21/04/2014 – 13H00 Nantes (Breizh-info.com) – Samedi 19 avril, près de 10.000 personnes manifestaient dans les rues du centre-ville nantais pour réclamer la réunification bretonne. Galvanisée par le mouvement des Bonnets rouges et les annonces de réforme territoriale par Manuel Valls, la manifestation, populaire, pleine de bonnets rouges et de drapeaux bretons, s’est déroulée dans le plus grand calme. Elle était précédée le matin d’un débat en présence de notables et parlementaires bretons.
Celui-ci a eu lieu à la gare de l’Etat dans une salle bondée, avec plus de 250 auditeurs. On notait la présence, aux côtés des leaders des Bonnets rouges Christian Troadec et Thierry Merret, celle de Marc le Fur, député UMP de Côtes d’Armor, de Paul Molac, député UDB du Morbihan, de Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique, de François de Rugy, député EELV de Nantes, de Romain Pasquier, politologue ou encore du géographe Jean Ollivro, sans oublier bien sûr les chefs de file de Bretagne Réunie, organisatrice de la manifestation et du débat. Et l’ex-président du conseil général de Loire-Atlantique Patrick Mareschal (PS).
Particulièrement remarquée fut la présence au débat de Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère et président de la commission des lois. Ce socialiste de longue date, proche de Manuel Valls, a fait sensation avec sa proposition d’Assemblée bretonne, qui implique si elle aboutit un changement radical de gouvernance au sein de l’Etat français et le début de la fin du jacobinisme territorial et politique.
Une Bretagne réunie : plus forte, plus maritime
Le débat s’est d’abord porté sur les freins et les blocages de la réunification, puis ses atouts, sous forme de deux tables rondes successives où les personnalités politiques et scientifiques présentes s’exprimaient à tour de rôle. Jean Ollivro a rappelé que « la Bretagne existe encore sur le plan culturel », mais la séparation d’avec la Loire-Atlantique se traduit par un saccage des potentiels universitaires, de transport et surtout maritimes : « Nous sommes un quai naturel posé sur l’océan, on n’en fait rien, le trafic de Nantes-Saint-Nazaire est consacré à 71% aux importations alors que 20% du trafic maritime mondial passe devant les côtes bretonnes ». Passe, et ne s’arrête pas. L’absence de réunification, c’est aussi un déséquilibre de la Bretagne vers l’est, vers les métropoles de Nantes et de Rennes, et le déclin progressif du centre Bretagne.
Que gagnera la Bretagne à la réunification ? « C’est la seule à pouvoir faire bouger Paris, on le voit d’ailleurs avec l’écotaxe ». Ou l’aéroport de Nantes. « Unis, nous pourrons négocier avec Paris et promouvoir notre différence, tourner à nouveau la Bretagne vers la mer et gagner tant en compétences qu’en économies ». Plaidant pour des appellations claires, le géographe a clamé que « l’Ouest, il y en a des milliers dans le monde. On ne peut pas remplacer une civilisation par un point cardinal ».
Marc le Fur : « Qui parle pour la Bretagne ? Personne »
Le député des Côtes d’Armor, engagé depuis des années pour la réunification, s’est lui aussi exprimé. Fustigeant notamment le pacte de responsabilité proposé par le gouvernement : «On s’est fait balader. Le pouvoir central multiplie les interlocuteurs et reste seul décideur. Qui parle pour la Bretagne ? Personne ». Suscitant une ovation dans la salle, il a mentionné les opposants à la réunification essentiellement socialistes : « MM. Maille, Tourenne, Auxiette ne sont plus dans l’Histoire. Ils sont dans la Préhistoire ». On peut en dire autant de M. Fillon. Attaché à la défense des villes moyennes, ce « bocage urbain », il a plaidé pour une Bretagne unie efficace en termes de coûts, où les doublons seraient supprimés et les villes encouragées à travailler ensemble plutôt que de s’écraser les unes les autres.
Ronan le Dantec et Paul Molac : « Des difficultés importances subsistent »
Tranchant avec le ton optimiste, voire lyrique, des participants au débat, l’écologiste Ronan le Dantec s’est appesanti sur les difficultés réelles, qui freinent la réunification. « Nous sommes peu nombreux à nous battre pour la réunification, notamment en Loire-Atlantique », remarque le parlementaire pour lequel cependant « l’opposition des milieux d’affaires de Nantes et de Rennes, à l’origine de la partition – une capitale économique pour chacun – peut maintenant être dépassée ». Il a aussi mentionné toute la particularité de la situation : « Nous sommes à fronts renversés. D’habitude, nous nous opposons au gouvernement central, alors que là il est le plus prêt à bouger dans notre sens ».
Appelant à sortir des paresses intellectuelles bretonnes et d’un triomphalisme encore mal venu, il demande à ce que soit lancé le débat public, tant en Loire-Atlantique que dans les autres départements des Pays de Loire. S’ils sont réticents à laisser filer la poule aux œufs d’or nantaise, c’est encore dans l’état des choses législatif actuel la Loire-Atlantique qui doit convaincre les autres départements des Pays de Loire qu’elle peut, et doit partir. Sauf en cas de redécoupage territorial imposé. C’est aussi ce qu’a défendu le député Paul Molac, pour qui « il faut rassurer les mayennais, convaincre les opposants ou s’arranger pour qu’ils ne puissent plus nuire… politiquement et économiquement ». Comme un certain ex-premier ministre nantais.
La réunification à un tournant historique ?
Les partisans de la réunification ont-ils raison d’être optimistes ? La réforme territoriale annoncée par Manuel Valls ouvre, selon eux, une nouvelle forme de gouvernance française. Rien de moins qu’un retour possible vers les entités historiques, une rupture radicale avec la doctrine jacobine. Jean-Jacques Urvoas a bien souligné toute l’importance du moment : « c’est très rare que je défile, sauf pour de grands moments, c’est le cas aujourd’hui ».
Pourtant, des différences subsistent sur la vision que chacun a de la Bretagne. Centrée sur Nantes, Rennes et Brest ? Maritime et développée sur ses façades océaniques, pour Ollivro ? Défenderesse de son « bocage urbain » pour Marc Le Fur ? Ou encore engagée dans la « mise en sommeil progressive des conseils généraux, pour des compétences partagées entre la région et les communautés de pays centrées sur les bassins de vie », comme le plaide le député fougerais Thierry Benoît ?
Certes, « nous ne sommes plus dans les grandes heures du CELIB », a dit Ronan Dantec qui note aussi des tensions importantes entre les différentes visions de l’avenir breton – « chacun voit la Bretagne à sa porte ». Mais aujourd’hui, la Bretagne semble reprendre le processus engagé par De Gaulle en 1969, et contre lequel « tous les conservatismes s’étaient ligués pour faire prendre à la France 40 ans de retard ». D’aucuns font remarquer qu’après la réforme territoriale italienne – bouclée en cinq semaines – la France est la remorque de l’Europe.
Marée de drapeaux bretons et de bonnets rouges dans les rues de Nantes
A partir de 15h, la manifestation a déferlé dans le centre-ville nantais, partant et revenant de la place Bretagne, sous la fameuse tour éponyme. Dans le plus grand calme malgré la présence de militants d’extrême-gauche qui se sont contentés de faire le show avec des fumigènes jaunes et oranges, la manifestation a parcouru le centre-ville nantais, mettant Nantes aux couleurs d’une Bretagne unie. Noire, blanche et un peu rouge – beaucoup de bonnets rouges avaient fait le déplacement des quatre coins de la Bretagne.
De nombreux Nantais étaient à leurs fenêtres ou dans les rues – samedi après-midi d’un long congé – pour regarder – avec une sympathie certaine – passer la manifestation. Indiscutablement celle-ci aura été un grand succès. Le résultat, pour Jean-François Le Bihan, président de Bretagne réunie, d’un « engagement constant, de mobilisations annuelles, d’un travail de sensibilisation des populations, des élus et des décideurs qui continue ». Mais aussi de l’engouement suscité par le mouvement des Bonnets rouges, initiative au-delà de l’Emsav et de ses mille clivages, et qui a relancé la cause bretonne.
« Dans une Bretagne réunie, Nantes ne sera pas seulement une petite ville parmi tant d’autres dans l’Ouest… européen ou l’est de l’Atlantique » rappellent les partisans de la réunification qui manifesteront à nouveau le 13 mai : pour la session où le conseil régional des Pays de Loire va affirmer son opposition à son démantèlement et à la réunification bretonne. Pour eux, le combat continue…
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Une réponse à “Manifestation pour la réunification à Nantes : une incontestable réussite”
Pour une Bretagne réunifiée dès le 13 Mai 2014 devant « le palais régional des Pays de la Loire » à Nantes/ Naoned . Comment , le Conseil régional des Pays de La Loire Peut-il décider de l’avenir des Breton(ne)s et singulièrement de » L’unité de La Bretagne » . De quel Droit une région qui n’existe que sur les papiers de technocrates parisiens peut-elle décider pour 4,7 millions De Breton(ne)s ???
Mr Auxiette Jacques ferait bien de s’interroger sur un système et une région dont le devenir est désormais certain Mr Auxiette « Les Pays de la Loire sonts morts » car les Bretons n’accepteront jamais la partition actuelle issue du Régime de Vichy Décret n° 2727 du 30Juin 1941 . N’importe quelle personne éduquée peut rechercher dans quelque manuelle d’histoire ou de géographie humaine l’existence des pays de la Loire et il s’appercevra que ni au Moyen Age, , ni sous L’Ancien Régime , ni à la veille de la seconde guerre mondiale , celle-ci apparaissait sur un document . Assurément son appellation date de cette époque infame , elle a malheureusement inspirée les technocrates parisiens qui ont crées les Car régionaux en 1959 et les Etablissements publics régionaux en 1972 , comment peut-on faire perdurer cette abjection en 2014 .
Les PAYS DE lLOIRE dans le cadre de la réforme voulue par le Gouvernement Valls doivent etre dissous et une nouvelle organisation territoriale doit se faire avec l’assentiment de la population bretonne qui revendique ce fait pacifiquement mais déterminée Pour une « Bretagne unie » !