Industrie agro-alimentaire et malbouffe en Bretagne. [témoignages]

18/04/2014 – 08H00 Bretagne (Breizh-info.com) – La tribune libre publiée récemment sur Breizh-info.com mettant en cause l’usine Tilly Sabco de Guerlesquin n’a pas manqué de faire réagir nombre de nos lecteurs.

A l’origine de cette tribune, le reportage sur l’industrie du poulet réalisé par le magazine Capital diffusé par M6 aura eu le mérite de provoquer un débat sur ce qui se passe et se fabrique à l’intérieur de certaines usines de produits d’alimentation de base pour les ménages français. Reportage à charge pour les uns, simple sommet de l’iceberg pour les autres, les avis divergent.

L’industrie agro-alimentaire et ses activités connexes occupant, avec la grande distribution, une place essentielle dans l’économie bretonne, Breizh-info a voulu recueillir l’avis de salariés ayant travaillé dans ce secteur. Des témoignages directs, partant d’expériences personnelles, sur ce que le consommateur risque parfois de trouver dans son assiette. Des déclarations concernant des faits qu’il serait toutefois bien présomptueux de généraliser.

Mathilde (prénom d’emprunt) a travaillé plusieurs mois dans une usine de saumon – en grosse difficulté économique – du Finistère. « C’est quasiment la seule grosse usine du secteur, donc pour un jeune ou quelqu’un qui cherche un travaille rapide, c’est une des seules possibilités dans le coin. » dit-elle. « Quand j’ai vu le reportage de M6 sur l’industrie du poulet, je n’étais pas étonnée, sachant ce qu’on m’a demandé de faire lorsque je travaillais dans le saumon « à la chaîne ». « Fréquemment, lorsqu’une barquette de saumon périmé arrivait, nous avions consigne de l’ouvrir, de changer de barquette et de mettre une nouvelle date de péremption. Cela ne se voit pas forcément sur la santé du consommateur puisque les dates de péremption sont très avancées, jusqu’au jour où …. »

Des propos confirmés dans un autre secteur, celui de la grande distribution, par Erwan, qui a travaillé lui aussi en tant que saisonnier en poissonnerie dans une grande enseigne de la Côte Nord de l’Ille et Vilaine. « Nous avions une spécialité prisée par les consommateurs : la poêlée de poisson. Cette poêlée était constituée en réalité de tous les morceaux « douteux » des filets de poisson que nous mettions sur l’étale le matin, par exemple ceux qui dataient de la veille ou de l’avant veille et qui commençaient à sentir. Concernant le rayon libre-service, là encore, le poisson en barquette filmée était réemballé si il ne sentait pas trop mauvais avec une nouvelle date de péremption.« 

Marie, ancienne salarié d’une usine agro-alimentaire du secteur de Lamballe parle quant à elle de « mouches et autres joyeusetés en permanence dans les locaux, laissant les produits alimentaires à leur merci » mais également de grands bidons venant de l’étranger, pleins d’olives et…. de moucherons… »quand j’ai signalé qu’il y avait plein de moucherons qui stagnaient dans les bidons d’olive, on m a répondu d’un air intimidant « non, il n y a rien , vous comprenez ? » « et je ne parle même pas des produits que nous devions ramasser à même le sol alors que ce dernier était souillé »..

Ces témoignages émanent certes d’anciens salariés, mais relatent des expériences récentes et dans des secteurs et des endroits différents. Ces pratiques – courantes ou pas, mais bien réelles – mettent en évidence la propension existant chez certains de vouloir maximiser à tout prix les bénéfices et la satisfaction des actionnaires de l’entreprise même au détriment du consommateur.

Cette face cachée d’un système hyper productiviste est contrée par un argument de poids répété à l’envie par les patrons de l’industrie agroalimentaire : « Nous sommes les plus grands créateurs d’emplois sur la Bretagne ». Une réponse que certains n’hésitent pas à qualifier de « prise d’otage du consommateur » – qui peut d’ailleurs jouer en même temps le rôle de consommateur et de salarié dépendant de cette industrie – qui ne porte pas son nom ….

Formidable modèle économique dans les années 70, l’industrie agroalimentaire, portée par des aventuriers économiques dans la pure tradition bretonne, semble arriver aujourd’hui à un tournant. Les fermetures massives, les licenciements ou la baisse de production sont là pour le démontrer. Quelle voie suivra-t-elle ?

« Deux options se présentent à elle, estime un économiste breton. Soit tenter de rivaliser désespérément avec d’autres grandes puissances alimentaires dans le monde, mais à armes totalement inégales, et face à des pays qui se soucient peu de l’intérêt du consommateur. Soit repenser l’industrie, ses objectifs (nourrir de façon médiocre la population mondiale qui croit de façon exponentielle ou nourrir de façon qualitative sa propre population) et ses possibilités de développement économique permettant à la fois de maintenir des emplois (sans doute moins, mais mieux) tout en produisant de la qualité. »

Au final c’est bien le consommateur, par les choix qu’il fera, qui aura le dernier mot. « Entre un poulet élevé industriellement dans les conditions que l’on sait et un poulet élevé en plein air, à la ferme, au grain et en petit nombre, il n’y a pas photo. » estime un restaurateur. Là est bien la question.

Crédit photo : DR
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2 réponses à “Industrie agro-alimentaire et malbouffe en Bretagne. [témoignages]”

  1. travailleuse Tilly Sabco dit :

    Je vous inviterai bien a venir visiter l’usine de Guerlesquin mais au vue des idées bien arrêtées que vous en avez je pense que cela est inutile ! Mais j’AFFIRME que nous ne passons pas de poulets de  » la veille « , que nous ne modifions pas de dates et autres pratiques visant a escroqués nos clients . Nous respectons nos clients car sans eux nous n’aurions plus de travail .

  2. Stéphanie dit :

    Il faut à tout prix voir le film FOOD INC pour comprendre les motivations de ces entreprises.
    FOOD INC peut se voir gratuitement DailyMotion.
    Ne vous privez pas !

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