02/07/2014 – 07H00 Saint-Nolff (Breizh-info.com) – Naufrage, déculottée, désaveu ou gouffre financier ? Les mots restent à trouver pour qualifier l’échec du festival « Mamm Douar » qui s’est déroulé ce week-end dans la commune de Saint-Nolff (56).
900 festivaliers au lieu des 3500 attendus sur chaque journée du 27, 28 et 29 juin pour ce festival qui se voulait « festif et militant ». Tellement militant que les organisateurs avaient invité le groupe de punk-rock d’extrême-gauche féministe controversé « Pussy Riot », dont les membres ont passé quelques mois en camp de travail en Russie suite à leurs condamnations pour vandalisme et incitation à la haine religieuse. Une invitation que n’aura pas pu honorer le groupe, faute de visas.
Si la direction du festival admet avoir reçu « une claque », elle s’interroge également sur les raisons de cet échec – football, multiplication des évènements ou « message militant non compris » ? .
Si la Coupe du monde de football tend en effet à démobiliser une partie du public potentiel, il est évident que le message « militant » que souhaitait faire passer la direction était difficile à comprendre : comment en effet concilier la volonté de localisme, de réseau local, de défense du terroir et de l’écologie, du syndicalisme paysan, avec « la lutte contre le fascisme » (le groupe violent « action antifasciste Nantes » dont l’un des membres est actuellement incarcéré pour des violences en marge d’une manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) est monté sur scène l’an passé à l’invitation des organisateurs) ou avec l’engagement dans d’innombrables causes en faveur « des pays du Sud », du Burkina Faso en passant par les terres des Indiens Mapuches ..Un débat a même eu lieu cette année, le samedi en début d’après-midi intitulé » xénophobie, populisme, autoritarisme et extrême droite, cette Europe qui monte ».
Ce grand fourre-tout aux relents moralisateurs avec une affiche musicale sans doute moins alléchante que d’habitude : cela explique sans doute l’échec de ce festival, dont cette édition pourrait être la dernière sous cette formule. Mamm Douar prétendait par ailleurs ne recevoir aucune subvention, alors qu’une simple enquête sur l’association organisatrice « Ingalan » démontre que cette dernière perçoit pour différents projets « alternatifs » des subventions (notamment une de 50 000 euros du conseil régional de Bretagne en 2012) et qu’elle a des partenariats avec plusieurs communes du Morbihan, notamment pour des projets avec des « Pays du Sud ».
Une étrange conception du DIY (Do It Yourself) et de l’auto-gestion pourtant prônée par les organisateurs de ce festival.
Crédit photo : DR
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3 réponses à “Mamm Douar. Le festival « militant » en grosse difficulté”
Bonjour à tous,
Comme jour férié nous avons déjà Pâques, l’Ascension et l’Assomption, si on y rajoutait Subvention, voire Corruption ?
Deux jours qui résument très bien notre pays avec les bobos, les surnuméraires du tertiaire et autres sangsues non soumis à résultat. Les médiocres : peintres du dimanche (on appelle ça des plasticiens de nos jours..) ou comédiens de kermesses s’y retrouveront représentés aussi bien que par les syndicats minoritaires actuels.
Le problème est que pour créer un jour férié avec des gens qui n’en foutent pas une rame, ça va ne pas être facile à caler !
A quand le jour de la Subvention mes bien chers frères ?
50 000 € , l’argent de nos impôts et taxes, pour nous faire la morale , qu’ils aillent travailler ces saltimbanques au lieu de nous coûter
Oui Mamm Douar n’a aucune subvention, ni sponsor. L’événement est organisé par Ingalañ Kengred, structure spécialement pour amener des financements pour des projets et actions en Bretagne, en Afrique Sahélienne, au Chili. Certaines de ces actions sont pleinement auto-financées, d’autres reçoivent des financements publics. C’est le cas des programmes au Burkina Faso, en partie financés par la Région Bretagne depuis 2009. Cette subvention ne couvre bien sûr pas les besoins de nos programmes. A lire l’article et les commentaires qui suivent, je dois que le sort de l’Afrique Sahélienne vous touche particulière, si ce n’est un souhait de ne pas voir ces étrangers immigrer par ici, manger le beurre des bretons.
Monter Mamm Douar sans subvention est donc une prise de risque pour amener des financements sur des projets de solidarité internationale, et à terme que ceci puisse se passer complètement de subvention. Pour ce faire, il y a des bénévoles et des salarié-e-s qui ne rechignent pas au travail.
Hervé Le Gal, militant breton internationaliste