Réalisé par Yves Boisset,« Le prix du danger », sorti sur les écrans en 1982, raconte l’histoire d’une émission de télé-réalité dans laquelle un homme doit , sur un temps imparti, relier un point A à un point B en évitant plusieurs hommes armés lancés à sa poursuite dans le but de l’éliminer physiquement. François Jacquemard, interprété par l’excellent Gérard Lanvin, se porte candidat et va rapidement réaliser que tout est truqué et que sa mort est programmée …
Véritable attaque contre la télé-poubelle et ses dérives – avant même sa création , ce film est ainsi profondément visionnaire. Il dénonce une société où l’homme ne représente plus rien face au pouvoir de l’argent et de la télévision. Une société ou le spectateur, c’est à dire la masse populaire (sinon comment expliquer les audiences titanesques rencontrées par les émissions de tv-réalité ces dernières années) accepte de devenir esclave d’un jeu, véritable pion au service d’intérêts financiers et politiques – dans le film, l’émission est présentée par ses promoteurs comme étant « de salut public » pour faire baisser la délinquance .
Un jeu qui trouve dans son présentateur, exceptionnellement interprété par Michel Piccoli, le relais ludique, démagogique et totalement excentrique entre la société de production et le public. Un présentateur qui peut passer en quelques secondes des larmes de crocodiles lorsqu’un des candidats se tue aux commandes d’un avion qui tombe à pic, au rire et à la joie en se rendant aux côtés du candidat vainqueur de l’émission.
Ce film préfigurait déjà dans les années 80 ce que deviendrait la société du spectacle imposée par des lobbys américains avec la bénédiction des enfants de Mai68, cette société qui a vu naître Loft Story, puis la Star Academy, puis Koh Lanta (dans lequel un des participants est mort pendant le tournage, une mort qui a été grassement indemnisée par la société de production), et dont on se demande si elle ne pourrait pas, un jour, accoucher d’une émission comme « le prix du danger ».
En effet, aux yeux des dirigeants de ces sociétés de production, tout semble possible, les limites ne semblant plus exister sous le poids de l’argent et de l’appât du gain. Au delà du pouvoir de ces décideurs, c’est également de l’asservissement volontaire et de l’acceptation de l’inacceptable par la masse populaire que traite ce film, qui gagnerait – plus que d’autres initiatives actuellement « à la mode » – à être diffuser dans de nombreux collèges et lycées.
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Photos : DR
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