20/06/2014 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Invité par le Conseil de développement de Nantes métropole du CCO et la revue « Place publique », Jean Ollivro était le 17 juin à Nantes pour parler de la Bretagne du futur. Professeur à l’Université de Rennes 2, ce géographe est aussi président du ‘think thank’ Bretagne prospective consacré aux enjeux du développement local et régional en Bretagne. Pour lui, la réunification est « une évidence et une nécessité ».
Dès le début de son intervention le conférencier place l’enjeu de la réunification de la Bretagne dans une dynamique de projet. Il insiste particulièrement sur la nouvelle dynamique maritime que doit connaître la Bretagne. Celle-ci oublie la mer alors que 71 % de sa superficie est maritime et qu’1/5 du trafic mondial de marchandises passe devant ses côtes. Jean Ollivro rejette d’emblée le statu quo des régions administratives Bretagne et Pays de la Loire dans le projet gouvernemental. Il ne mâche pas ses mots pour condamner la déclaration commune des maires PS de Nantes, Brest et Rennes pour une fusion de ces deux régions : « c’est une trahison, une honte historique, ce sont des coupables… on ne peut attaquer un Pays qui a 1100 ans d’histoire ».
Citant l’exemple de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle), le géographe rappelle qu’il y a plus de 1500 appellations référencées Bretagne alors que seulement 71 font référence aux Pays de Loire. Et, constate-t-il, le sentiment d’appartenance est très présent : 71% des habitants de Loire-Atlantique se sentent bretons. La réalité bretonne est vécue au quotidien, que ce soit dans la culture, la langue – dynamisme des écoles Diwan en 44 – le sport, la toponymie. Il insiste sur le plan entrepreneurial citant l’exemple de « Produit en Bretagne » regroupant 330 entreprises représentant plus de 10 000 emplois et particulièrement dynamique en Loire Atlantique. « Les entreprises jouent la carte de l’unité bretonne pour plus d’efficacité », affirme le géopgraphe, « et le point BZH ça marche ! ».
Quant à la question de la capitale régionale, « c’est un faux problème attisé par les jacobins français ». Nantes et Rennes ont « une formidable complémentarité », il faut construire un partenariat entre ces deux villes, sans oublier Brest. Jean Ollivro dénonce la carence logistique bretonne en matière de transports routiers, ferroviaire ou aériens en Bretagne. Une Bretagne unie aurait pu transcender les égoïsmes urbains, diminuer les coûts et apporter de la cohérence à tous les grands projets.
Répondant au journaliste Thierry Guidet qui menait les débats et se faisait incidemment le défenseur des oligarchies socialistes bretonnes et ligériennes, Ollivro rappelle que le terme « identité », souvent déformé en « repli identitaire » est « un beau mot, moderne ». « Je l’assume, » déclare-t-il, ajoutant « qu’il ne faut pas le laisser qu’aux jacobins qui ont une conception très nationaliste de l’identité française.»Il en est de même, selon lui, du mot « communauté » vite traduit en « communautarisme ».
Aux zélateurs d’une région Ouest, qui vont jusqu’à prétendre récemment qu’elle a un «soc anthropologique» (sic), Jean Ollivro répond « qu’on ne peut transformer une terre de civilisation en un point cardinal. Les éléments d’identité sont cruciaux pour l’avenir », laissant clairement entendre qu’une région « Grand Ouest » n’en a pas.
En conclusion l’intervenant rappelle que le vrai débat oppose toujours les Jacobins et les Girondins, les centralisateurs aux décentralisateurs, les premiers demeurant « toujours imprégnés d’un système de pensée pyramidal ». L’enjeu d’une Bretagne forte dépasse le simple cadre régional, il n’est pas, selon lui, antinomique d’une France forte. A l’instar de l’Europe, l’unité bretonne se réalisera, affirme Ollivro, en réalisant des opérations très concrètes entraînant une unité de fait.
Qu’ils soient historiques, économiques ou stratégiques tous les arguments avancés par le conférencier mènent au même constat : la réunification de la Bretagne est à la fois une évidence et une nécessité. L’auditoire du Centre de Communication de « l’ouest » l’avait bien compris.
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