Il pleuvait sur Nantes samedi 28 juin, pourtant 8 500 personnes – selon la police – ou bien 17 000 – selon les organisateurs – ont participé à une manifestation en faveur de la réunification. Une certitude, c’est nettement plus que la fois précédente, en avril. Et c’est là l’essentiel.
Bien entendu, la Bretagne n a pas encore l’habitude des manifestations géantes, comme celles organisées à Barcelone, en faveur de l’indépendance de la Catalogne.
C’est ainsi qu’en juin 2013, il y avait 90 000 personnes au stade du Camp nou pour le concert « per la libertat » – pas de football ce jour là mais la réclamation d’un référendum sur l’autodétermination. Donc on sent une montée en puissance du sentiment breton, lentement mais sûrement, à l’occasion de ces rassemblements nantais.
Avec des leaders, de l’organisation et de la régularité dans l’action, on pourrait faire de Nantes le rendez-vous incontournable des militants bretons.
Une fois le pli pris, des manifestations de plus en plus importantes pourraient s’y dérouler. Pour la plus grande satisfaction d’un certain Jean-Marc Ayrault et de ses employés (Rolland, Auxiette, Grosvalet et compagnie).
N’oublions pas le rêve de M. Ayrault : faire de Nantes une « métropole européenne ». Avec des manifestations à 20 ou 30 000 participants, l’objectif serait atteint. En effet, rassembler 8 500 personnes, c’est jouer dans la catégorie grande ville de province, insuffisant aux yeux de l’ancien Premier ministre.
Tandis qu’avec un effectif de 30 000, on passerait dans la catégorie « métropole », la seule valorisante pour l’homme de « l’Ouest ».
Gràce à quoi Nantes pourrait se comparer plus facilement avec Munich, Milan, Lyon …et comme les désirs de M. Ayrault sont des ordres pour les militants Bretons, il ne reste plus qu’à passer à l’acte …
Une nouvelle manifestation gagnerait à être prévue dès maintenant pour la rentrée de septembre. En effet, à l’automne, les parlementaires auront à examiner, en seconde lecture, le projet de loi relatif à la délimitation des régions.
Et il serait bon que les sénateurs et députés bretons fussent tout de suite mis dans l’ambiance. En effet, les mous, les indécis, les hésitants n »aiment pas ramer à contre-courant. lls suivent la direction du vent.
Second motif de contentement pour M. Ayrault : le rassemblement contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes du samedi 5 et du dimanche 6 juillet.
Là encore, on attend beaucoup de monde. Que des amis des sieurs Ayrault et Auxiette. Que des amis du Parti socialiste et du « progrès ».
Certes ont peur regretter que Julien Durand, le leader de l’ACIPA ,n’ait pas compris qu’il avait tout à gagner à donner à cette fête une tonalité bretonne – même limitée.
Car, aux yeux des autorités, une manifestation offrant une petite touche identitaire et une manifestation passe-partout pouvant se dérouler aussi bien à Carpentras qu’à Hazebrouck, ça n a pas le même poids politique.
Qui peut faire mieux que Jean-Marc Ayrault ? C’est-à-dire parvenir en huit jours, à cristalliser, à deux reprises, une hostilité aussi forte sur sa personne…
Quel grand homme politique !
Bernard Morvan
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Une réponse à “Jean-Marc Ayrault. Le cristalisateur de la colère bretonne”
Vous faites trop d’honneur à Jean-Marc Ayrault, il n’a rien d’un « baron » régional comme a pu l’être un Guichard autrefois. Il devait sa puissance non à des qualités personnelles et à un charisme naturel mais à sa fonction de maire de Nantes ; il ne l’a plus. Pire : au poste de Premier ministre, il a exposé ses insuffisances et ruiné sa réputation. Il est hors de question qu’il commence une carrière de de leader à 64 ans ; sorti de l’hôtel Matignon, il n’a d’ailleurs montré aucun signe de rebond. Le parti socialiste aimerait sans doute bien que la « colère bretonne », comme toutes colères du moment, soit dirigée vers Jean-Marc Ayrault, mais même le rôle du bouc émissaire ne paraît pas à sa mesure… Il faut viser plus haut !