Circonscription de Carhaix. Troadec pas si impérial que cela …

23/06/2014 – 07H00 Carhaix (Breizh-info.com) –Souvent, le découpage des circonscriptions législatives est bizarre, pour ne pas dire fantaisiste.
C’est le cas de celle de Carhaix-Châteaulin.
Un morceau de Bretagne intérieure (Carhaix) , un second de Bretagne maritime (Camaret et Crozon).
Un assemblage difficile à gérer pour un homme politique aussi typé que Christian Troadec, maire et conseiller général de Carhaix.
Tant qu’on demeure dans le secteur de Carhaix, son leadership apparait indiscutable, mais au fur et à mesure qu’on se rapproche de Crozon, ses scores électoraux s’affaiblissent.
On a pu le vérifier à l’occasion des élections européennes (25 mai). Si sa liste obtient 44,64% à Carhaix, elle doit se contenter de 13,42% à  Crozon et de 13,33% à Camaret.
Des résultats qui, transposés dans une élection législative, ne le mettent pas en position de force.

D’autant plus que si vingt cinq listes participaient à ces élections européennes, on assisterait certainement à un regroupement des candidatures lors d’élections législatives.
La déculottée reçue par les partis de droite et de gauche ne peut que les inciter à rechercher un accord électoral.
Avec un candidat unique dans chaque camp, il y a effectivement moyen de barrer la route au Front National.
De ce fait, la partie n’est pas forcément perdue pour l’actuel député de la circonscription, Richard Ferrand (PS), c’est ce que montre une simulation effectuée à partir des résultats du 25 mai.

Dans les soixante et onze communes de la circonscription, un candidat unique de la gauche aurait totalisé au premier tour 13143 suffrages (32,22%) alors qu’un candidat unique de la droite aurait obtenu 11068 voix (27,16%), Christian Troadec arrivant en troisième position (20,20%, 8239 voix) et le FN quatrième avec 6668 voix (16,34%).
POur le porte-parole des Bonnets rouges, se débarrasser de Richard Ferrand ne sera donc pas chose aisée.

Evidemment, avec une circonscription géographiquement cohérente, centrée sur Carhaix, Christian Troadec réaliserait de meilleurs scores, sans être assuré pour autant, de dépasser un candidat unique de la gauche officielle.
Même si le 25 mai, M. Troadec est arrivée en tête dans 33 communes sur 71 communes et en seconde position dans 12, tandis que le PS se classait premier dans 7 communes, l’UMP dans 3, le FN dans 19, l’UDI-Modem dans une, EELV dans une et le Front de Gauche dans une également.
Dans ce dernier cas, il s’agit de Locmaria-Berrien, vestige d’un ancien communisme rural, comme Scrignac ou le Front de Gauche a terminé second.

Mais les communes qui donnent la préférence à Christian Troadec sont essentiellement de Bretagne intérieur, peu peuplées – exceptions faite de Carhaix. 18 voix à Botmeur, 38 à Ploéven, 33 à Port-Launay, 21 à Bolazec …tandis que la gauche fait le plein dans les grosses communes : Plougastel-Daoulas (1810 voix) , Crozon (938 voix), Carhaix (648 voix), Châteaulin (533 voix) .
Même observation pour la droite : 528 voix à Châteaulin, 1040 à Crozon, 418 à Carhaix, 1661 à Plougastel-Daoulas.

Jérôme Fourquet, directeur du département de l’IFOP, analyse ainsi ce vote en observant les résultats commune par commune :
 » Les voix en en faveur de la liste Troadec se structurent en cercles concentriques autour de Carhaix. Il y a là rencontre d’une histoire et d’une sociologie.
Cette zone a toujours été pauvre, enclavée et frondeuse. C’est là, dans le Poher, qu’a eu lieu la première révolte des Bonnets rouges en 1675 contre de nouvelles taxes.
Puis, c’est dans cette région précocement déchristianisée, orientée à gauche, dans une Bretagne historiquement à droite, que se sont constituées des bastions communistes très solides après l’Occupation. Christian Troadec a construit son succès relatif (il n a fait que 2,7% en Ille et Vilaine et 1,2% en Loire-Atlantique, sur ce substrat psychologique et idéologique. » (Ouest France, 14-15 juin)

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