Braveheart. Un hymne à l’indépendance de l’Ecosse (cinéma).

A l’occasion du 700ème anniversaire de la victoire écossaise de Bannockburn (23-24 juin 1314), le célèbre film Braveheart est réédité dans un somptueux coffret. Ce chef d’œuvre glorifie en effet William Wallace, héros de l’indépendance de l’Ecosse.

En 1280, l’Ecosse est sous le joug d’Edouard 1er (Patrick Mc Goohan), roi d’Angleterre. Pendant des négociations de paix, il tend un piège aux émissaires écossais et les pend dans une grange. Au cours de la révolte écossaise, le jeune William Wallace perd son père et son frère. Bénéficiant de l’éducation de son oncle, Wallace (Mel Gibson) découvre l’Europe, apprend le latin et devient un homme cultivé. Retournant en Ecosse, il aspire à fonder une famille avec Murron (Catherine McCormack), son amie d’enfance. Mais lorsque Murron frappe un soldat qui tente de la violer, le chef de la garnison anglaise l’égorge pour l’exemple, en place publique. Fou de douleur, assoiffé de vengeance, Wallace réunit les siens, anéantit la garnison et égorge lui-même le chef anglais. Secondé par des guerriers charismatiques, le colosse Hamish, l’Irlandais illuminé Stephen, Wallace devient le héros de la révolte écossaise. Il bat l’armée anglaise à Stirling (11 septembre 1297) puis prend la ville de York. Edouard envoie Isabelle, l’épouse du prince héritier, négocier avec Wallace. Une idylle naît entre eux. Mais Edouard 1er anéantit l’armée écossaise à Falkirk (22 juillet 1298). Une nouvelle fois trahi par les nobles écossais, Wallace est fait prisonnier. En 1305, au cours de son supplice, par pure vengeance, Isabelle avoue à Edouard, sur son lit de mort, qu’elle porte l’enfant de Wallace. Le narrateur de l’histoire, Robert de Bruce, futur roi d’Ecosse, hésite tout au long du film entre le cynisme politique de son père (« la traitrise est un art » tente-t-il de lui inculquer) et l’exemple de Wallace. Ce n’est qu’au cours de la victoire écossaise de Bannockburn (24 juin 1314), qui clôt le film, qu’il embrasse la cause de l’indépendance.

Réalisé par Mel Gibson en 1995, acteur américain d’origine irlandaise, Braveheart a remporté pas moins de 5 Oscars (meilleurs film, réalisateur, photographie, maquillage et montage d’effets sonores). Pour apprécier ce chef d’œuvre à sa juste mesure, il faut oublier les entorses à l’histoire puisque celles-ci sont au service du scénario. Selon l’historien Dominique Venner, « le scénario prend de grandes libertés avec les faits, mais au profit d’un récit d’épopée efficace ». En effet, Wallace n’était pas issu du peuple mais de la petite noblesse écossaise. Il n’a jamais pris York. Edouard 1er n’a jamais utilisé le droit de cuisage en Ecosse. Il n’est pas mort en même temps que Wallace mais deux ans plus tard. Isabelle n’a pas eu de rapports avec Wallace puisqu’elle n’avait que 13 ans à la mort de celui-ci. Cette fade romance est la seule faiblesse du film. En revanche, rarement les batailles médiévales ont été filmées avec une telle ampleur et une telle violence. On s’extirpe à coup d’épée, de masse, de hache, de pieu. Ce sont les schiltrons, alignements de trois rangs de pieux de 5 mètres, qui bloquèrent la charge de la cavalerie lourde anglaise. La stratégie est bien mise en évidence, même si la bataille de Stirling n’a pas été respectée par les producteurs qui n’ont pas pu reconstruire le pont. Ces batailles montrent la toute nouvelle supériorité des piétons sur les cavaliers ainsi que l’importance décisive des archers. Les villages, forteresses, costumes et armes sont particulièrement bien reconstituées. Mais les autres scènes sont également réussies, le mouchoir de Murron gardé toute sa vie par Wallace, l’assassinat atroce de celle-ci, la résistance de Wallace à ses bourreaux… Plusieurs scènes sont magnifiques. Par exemple celle où Wallace, devenu un héros insaisissable, poursuit sa lutte d’un lieu à un autre, courant sur la crête des montagnes enneigées sur fond de la magnifique musique de James Horner.

Ce film développe principalement les thèmes suivants :

– Le culte du héros. Wallace est montré comme un héros dont la force de conviction soulève un pays entier. Il parvient à convaincre les hésitants : « ce qui compte n’est pas de se battre, mais de combattre ;  tous les hommes meurent un jour, mais peu parmi eux vivent vraiment ». Mel Gibson explique que « son courage, sa loyauté et son sens de l’honneur étaient illimités. Il n’a vécu que dans un seul et unique but : la liberté de son pays ».

– L’identité écossaise. Les références celtiques de ce film tourné en Ecosse et en Irlande sont nombreuses. Lors des batailles, Wallace se peint le visage en bleu, comme les anciens guerriers pictes. Après la messe en latin d’enterrement de son père, lors d’une cérémonie païenne nocturne, son oncle lui dit : « ils disent adieu à ton père à leur manière, en jouant des airs interdits sur des instruments interdits ».

– La religion chrétienne. Wallace se fait bénir avant la bataille. Avant la torture, il s’adresse à Dieu : « j’ai si peur. Donne-moi la force de mourir ». Son calvaire, les bras en croix, rappelle celui du Christ.

– La trahison des élites. Les nobles écossais sont lâches et trahissent la cause du peuple. Wallace déclare aux nobles écossais : « vous pensez que le peuple n’existe que pour servir vos privilèges. Je dis que vos privilèges n’existent que pour rendre le peuple libre ».

– L’anglophobie. Les anglais sont systématiquement dépréciés alors que les pays celtes irlandais et anglais s’allient. Au cours de la bataille de Falkirk, le roi d’Angleterre commence par engager les irlandais, car « leur sang ne coûte rien ». Selon le Times, « les effets politiques de ce film sont réellement pernicieux, c’est un film xénophobe ». Ajoutons que la représentation du Prince Edward comme un homosexuel incompétent et efféminé a attiré des accusations d’homophobie.

Ce coffret contient le film (en Blu-Ray et en DVD) et des bonus (en Blu-Ray et en DVD). Dans les bonus, on trouvera plusieurs documentaires : Le monde de William Wallace (30′), La légende de William Wallace, Le plus grand héros d’Ecosse (32′), Le travail du scénariste (22′), Le Chemin du retour (30′), Les champs de bataille en 3D (toutes les batailles anglo-écossaises remodélisées en 3D et expliquées par des historiens), un making of (58′) et des interviews (15′). Ce coffret contient en outre deux pièces commémoratives. 

Braveheart Coffret collector, 50 euros (20th Century Fox).

Parution le 2 juillet 2014.

Crédit photo :Dr
[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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