10/07/2014 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Le 2 juillet 2014 en fin d’après-midi, une femme de type méditerranéen, aux cheveux coupés court, à la garçonne, entre dans une charcuterie nantaise. Hélant la vendeuse, elle lui demande brusquement de réchauffer des victuailles. Pendant qu’elle se tourne pour les enfourner dans le micro-ondes, la cliente s’empare d’une terrine et entreprend de partir avec. La vendeuse tente de la reprendre, et se voit gratifiée d’un coup de poing dans l’oeil.Le temps de reprendre ses esprits, d’appeler son patron et les policiers, elle se lance avec eux à la recherche de sa voleuse. Ils ont tôt fait de la repérer à la terrasse d’un café voisin; elle est interpellée en douceur un peu plus loin. Ils retrouvent ainsi une vieille connaissance, jugée en comparution immédiate devant la même magistrate presque trois mois plus tôt, le 4 avril.
La voleuse s’appelle Mina A., elle est marocaine de nationalité, dispose d’un titre de séjour jusqu’en 2017. Née là-bas, elle est arrivée en France à 12 ans dans le cadre d’un regroupement familial, ce qu’elle a ressenti comme un « arrachement » à sa patrie, El Fifa au Maroc. En rupture de ban avec sa famille, elle a enchainé les petits boulots, tombant peu à peu à la cloche. Sa première condamnation date de 2005. Depuis elle en a eu treize, pour des vols, des violences ou des vols avec violence. De la pure délinquance alimentaire. Son dernier emploi connu date de 2006 – elle vivait déjà à la rue depuis quelques mois. Par ailleurs elle est dépendante à l’alcool et aux anti-dépresseurs.Elle reçoit une aide de 790 euros par mois, puisque partiellement reconnue comme handicapée.
A la barre, elle ne se départit jamais de son sourire narquois; mais confie sa fatigue, visiblement à bout. Le débat dérive sur la nécessité d’une expertise psy. Court délibéré : c’est non. Le procès rentre dans le fond des choses. A la barre la vendeuse au visage orné d’un impressionnant oeil au beurre noir : « elle a besoin de manger, ce n’est pas la seule; et tout le monde ne réagit pas comme çà« . Le procureur ne dira pas autre chose : « je suis prêt à entendre qu’on vole pour manger; mais on ne peut accepter la violence« . Durant toute l’audience, la voleuse n’aura pas un regret pour sa victime.
Le procureur reprend la main. Il parle des associations caritatives. La réponse fuse comme l’éclair « ah parlons-en ! la misère ne part pas en vacances, eux si. Ils sont fermés« . Des aides qu’elle reçoit : « la banque postale me les a bloquées, comme l’accès au compte« . Invérifiable. De son sursis avec mise à l’épreuve, des trois rendez-vous que lui a donné le SPIP et qu’elle a séché : « quand on vit dans la rue, ce n’est pas facile« . La magistrate épilogue « quand on est dès 10 heures du matin à boire ses bières, c’est dur, en effet« . La prévenue plaide sa cause avec insolence : « la liberté conditionnelle, ça m’arrangerait bien ».
L’avocate commise d’office plaide répressif pour une fois. Enfin en apparence. Elle demande la prison, « elle est à bout, il faut qu’elle se pose. Elle a besoin d’être prise en charge ». Aux frais du contribuable, c’est toujours mieux. Le juge acquiesce. Trois mois ferme : « vous allez vous poser, vous allez vous requinquer« . C’est dire que la prison ne fait plus peur à personne. Pour certains, c’est un centre aéré derrière de hauts murs et des grilles.
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Une réponse à “SDF, elle agresse une charcutière à Nantes : en prison pour « se requinquer »”
Pourquoi ne pas l’avoir condamner à travailler dans un centre comme au Restau du cœur, Emaus ,ou autres,pour rembourser au lieu de l’envoyer en stage de formation de la délinquance.