18/04/2014 – 07H00 Bretagne (Breizh-info.com) –A peine les élections municipales sont t-elles terminées que les dirigeants des partis se préoccupent du prochain match : les européennes du 25 mai. La loi du 11 avril 2003 a crée huit circonscriptions interrégionales, censées assurer une plus grande proximité (?) entre les électeurs et leurs élus.
Cette invention de Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, avait en réalité pour objectif d’affaiblir le Front National dont le pouvoir se méfiait particulièrement après la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002.
L’ancien système – une circonscription unique – favorisait en effet les petites formations. Donc pas question d’y revenir.
Ce découpage a donné naissance à une inter-région dénommée « Ouest » qui regroupe la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et la région Poitou-Charente, avec neuf députés européens désignés à la représentation proportionnelle.
Ici et là, on s’active en ce moment pour monter les listes. Sur celle d’Europe-Ecologie les Verts, on trouve Julien Durand, 67 ans, paysan à la retraite et leader de l’ACIPA, l’association qui lutte contre le projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Militant de la Confédération Paysanne, M. Durand entretient une incontestable proximité avec les écologistes. On peut ajouter qu’EELV apparait comme le seul soutien politique des opposants au projet.
Mais veillant toujours à ne pas trop en faire, François de Rugy et Ronan Dantec se contentent d’effectuer le service minimum .
Il leur est impossible en effet d’oublier que leur réélection au Parlement dépend en grande partie de la bienveillance de leurs « alliés » socialistes. Le premier a même pour suppléant Pascal Bolo (PS), premier adjoint au maire de la Ville de Nantes.
Quant au second, il figure en position éligible sur la liste concoctée par le PS pour les sénatoriales. « Je serais en position non-éligible. EELV nous a épaulé depuis le début sans réserve. L’action politique est, avec l’action citoyenne et juridique, l’un des trois piliers de notre combat » explique Julien Durand.
Ce sont plutôt les conseillers régionaux écologistes qui épaulent « sans réserve » ce dernier et ses amis .
Reste à savoir si descendre dans l’arène politique est une bonne idée pour M. Durand. Jusqu’à maintenant, il jouait un rôle de fédérateur bien utile lorsqu’une cause est soutenue par des individus de groupe disparates.
Plus originale apparait la liste pilotée par l’UDB. Il s’agit d’une « liste de gauche alliant progrès social, solidarité, écologie et régionalisation« . Vaste programme. Christian Guyonvarc’h, tête de liste, procède à une concertation qui rappelle les Bonnets Rouges : « l’économie bretonne est bousculée par le libre-échange global. Nous souhaitons une harmonisation des règles sociales en Europe. Pour vivre et travailler en Bretagne, il faut décider en Bretagne ».
Mais le conseiller régional et porte-parole de l’UDB caresse d’autres ambitions ; à l’entendre, cette liste a aussi vocation à « faire barrage à la montée du FN en Bretagne » – sans nous indiquer le mode d’emploi.
En dehors de Christian Guyonvarc’h, on trouve quelques noms connus sur la liste : Paul Molac, député de Ploërmel, et Léna Louarn, vice-présidente du conseil régional et présidente de l’Office de la langue bretonne.
On peut se demander si l’un et l’autre n’avaient pas mieux à faire que de s’aventurer sur une liste qui risque de ne pas franchir la barre des 3%.
En effet, pour l’élection des représentants français au Parlement européen, « le remboursement forfaitaire est versé aux candidats qui ont obtenu 3% et plus des suffrages exprimés. » Malheur à ceux qui font moins ! Objectif d’autant plus compliqué à atteindre car, dans une circonscription qui s’étend jusqu’au Poitou, le message Breton perdra beaucoup de sa force. Or, même avec une campagne minimaliste, le facteur apporte les factures de l’imprimeur …!
A moins, évidemment, que cette opération ne soit téléguidée par Jean-Yves le Drian, avec le souci de dissuader Christian Troadec de se lancer aux européennes. La prudence incite donc à occuper le créneau régionaliste avec des obligés sous contrôle : Christian Guyonvarc’h et Léna Louarn appartiennent tous les deux à la majorité de Le Drian.
Dans cette hypothèse, quel que soit le résultat au soir du 25 mai, le risque financier semble inexistant pour l’équipe Guyonvarc’h. Des « amis » qui ont les reins solides feront le nécessaire pour les factures …
Et puis, « tester » la clientèle « bretonne » avant les élections régionales de 2015 peut se révéler pertinent. N’oublions pas que Jean-Yves Le Drian sera la locomotive de la liste « de gauche ». Il a peut être envie de vérifier certaines choses dès maintenant …
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