11/05/2014 – 08H00 Quimper (Breizh-info.com) – Dans un entretien accordé à Ouest-France (08/05/2014), Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère (PS) et président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, fait part de sa crainte de voir la Bretagne redécoupée comme le fut l’Afrique par les puissances impériales à la fin du XIXème siècle. Une comparaison audacieuse fondée sur ce qu’il appelle « la réalité géographique, culturelle et historique ».
Interrogé sur la perspective d’une région « grand ouest », l’élu finistérien affirme que la Bretagne a aujourd’hui « une opportunité historique, au sens propre du terme ». Selon lui « il n’y a rien de plus inopportun que de dissoudre la Bretagne dans un « grand ouest » informe. Je ne crois pas plus à la vision Ouest Atlantique. Ce n’est qu’un découpage administratif qui n’aurait pas plus de sens que ceux que les puissances impériales firent en figeant certaines frontières en Afrique. Il y a en Bretagne une réalité géographique, historique, culturelle : pourquoi imaginer autre chose ? »
C’est lors de la conférence qui s’est tenue en 1885 à Berlin, que les frontières qui délimitent la cinquantaine d’Etats africains ont pour la plupart été tracées, créant des nations où il n’en existait pas. Participaient à cette conférence l’Empire allemand, l’Empire austro-hongrois, la Belgique, le Danemark, l’Empire ottoman, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède-Norvège et les États-Unis. Les frontières furent décidées par ces pays en fonction de leurs intérêts de l’époque. Par la suite, d’autres – comme celles de la Mauritanie – furent tracées à la hâte à la veille de la décolonisation.
Dans un interview publié sur le site Atlantico, Bernard Lugan rappelle que « bien des frontières africaines tracées en Europe à partir de cartes imprécises et parfois fausses, reposent comme le disait le gouverneur Hubert Deschamps sur « une abstraction géométrique ne tenant aucun compte des peuples » ». Avec, pour conséquence, les conflits à répétition que connait, depuis la décolonisation, ce continent.
Cet historien, spécialiste de l’Afrique, constate en effet que « des peuples différents sont prisonniers d’Etats artificiels à l’intérieur desquels les plus nombreux sont démocratiquement assurés de détenir le pouvoir. Dans ces conditions, comment faire pour que les minoritaires ne soient pas colonisés par les majoritaires ? La réponse est simple : remplacer le suffrage universel individualiste basé sur le « one man, one vote », par le vote de groupe. Or, comme aucun peuple majoritaire n’acceptera de renoncer à son avantage démographique, l’Afrique continuera donc à connaître des évènements dramatiques comme au Mali, au Rwanda, en Côte d’Ivoire, en République Centrafricaine (RCA), au Liberia, en Sierra Leone, en RDC et partout ailleurs car le réel africain qui est ethnique, donc communautaire, ne fait pas bon ménage avec la démocratie individualiste proposée comme modèle universel par les Européens. »
Si la situation française est évidemment sans commune mesure avec celle que connait aujourd’hui une partie du continent africain, le rapprochement opéré par Jean-Jacques Urvoas, pour audacieux qu’il soit, n’en est pas moins significatif. Qu’un membre éminent du PS affirme aujourd’hui que « la réalité géographique, historique, culturelle » est primordiale pour délimiter des frontières témoigne d’une prise de conscience fort éloignée de la doxa libérale-mondialiste chère au PS. Trop « identitaire », la position du député breton a donc peu de chance de trouver un écho favorable auprès de ses collègues.
Photo : Philippe Grangeaud / Solfé Communications (cc)
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3 réponses à “Jean-Jacques Urvoas craint que la Bretagne soit redécoupée comme l’Afrique le fut au XIXème siècle”
Lui-même y croit-il vraiment ?? Il semble plus raisonnable de penser qu’il ne s’agit là que d’une manœuvre politique à la veille des européennes et pour laquelle monsieur Urvoas a été désigné comme maître d’œuvre …
Comme les socialos sont les maitres de la démagogie;de la fourberie;c’est donc un non-evenement.
C’est ce même Jacques URVOAS qui ignorait où se trouve MAYOTTE lors de la départementalisation de cette île ? Qui nous donne maintenant un cours magistral sur l’Afrique ? et qui nous parle de « réalité géographique, historique, culturelle » ?