Elle avait dansé nue sur l’autel d’une chapelle : le parquet demande la relaxe

21/05/2014 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Une danseuse-chorégraphe bretonne, comparaissait lundi devant de tribunal correctionnel de Nantes pour avoir dansé nue sur l’autel de la chapelle Saint-Pierre à Mahalon (Finistère), en juillet 2009. Poursuivie pour  injures publiques , Corinne Duval se voit réclamer un euro de dommages et intérêts par  Croyances et libertés, une association créée par l’épiscopat français. Le parquet a demandé la relaxe.

Les faits remontent à juillet 2009. Pour l’inauguration du festival Arts à la pointe, qui se déroulait dans une dizaine d’églises et de chapelles du cap Sizun – prêtées par l’évêché apparemment sans contrôle de leur utilisation -, la chapelle Saint-Pierre de Mahalon avait été « décorée » avec des barbelés, des caméras de surveillance et un « check point » plus vrai que nature. Il est vrai que le thème du spectacle portait sur  « l’enfermement ».

Probablement par souci de réalisme artistique, les deux cents invités – qui ignoraient la teneur du spectacle, tout comme d’ailleurs les organisateurs – auraient  d’ailleurs été enfermés dans la chapelle, dont les portes avaient été verrouillées à l’aide de cadenas (ce qui est contraire aux règles de sécurité les plus élémentaires). Quelle ne fut donc pas leur surprise – et leur colère – de voir madame Duval se déshabiller et évoluer dans le plus simple appareil, en compagnie d’un danseur, sur l’autel de la chapelle.

A l’audience de lundi, la prévenue a fait valoir qu’elle estimait qu’elle était libre de se produire comme elle l’entendait. « Pour moi, c’était très clair que j’évoluais dans un cadre strictement artistique.» Son avocate plaide que cette mère de famille « de religion catholique », n’a voulu choquer personne et qu’elle n’a été guidée que par son « art ». L’autel ? Pour elle, il s’agissait d’une simple table, d’un élément du décor.

« Il y a là la transgression d’un interdit qui est vraiment fondamental» soutient de son côté l’avocat de l’épiscopat. Pour lui l’injure réside dans le fait de danser nue sur un autel – « quelque chose de sacré pour les catholiques » – et demande un euro symbolique de dommages et intérêts, en réparation du préjudice moral subi par la communauté catholique.

Dans son réquisitoire le représentant du parquet, après avoir admis que cette affaire relève incontestablement du blasphème  – « c’est un outrage à l’Eglise, à la divinité, au sacré. Quel est le message que cette danseuse nue a voulu délivrer ? Elle a voulu choquer, au minimum, son auditoire.» – a estimé par contre que la qualification d’« injures publiques » ne peut être retenue « faute d’éléments suffisants ». Et comme le délit de «blasphème» n’existe plus depuis 1881, il demande la relaxe de la prévenue. Délibéré le 7 juillet.

Photos : DR
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