17/04/2014 – 08H00 Etats-Unis (Breizh-info.com) –« Existe-t-il un moyen pacifique et moralement acceptable de convaincre les humains de toutes les cultures, religions, nationalités, tribus du monde, qu’il est de leur intérêt de faire moins d’enfants ? » C’est la question que se pose Alan Weisman dans son dernier livre, Compte à rebours, publié en décembre chez Flammarion. Cet Américain, professeur, auteur et journaliste,
avait déjà publié Homo disparitus, un livre dans lequel il évoquait la disparition brutale de l’espèce humaine de la surface du globe. Toujours soucieux d’écologie, c’est à la question de la surpopulation mondiale qu’il s’attaque cette fois-ci.
« Nous sommes trop nombreux sur Terre ». C’est le message urgent que délivre Alan Weisman dans son dernier ouvrage Compte à rebours, dépeignant une crise démographique dévastatrice pour la planète que seule la limitation de la population pourrait écarter. Une vérité dérangeante que l’auteur décortique avec brio.
Nous publions ici une interview que l’auteur avait donné au journal « Le courrier du Parlement » en janvier dernier. Breizh-info publiera prochainement un entretien avec cet auteur hors-norme.
DP : À l’heure où le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter, quels sont les risques réels liés à une surpopulation mondiale ?
Il semble insensé de nier plus longtemps l’impact néfaste de l’activité humaine sur la Terre. Bien qu’évoluant au sein d’un système écosystème complexe, notre nombre est devenu si grand qu’il nous faut occuper près de la moitié des sols uniquement pour produire de la nourriture. Cette surexploitation des ressources voue les autres espèces à l’extinction, à une vitesse atteinte seulement une fois dans toute l’histoire, il y a 65 millions d’années, lorsqu’un astéroïde a anéanti les dinosaures et les deux tiers des autres formes de vie. Chaque espèce qui s’éteint fragilise un peu plus notre planète, alors même que l’on ignore encore lesquelles sont essentielles à notre propre survie.
Durant le siècle dernier, la population mondiale a quadruplé sans que soit développé un système énergétique à la fois propre et suffisamment puissant pour satisfaire les besoins de 7,2 milliards d’habitants… et bientôt 9,6 milliards à l’horizon 2050. Si beaucoup de personnes ont du mal à comprendre que ce chiffre est anormalement élevé, c’est parce que nous avons tous connu ce monde ainsi, à notre naissance. Mais la nature n’avait pas prévu l’invention du vaccin ni le progrès industriel, autant de découvertes qui ont augmenté l’espérance de vie ainsi que le nombre d’être humains sur terre.
LCDP : Cependant, dans les pays dits « riches » – principalement responsables de la surexploitation des ressources – le taux des naissances baissent. Comment réduire le nombre d’habitants sans faire payer les états « pauvres » pour leurs erreurs ?
La population de chaque état, riche ou pauvre, devra diminuer durant les prochaines générations si nous voulons avoir une chance de rétablir un quelconque équilibre. Il ne s’agit pas de payer pour les erreurs passées, car tous les habitants ont besoin d’énergie, pour s’éclairer, se déplacer, se chauffer, etc. Sachant que les technologies actuelles ne sont pas en mesure de la rendre entièrement propre, la solution restante consiste à limiter le nombre de consommateurs. Et même si nos énergies étaient « vertes », d’autres problèmes persisteraient, notamment l’accès à l’eau potable – une ressource qui se raréfie – ou encore l’épuisement des sols conséquent aux engrais chimiques utilisés pour la production alimentaire mondiale.
LCDP : Pensez-vous qu’une politique de « réduction des naissances » pourrait changer la donne ?
On croit souvent que seule la croissance mène les pays au développement et donc au « bonheur ». Néanmoins, mon livre contient plusieurs exemples d’états (Iran, Costa Rica, Mexique ou Bangladesh) qui avaient compris que la surpopulation, à terme, nuirait à leur évolution. En Thaïlande notamment, la mise en place de plannings familiaux a permis d’inverser la tendance et de favoriser l’une des économies les plus prospères en Asie du sud. La contraception et l’éducation des femmes sont d’ailleurs les meilleures solutions pour répondre à ces enjeux.
LCDP : Vous comparez notre présence sur la terre à une forme de « monoculture vorace », engloutissant les ressources au détriment des autres espèces. Comment rétablir l’équilibre ?
Réduire la démographie permettrait de partager les ressources plus équitablement avec les autres espèces, essentielles à l’écosystème et à notre propre survie. Nos ancêtres l’avaient d’ailleurs très bien compris : dans l’histoire biblique de l’arche de Noé par exemple, Dieu sauve l’humanité de concert avec les animaux, car le monde ne peut tout simplement pas tourner sans eux.
LCDP :Changer les habitudes de consommation sans réduire le nombre d’habitants ne suffirait pas, à votre avis?
Des habitudes plus vertueuses seraient bénéfiques, bien sûr. Mais les êtres humains auront toujours besoin de nourriture et personne ne se contraindrait volontairement à en consommer moins. La démographie actuelle nous oblige déjà à occuper trop d’espace pour assurer la production alimentaire de masse, sans pour autant résoudre problème de la faim qui touche 1 à 2 milliards d’habitants dans le monde. Quant à la consommation, il parait difficile de s’en « préserver ». Même si chacun des 7,2 milliards d’Hommes fait son maximum pour consommer moins d’énergie, cet effort sera insuffisant pour arrêter le réchauffement climatique, la pollution et la diminution des ressources en eau. Si les révolutions industrielle et verte ont retardé la concrétisation des thèses malthusiennes, il me semble difficile de contredire ses prédictions.
LCDP : La croissance du nombre de naissances coïncidant avec l’augmentation de l’espérance de vie, combien de temps la planète pourra-t-elle encore tenir à ce rythme ?
Nous avons dépassé la limite depuis longtemps déjà. Les prévisions démographiques annoncent plus de 9,6 milliards d’habitants sur Terre d’ici 2050, sachant que ce chiffre ne s’en tiendra pas aux taux de naissance actuels, pour s’élever jusqu’à 11 milliards après 2100.
Pour être franc cependant, je crois qu’à ce rythme une catastrophe environnementale arrivera bien avant que l’on puisse atteindre ce nombre, à moins de prendre les choses en main et aller vers une démographie « soutenable ». Changer de paradigme ne nécessite pas forcément l’intervention étatique ou le contrôle des naissances, il faut laisser aux individus la liberté de décision en leur faisant simplement comprendre qu’avoir moins d’enfants serait bénéfique à plusieurs titres, jusqu’à ce que la population revienne au niveau préconisé.
Interview réalisée pour Le Courrier du Parlement.
Crédit photo : DR
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7 réponses à “Sommes nous trop nombreux sur terre ? Compte à Rebours, d’Alan Weisman”
La question ne se pose pas, nous sommes presque trois fois trop nombreux.
Quel tas de conneries.
1/ le réchauffement climatique n’existe pas. C’est une mauvaise interprétation d’une instabilité des températures sur SEIZE ans. Le cycle suivant de 16 années (qui vient de s’achever) montre que les températures ne se réchauffent pas, mais au contraire ont tendance à refroidir.
2/ le malthusianisme et le réchauffisme ensemble, ça promet…
Même en mettant de côté le réchauffement climatique, il est clair que notre espèce est responsable de l’extinction de beaucoup d’autres (par exemple de 97% des tigres depuis le début du XXème siècle), que nous allons manquer d’eau potable en maints endroits de la planète, que les rendements agricoles vont chuter du fait du tarissement des énergies fossiles,… On ne peut donc, malheureusement, que souscrire aux propos pessimistes d’Alan Weisman.
Oui, les humains sont trop nombreux pour ne pas détruire les équilibres écologiques de la planète.
Nous sommes 1 000 fois plus nombreux qu’à l’ère du prénéolithique quand l’humanité vivait à peu près en symbiose avec son milieu, nous sommes 35 fois plus nombreux qu’à l’époque de Jésus-Christ et plus de 4 fois plus qu’au début du 20ème siècle. Nous avons multiplié par 2 nos effectifs depuis qu’Armstrong a posé le pied sur la Lune, et en 2050, un seul pays, l’Inde, qui pourtant ne représente que moins de 3 % des terres émergées aura autant d’habitants que la planète entière n’en avait en 1900 !
Ces ordres de grandeurs emportent tous les autres raisonnements, ils réduiront à néant tous les efforts que nous pouvons faire par ailleurs. Il est essentiel que les écologiques s’emparent de la problématique démographique au lieu de considérer le sujet comme tabou comme certains le font trop souvent..
Alan Weisman a donc tout à fait raison, mais en France aussi, quelques-uns se préoccupent du problème et il est récemment paru un livre sur ce thème « Moins nombreux plus heureux » aux éditions Sang de la Terre qui pose à plusieurs voix la question écologique sous l’angle de celle du nombre des hommes.
Merci à Breizh Info d’avoir évoqué ce sujet crucial. En effet les conséquence de décisions ou comportements en matière de démographie prennent des décennies avant d’avoir leur plein effet. L’humanité continue imperturbablement depuis 1960 à augmenter de UN MILIARD d’individus tous les 13 ans en moyenne.
Le plus significatif et préoccupant est à venir : le passage de l’Afrique de la position sous peuplée à un sur peuplement ( de 100 millions en Afrique noire de 1800 aux 4 milliards qui nous sont promis en 2100. Avec le cortège de désespérance, de bidonvilles, de déplacements massifs de population, dont nous sommes le réceptacle naturel, ici, en Europe.
Pas d’écologie sans maitrise démographique.
Pas de paix sans maitrise démographique.
Pas de respect des identités, des civilisations, des traditions sans maitrise démographique.
No future sans maitrise démographique.
Il est plus qu’urgent de s’y mettre, par tout moyens utiles, en particulier chez les peuples qui font encore 5, 6 voire 7 enfants par femme …… STOP STOP STOP !
Cette nécessaire prise de conscience que vous évoquez est justement celle en faveur de laquelle lutte en France l’association Démographie Responsable. Prise de conscience en Afrique, mais également partout dans le monde et même en France où le sujet reste majoritairement tabou et ou la politique fiscale et sociale est toujours largement tabou.
Un peu de clairvoyance( même désespérée) fait tant de bien dans une société d’aveugles…
Oui, la situation est urgente! Oui, il faut s’ alarmer avant d’être emportés par la catastrophe!
Soyons Démographiquement Responsables!