03/06/2014 ‑ 07H00 Montpellier (Breizh-info.com) – Alors que l’été approche et que la Bretagne devrait à nouveau accueillir des milliers de touristes dans les prochaines semaines, nous en profitons pour questionner sans détours des personnes venant d’autres régions, afin d’avoir leur vision de la Bretagne, des Bretons, mais aussi de l’actualité locale, de l’avenir de la région.
Nous poursuivons notre série d’interview avec celle de Jordi, un occitan enraciné de Montpellier.
Breizh-info.com : C’est quoi pour toi un Breton ? Quelle image, quels mots te viennent à l’esprit quand on te parle des Bretons et de la Bretagne ?
Jordi : Un Breton c’est pour moi une espèce à part. Un animal terrestre tourné vers le large, vers l’océan. Un peuple de marins pour qui la Bretagne serait le port d’attache. Le Breton part toujours vers le lointain, vers l’inconnu mais n’oublie jamais d’où il vient. Peuple culturellement très marqué, les Bretons sont, à mon sens, un des rares peuples d’Europe pour qui l’identité n’est pas un concept idéologique ou politique mais une réalité naturelle. Les images qui me viennent à l’esprit lorsque l’on me parle des Bretons et la Bretagne, sont celles du marin à la barbe grisonnante, des bigoudens sur le port, du son du biniou dans les bars. Des images d’épinal qui tiennent sûrement plus d’un certain romantisme que de la réalité.
Breizh-info.com : Y es tu déjà allé ? si oui, dans quel coins ? Où aimerais tu aller ?
Jordi : Je connais très mal la Bretagne, voir quasiment pas. Je n’ai fait que deux très brefs séjours et ce n’était pas vraiment dans un cadre touristique. J’aimerais vraiment un jour découvrir ce fameux pays Bigouden tant vanté par Schoendoerffer dans « Le Crabe Tambour ».
Breizh-info.com : Nantes en Bretagne, ça t »intéresse, tu t’en fou, tu trouves ça logique ?
Jordi : Nantes en Bretagne pour moi c’est comme Paris en Île de France ou Strasbourg en Alsace. C’est une vérité qui n’est même pas discutable. Cela va de soi. Les frontières étatiques, administratives, n’ont pour moi aucun intérêt si elles ne reposent pas sur des réalités historiques, culturelles et ethniques. Le rétro-pédalage du gouvernement (le plus impopulaire de la V° République) à propos de la réunification de la Bretagne démontre juste un peu plus la médiocrité de celui-ci.
Breizh-info.com : Quel est ton point de vue sur la montée des Bonnets rouges en bzh en automne dernier ? Comprends tu la volonté d’une certaine autonomie et la partages tu ?(10% pour les régionalistes dans certains coins du finistère)
Jordi : Le « phénomène » Bonnets rouges a été pour moi une bouffée d’air.
Face au résignement, c’est le symbole du « oui, on peut encore se révolter et gagner ». Alors certes le combat mené par ce mouvement populaire n’a pas été parfait.
Il y a eu quelques ratés comme par exemple la vision un peu trop « bretonne » ce qui n’a pas joué en faveur d’un développement de la révolte dans le reste de la France.
Car au final, le combat mené tant sur les thématiques économiques que culturelles dépasse largement les frontières de la Bretagne. Concernant l’autonomie réclamé par le mouvement, j’y suis favorable bien que je ne sois pas non plus pour l’indépendance de la Bretagne. Pour les régions de France, surtout celles à forte identité, la puissance d’un état centralisé ne peut permettre l’épanouissement des peuples.
Face au résignement, c’est le symbole du « oui, on peut encore se révolter et gagner ». Alors certes le combat mené par ce mouvement populaire n’a pas été parfait.
Il y a eu quelques ratés comme par exemple la vision un peu trop « bretonne » ce qui n’a pas joué en faveur d’un développement de la révolte dans le reste de la France.
Car au final, le combat mené tant sur les thématiques économiques que culturelles dépasse largement les frontières de la Bretagne. Concernant l’autonomie réclamé par le mouvement, j’y suis favorable bien que je ne sois pas non plus pour l’indépendance de la Bretagne. Pour les régions de France, surtout celles à forte identité, la puissance d’un état centralisé ne peut permettre l’épanouissement des peuples.
Breizh-info.com : Quels points communs vois tu avec ta région, le Languedoc ? Parle nous un peu d’elle.
Jordi : Le Languedoc et la Bretagne ont de nombreux points communs, d’abord parce qu’il s’agit de deux régions « périphériques » très marquées culturellement et qui ont toutes deux été victimes d’un colonialisme républicain qui au nom de la sacro-sainte unité nationale, a cherché à effacer les particularismes régionaux qui faisaient la diversité de la France. Comme la Bretagne, le Languedoc est lui aussi coupé en deux régions et comme en Bretagne, les dirigeants politiques locaux ne semblent pas très favorable à une réunification de peur de perdre leur poste, leur gamelle et pour cela, ils sont aujourd’hui prêt à nier les réalités historiques.
Sortie des grandes villes qui sont sinistrées économiquement ou complètement déracinées culturellement, le Languedoc c’est l’esprit de clocher avec l’accent du Sud.
Comme en Bretagne, l’identité ce n’est pas un concept mais un mode de vie au naturelle. Ce sont les fêtes de village innombrables et endiablées, le rugby et la vigne. Mais le Languedoc c’est aussi le plus fort taux de chômage de la France métropolitaine, l’un des plus fort taux de consommation d’alcool et de drogues en tout genre, les villes comme Nîmes ou Montpellier sont même championnes de France dans la catégorie cambriolage.
Bref pas vraiment la carte postale des plages de la Grande Motte ou de Palavas-les-Flots. Mais il reste encore au sein de la population un peu d’espoirs, un vieux réflexe, un réflexe oublié depuis longtemps pour le bobo parisien qui vient en vacance sur nos plages : la fierté.
Comme en Bretagne, l’identité ce n’est pas un concept mais un mode de vie au naturelle. Ce sont les fêtes de village innombrables et endiablées, le rugby et la vigne. Mais le Languedoc c’est aussi le plus fort taux de chômage de la France métropolitaine, l’un des plus fort taux de consommation d’alcool et de drogues en tout genre, les villes comme Nîmes ou Montpellier sont même championnes de France dans la catégorie cambriolage.
Bref pas vraiment la carte postale des plages de la Grande Motte ou de Palavas-les-Flots. Mais il reste encore au sein de la population un peu d’espoirs, un vieux réflexe, un réflexe oublié depuis longtemps pour le bobo parisien qui vient en vacance sur nos plages : la fierté.
Breizh-info.com : Comment imagine tu la Bretagne dans 50 ans ?
Jordi : Je ne suis pas très optimiste pour la Bretagne. La surexploitation des sols lié à une stratégie productiviste sonnera le glas de l’agriculture et l’élevage qui a permit à la Bretagne de décoller économiquement. La raréfaction des ressources halieutiques et l’isolement géographique de la région vis à vis du centre économique et industrielle de l’Europe n’augure rien de bon pour le secteur maritime. Petit signe d’espoir, l’échec économique pourrait pousser les Bretons à repenser leur attachement à un système qui n’aura pas su préserver leurs richesses.
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[cc] Breizh-info.com, 2014, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
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