Les éditions du Lore ont publié au mois d’avril un livre de Robert Steuckers, intellectuel issu de la mouvance du GRECE (Groupement d’étude et de recherche sur la civilisation Européenne) et animateur du blog euro-synergies. Ce livre « la révolution conservatrice allemande » traite d’une période peu connue de l’histoire de l’Allemagne et d’un courant qui a incarné un véritable laboratoire d’idées au début du 20ème siècle.
L’ouvrage est à la fois la reprise de nombreux textes de Robert Steuckers sur le sujet et des biographies des principaux acteurs et théoriciens de cette révolution conservatrice allemande, comme Ernst Jünger, Carl Schmitt, Oswald Spengler ou encore Arthur Moeller van den Bruck.
Née entre autres de la défaite et de l’humiliation allemande de 1918 et du traité de Versailles, la » révolution conservatrice allemande » voulait faire émerger un nouveau modèle de société civile en Allemagne, une sorte de troisième voie prônant à la fois révolution sociale et nationale.
Trois tendances principales avec de nombreuses nuances se sont démarquées au sein de cette » révolution. Celle dite « Völkisch » défendait une vision à la fois historique et ethnique. Celle du courant jeune conservateur » voulait en priorité étendre le concept de fédéralisme à toute l’Europe. Enfin le courant » national-révolutionnaire » mené par Ernst Jünger sur sa droite et par Ernst Niekisch (national-bolchevique) sur sa gauche, sera le plus virulent dans son opposition à l’encontre de la République de Weimar et du système politique en place.
Voilà comment Robert Steuckers définit la révolution conservatrice :
Lorsque le terme “Révolution conservatrice” est utilisé en Europe continentale, c’est, le plus généralement, dans le sens que lui a conféré Armin Mohler dans son célèbre ouvrage Die konservative Revolution in Deutschland 1918-1932. Mohler a dressé le long inventaire des auteurs allemands qui rejetaient les pseudo-valeurs de 1789 (rejetées en Grande-Bretagne par Edmund Burke qui les qualifiait de blue prints, équivalent du terme français images d’Épinal), qui mettaient l’accent sur le rôle de la germanité dans l’évolution de la pensée européenne et qui avaient reçu l’influence de Nietzsche. Mohler a un peu évité les « conservateurs » purement religieux, qu’ils soient catholiques ou protestants.
Pour Mohler, la principale caractéristiques de la “Révolution conservatrice” est une vision non-linéaire de l’histoire. Mais il ne reprend pas purement et simplement à son compte la vision cyclique du traditionalisme. A la suite de Nietzsche, Mohler croit en une conception sphérique de l’histoire. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que l’histoire n’est ni la simple répétition des mêmes linéaments à intervalles réguliers ni une voie linéaire conduisant au bonheur, à la fin de l’histoire, au Paradis sur la Terre, à la félicité, etc. mais est une sphère qui peut évoluer (ou être poussée) dans n’importe quelle direction selon l’impulsion qu’elle reçoit de fortes personnalités charismatiques.
De telles personnalités charismatiques imposent une courbe à la course de l’histoire et la poussent vers des chemins toujours particuliers, qui n’ont jamais été prévus ou prédits par une providence de quel qu’ordre que ce soit. Mohler dans ce sens ne croit jamais aux recettes ou doctrines politiques universalistes mais toujours aux tendances qui émanent du particulier ou de personnes concrètes. Comme Jünger, il veut combattre tout ce qui est « général » et apporter son soutien à tout ce qui est « particulier ». Ensuite, Mohler exprime sa vision des particularités dynamiques en utilisant une terminologie quelque peu maladroite, en l’occurrence en usant (et en abusant) du terme « nominalisme ». Pour lui, le « nominalisme » était le terme philosophique exprimant au mieux la volonté des fortes personnalités de tailler pour elles-mêmes et pour leurs successeurs une voie originale et jamais empruntée dans la jungle de l’existence.
Les principales figures de cette « Révolution conservatrice » ont été Spengler, Moeller van den Bruck et Ernst Jünger (de même que son frère Friedrich-Georg). Nous pouvons ajouter à ce triumvirat Ludwig Klages et Ernst Niekisch. Carl Schmitt, en tant que juriste et constitutionaliste catholique, représente un autre aspect important de cette “Révolution conservatrice ».
Ce livre est fondamental pour qui veut comprendre la révolution conservatrice allemande. L’auteur a en effet traduit de nombreux textes de l’Allemand afin de permettre au lecteur français de mieux appréhender cette période de l’histoire, si riche en terme d’idées, notamment en Allemagne.
La révolution conservatrice allemande – Robert Steuckers – la diffusion du lore – 28€
Photo : DR
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