoires, il n’y a plus de stratégie aucune, ils sont antagonistes avec ceux de leurs clients ainsi que ceux du peuple américain comme ceux des peuples Européens vassalisés.
En Europe, pas plus qu’aux USA, il n’y a plus désormais de pilote dans l’avion… et le dollar est en train de se trouver mis Knock Out par une stratégie cohérente de la part de la Chine et des Brics, ce qui nous promet des turbulences certaines dans le cours de l’été, turbulences qui auront d’énormes impacts économiques et sociaux.
Warning
P.S. : Tous les calculs des articles cités, en particulier concernant les nouvelles banques de développement ou mondiales en train de se créer sont en dollars par simple sémantique et facilité journalistique. Je ne pense pas que dans le contexte actuel, surtout avec l’histoire BNP, ces banques conservent beaucoup de leurs actifs en dollars.