09/07/2014 – 07H00 Notre-Dame-des-Landes (Breizh-info.com) – Il y avait nettement moins de monde que l’an dernier : le festival d’été de Notre-Dame des Landes, qui se tenait ces 5 et 6 juillet 2014, a été douché par la pluie et peut-être aussi la concurrence des Nuits de l’Erdre qui elles ont largement drainé la population locale. Il y avait à Bellevue, au coeur de la ZAD, plus de 15.000 personnes (12.000 selon la Préfecture, 22.000 selon les organisateurs).
Dominé par le militantisme et de plus en plus marqué par le virage de la contestation en faveur de la gauche de système (Front de Gauche et EELV), le festival n’attire de nombreuses personnes que depuis 2013, l’année des expulsions. Il avait été précéde à l’automne 2012 d’un Festizad très boueux et très populeux, au coeur des terrains que les opposants au projet occupent pour empêcher Vinci et les pouvoirs publics de s’en emparer et de commencer les travaux.
Quasi autogéré – la police n’étant pas la bienvenue à Notre-Dame des Landes – le festival a néanmoins été perturbé par des zadistes anti-système qui ont interrompu par deux fois l’allocution de José Bové (EELV) lors du meeting de dimanche matin. Ils se sont exprimés à la fin du meeting, causant néanmoins pas mal d’énervement chez les membres de l’ACIPA qui essaient d’afficher un visage « respectable » de la contestation, et qui condamnent d’ailleurs régulièrement les vandalismes et autres troubles commis par certains contestataires, au risque d’être accusés par ceux-ci de trahison et de conflit d’intérêts.
Toutes les formations politiques ne sont pas non plus les bienvenues à NDDL. Bien qu’il soit opposé au projet, le FN en est exclu. « Nous adhérons à une charte de valeurs communes, et les formations qui ne les partagent pas ne sont pas les bienvenues », expliquaient ainsi les organisateurs avant le festival pour , justifier cette mesure.
Outre le meeting politique, le festival a accueilli de nombreux débats – l’occasion de donner la parole à des associations, des experts, des contestataires comme ceux qui s’opposent à la ferme des 1000 vaches dans la Somme (Novissen), invités d’honneur cette année, ou à d’autres opposants aux grands projets inutiles et imposés (GPII) qui foisonnent en France et à l’étranger. Le soir, les débats laissaient place aux concerts, avec plusieurs artistes militants bretons dont Hamon Martin Quintet et Miossec, et à l’occupation du ciel par des montgolfières en papier et des lampions : « le ciel, comme la terre, doivent rester libres », expliquaient en substance les organisateurs du festival.
Alors que chaque jour qui passe, de nouveaux clous sont mis dans le cercueil du projet d’aéroport – comme le coût pour un Etat surendetté, la surévaluation notable du réaménagement de l’aéroport existant à Nantes ou encore les risques d’inondation que peut causer le projet, on peut s’étonner de l’échec relatif du festival. S’il reste un lieu de rencontre de contestataires issus de toute la France, il mobilise moins.Le mauvais temps est peut-être un coupable trop idéal. Certains reprochent au festival d’apparaître toujours plus militant et toujours plus tourné en faveur d’une gauche de système, à l’image d’opposants qui politisent encore et toujours plus l’opposition à l’anti-aéroport, pour en faire une béquille électorale d’une écologie politique et d’une extrême gauche en déroute.
Au risque de déboucher dans une impasse. Selon un observateur, « tant que le projet d’aéroport est présenté comme déraisonnable et trop coûteux, les opposants peuvent rallier une majorité, même au-delà de leurs camps. S’ils partent du principe que l’opposition ne peut être que de gauche libertaire, alternative et écologiste, et que tous les autres, parce qu’ils ne partagent pas ces valeurs, ne peuvent être que favorable au projet, celui-ci, tôt ou tard, se fera. Tout simplement parce que le poids electoral de la gauche contestataire et des écolos représente moins de 15% des électeurs. Et qu’indépendamment du succès de la contestation bretonne anti-aéroport, il fond comme neige au soleil.«
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