Tout le monde a entendu parler d’une des dernières perles de notre techno-Etat, à savoir la fameuse dimension de nos nouveaux trains qui sont trop larges pour nos quais.
La SNCF a commandé les bons trains, RFF avait les bons quais, il y a juste un idiot qui n’a pas eu l’idée de vérifier la compatibilité ne serait-ce qu’avec un modeste mètre-ruban.
Cela veut dire qu’en France, on peut faire n’importe quoi sans que personne ne vérifie, les responsables politiques étant trop occupés à faire les plateaux télés et les poches des contribuables tout en sauvant la France de la montée du racisme, de la pauvreté, du chômage et du danger fasciste (Front National pour les sourds et malentendants);
Heureusement, pour faire marcher la baraque, il y a l’Elite de la Nation, les hauts-hauts fonctionnaires qui restent quand les ministres trépassent (seulement électoralement).
Mais là, c’est trop gros, même Royal la tricoteuse demande que des têtes tombent, le président de l’Association des régions françaises tonne qu’il ne paiera pas, on découvre à l’occasion un certain Cuvellier, secrétaire d’Etat au Transport, qui n’était au courant de rien.
Sans sourciller, Pepy de la SNCF et Rapoport de RFF déclarent que ce n’est rien, qu’on va raboter les 1200 quais pour les 341 gros culs, juste pour 50 à 80 millions d’euros.
Ils ont raison, c’est rien comparé à leurs endettements respectifs : 32 milliards pour RFF, 7,2 mds pour SCNF ( 33,8mds CA) .
Au passage, n’oublions pas la discrète SAAD (Société pour l’Aménagement de l’Amortissement de la Dette) dans les 8 mds, difficile de trouver le chiffre.
Et un peu d’histoire: après la guerre 39-45, les communistes représentent 25 %de l’électorat et entendent prendre le pouvoir.
Ils entreprennent de noyauter ou diriger les secteurs sensibles , tels les médias par la distribution monopolistique du Syndicat du Livre, ou les transports, en attendant le grand soir. Les camionneurs leur échappent, pas la SNCF qui va devenir leur chose.
La faiblesse de l’Etat et les si fameuses grèves vont conforter cette situation, qui va perdurer jusqu’au jour d’hui, malgré la chute du Mur et du PCF.
Les cheminots ont obtenus des condition spécifiques salariales, de retraite, de travail, de santé souvent décrites et décriées par la Cour des comptes, la lutte des classes s’est perpétuée avec les luttes d’influences entre ingénieurs en blouse blanche et prolétaires en bleu de travail.
Avec un consensus: chacun foutait la paix à l’autre.
Ainsi, les ingénieurs créaient les machines de leur rêve, les cheminots les conduisaient, tous sans aucun souci de rendement ou de rentabilité, service public dispensé.
Ainsi Lefloch-Prigent entend avec stupeur son contrôleur de billet lui dire » C’est bien ce soir, il n’y a personne« .
Cette gabegie entraîne un endettement phénoménal aux frais des contribuables soumis au diktat des grèves capricieuses. Pas de problème, petit tour de passe-passe: on garde la SNCF, on crée RFF qui a en charge le réseau… et la dette!
Comme cela ne suffit pas, on rajoute la SAAD qui en reprend une partie à son tour. Plus de dette pour la SNCF qui parle de profits, et retombe de suite dans ses travers, dette et re-dette.
Et aujourd’hui, cet état au coeur de l’Etat farouchement opposé à la libre concurrence continue ses échecs sans la moindre intention de se remettre en question: ainsi, gagez que Pepy, énarque et sciences po à la longue carrière trans-partis restera, et que Rapoport, ex-métro, ex-postier, énarque et inspecteur des finances restera. Devinette: qui paiera?
Comme il fallait s’y attendre, Guillaume Pépy-le- Magnifique déclare qu’il n’y a eu aucune erreur, que ce sont les quais qui sont trop vieux et de traviolle, que ce n’est pas à un quai de décider de la largeur du train et , « ultima ratio regum »,:
» Bien sûr que non, ils ne sont pas trop larges. Pour une raison simple : ils ont été homologués par l’Etat, l’établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), le 23 février. « . Les quais ont tort parce que l’Etat ne peut pas se tromper.
On peut en conclure que la Bretagne est aussi trop large pour aller avec la Loire-Atlantique. On comprend alors mieux le raisonnement du chef de gare qui a joué avec son p’tit circuit le lundi pour décider le mardi la Grande Réforme, et toutes les possibilités de déraillement que l’on peut craindre.
Pour finir, en tant que Breton, j’avouerai une certaine tendresse pour les cheminots d’Auray à l’origine de la Kévrenn Alré ou de ceux de Carhaix dès 1947. Et pour mon cousin Jean, d’Auray, conducteur victime d’un retour de flamme en 1937, cheminot dans l’âme, socialiste et anti-communiste toute sa vie.
René Le Honzec
