Pourquoi Auxiette préfère le Grand Ouest au Grand Val de Loire

26/02/2014 ‑ 09H00 Nantes (Breizh-info.com) – Le président des Pays de Loire Jacques Auxiette refuse le redécoupage de sa région. Mordicus. Il n’est pas le seul. Jean-Paul Bachy, autre président d’une région bricolée au mépris de l’histoire et des réalités socio-économiques, la Champagne-Ardennes, est lui aussi contre tout redécoupage régional… dans le cadre duquel sa région devrait (enfin) disparaître.

Jacques Auxiette, si sa région doit fusionner avec une autre, milite pour une grande région Ouest, réunissant au moins la Bretagne et les Pays de Loire, éventuellement augmentée du Poitou ou de la Basse-Normandie. Cette option est aussi défendue par plusieurs élus de la droite de sensibilité fillonistes – tels que Laurence Garnier, François Pinte – ou sarkozyste (Franck Louvrier) qui ont en commun de n’avoir jamais su aimer et comprendre la Loire-Atlantique où ils ont été parachutés. Et s’ils ne se sont pas choisi des fiefs bien douillets comme Louvrier à la Baule, ils ont perdu tout ce que la droite pouvait perdre.

Ligériose obsessionnelle

Pourtant, ces dernières années, les Pays de Loire se sont surtout plus rapprochés de la région Centre que de la Bretagne administrative ou du Poitou. Et bien sûr ils ont imposé ces évolutions à la Loire-Atlantique bretonne : ainsi, les vins bretons ont été obligés de se nommer  « vins du Val de Loire », au détriment de la visibilité commerciale la plus élémentaire,  et une marque Val de Loire a été créée par les deux régions avec le soutien de l’Etat  pour mener le Val de Loire du Loiret jusqu’à Saint-Nazaire. En violation délibérée du périmètre protégé par l’UNESCO (Sully sur Loire – Chalonnes) et bien sûr de l’identité bretonne. On peut aussi citer d’autres collaborations plus anecdotiques, comme les itinéraires cyclables le long de la Loire (la Loire à vélo) ou encore le maintien du train Interloire qui relie Nantes à Orléans sans rupture de charge à Tours (ou Saint-Pierre des Corps) – à la limite des deux régions – comme il serait logique pour un train express régional.

Enfin il y a bien sûr le fait que la politique identitaire, touristique et commerciale de la région Pays de Loire tourne autour de la Loire – qui ne coule que dans deux départements sur cinq. Dans le Centre, c’est à peu près la même obsession, bien que là encore la Loire ne coule que dans trois départements sur sept, et limite le Cher à l’est. Résultat : une pelletée d’absurdités. Par exemple, dans les vins du Val de Loire, on trouve les vins du Haut Poitou, situés à 100 km du cours de la Loire. Et dans les Cidres de Loire – encore une marque territoriale parrainée par le Conseil régional, il y a les cidres Kerisac, bien qu’il y ait 30 km entre Guenrouët et la Loire devant Lavau, et surtout plusieurs producteurs mayennais et sarthois – dans le Maine donc, bien que près de 100 km séparent ces producteurs du cours de la Loire. Enfin, dernière absurdité mais pas la moindre : selon les Pays de Loire, les habitants de Loire-Atlantique s’appellent les Ligériens. Pas de chance ! c’est déjà le nom des habitants de la Loire (42) autour de Saint-Etienne. Qui ne saute pas est pour l’OL !

Question capitale

Cependant une fusion avec le Centre entraînerait un gros problème. Un problème capital. Dans une grande région qui aille de Nantes jusqu’à Orléans, avec Bourges et Tours, il est peu probable que Nantes reste capitale. Trop excentrée. La même question se pose à Orléans – pour les mêmes raisons. Tours est centrale, c’est un nœud ferroviaire et routier important, ce sera elle la nouvelle capitale.

Ce qui pose déjà des soucis à Orléans : le nouveau bâtiment du conseil régional , en plein centre ville (îlot Calvin), sera-t-il vide à peine fini ? Où irons les hauts – et moins hauts – fonctionnaires et leur pouvoir d’achat ? Et surtout bien que ce soit la position d’Orléans – à 100 km de Paris – son bassin de vie, son campus universitaire, ses grosses implantations scientifiques (BRGM, Pharma Valley, Servier…) ou logistiques (Norbert Dentressangle, Deret, Kuehne+Nagel, Wincanton, Amazon) qui lui donne des atouts économiques propres à séduire de grosses entreprises, le titre tout à fait honorifique de « capitale régionale » donne de la gloire à ses élus, et c’est irremplaçable. Un Auxiette, élu de la Vendée, originaire de l’Indre et qui a fait ses études en Auvergne, n’en a pas grand-chose à faire d’aller sièger à Tours plutôt qu’à Nantes. Mais à Tours la place est prise – tant à gauche qu’à droite, et pour déloger ces notables, il faudra aux socialistes régionaux y aller à l’arme blanche.

En revanche, Nantes capitale dans un Grand Ouest, ça reste jouable. Même si la ville est excentrée – surtout si la fusion englobe la Basse Normandie, Nantes-Sant-Nazaire est le premier ensemble économique, portuaire, industriel, scientifique, urbain. La porte d’entrée et le débouché naturel des produits régionaux. La grande ville. La capitale naturelle, en somme. Et à Nantes la place est toute chaude. C’est au nom d’un douillet rond-de-cuir que les oligarques des Pays de Loire veulent dissoudre la Bretagne dans le « grand Ouest’. Et la Loire-Atlantique continuera à payer pour la Vendée, le Maine-et-Loire, la Sarthe, la Mayenne… et pourquoi pas pour quelques départements ruraux poitevins et normands.

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2 réponses à “Pourquoi Auxiette préfère le Grand Ouest au Grand Val de Loire”

  1. pschitt dit :

    Parmi les victimes du ligérisme, aux côtés du tourisme et des vins et autres produits de terroir, il faudrait mentionner l’université. Beaucoup d’universitaires nantais travaillent en liaison avec leurs collègues de Rennes ou Brest, mais la région des Pays de la Loire s’obstine à tenter de faire vivre un axe Nantes-Angers-Le Mans dépourvu de visibilité internationale. Elle maintient ses propres universitaires dans l’obscurité, alors qu’une université bretonne réunifiée formerait un ensemble majeur.

  2. Granville dit :

    Un article indiscutablement objectif… Quelques départements ruraux de Normandie? La bretagne est une foutue région rurale le Finistère , le Morbihan pire les côte d’Armor. Un petit tour dans le 35 enlevez Rennes et St mâlo et vous vous retrouvez avec une campagne qui mérite sans problème le qualificatif de profonde. Vous avez réussi à garder votre identité car vous étiez enclavé et quelque peut à la ramasse tant mieux pour vous. Mais si votre culture ne sait pas se maintenir sous prétexte d’un élargissement régional alors elle ne vaut rien. Un Grand ouest Basse Normandie Bretagne Loire-Atlantique serait une région économiquement et géographiquement intéressante. La basse normandie (son coté occidental du moins ) et bien plus porche de vous sur un plan sociologique que les pays de la Loire. Et qu’on soit pour ou contre il faut faire avec l’Europe et croyez moi une telle région aura un poids important. J’aime aussi ma région (sud manche) j’ai en moi se folklore de rivalité Normando Bretonne mais je sais aussi que pour nos deux régions une fusion est un plus et n’enlèvera rien à l’identité bretonne qui selon vos écrit est en danger imminent.

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