16/04/2014 – 07h00 Châteaubriant (Breizh-info.com) –Le feuilleton entrepreneurial et judiciaire du groupe AORF n’en finit plus. Celui-ci dispose de deux entités, l’une de construction de wagons – ABRF à Châteaubriant, le dernier atelier de construction ferroviaire de Bretagne – et l’autre de maintenance, SDH Ferroviaire à Saint-Denis de l’Hôtel près d’Orléans. En panne depuis 2010, le groupe connait maintenant une guerre entre son nouveau PDG, Christophe le Blanc, et l’ancien, Eric Vinassac.
Résultat des courses, le plan de sauvegarde d’AORF, qui devait permettre d’apurer 4 millions d’euros de dettes, n’est pas appliqué, et le tribunal de commerce d’Orléans – où se trouve le siège de l’entreprise – a mis le groupe en redressement judiciaire le 2 avril. Les repreneurs ont jusqu’à vendredi 18 pour déposer des offres pour l’ensemble du groupe. Après, le tribunal d’Orléans aura une nouvelle audience le 7 mai pour ouvrir la possibilité aux éventuels repreneurs de reprendre ABRF et SDHF séparément.
« Au moins après ça, on saura où on va », explique Marylène Bonnin, représentante du personnel du site de Saint-Denis de l’Hôtel. La situation entre les deux entités est contrastée : si ABRF a une réserve financière et injectait de l’argent dans le groupe, l’entreprise castelbriantaise a peu de travail, et la plupart de ses 90 employés sont au chômage technique, une petite partie intervenant sur des essieux. « A Saint-Denis de l’Hôtel », poursuit Marylène, « le site étant spécialisé dans la maintenance, on a une charge de travail assez soutenue, avec des wagons Gefco, Holcim, Novatrans, Millet… ». Les installations du site permettent aussi d’entretenir des wagons de gaz.
En cas de crash total d’AORF, SDHF espère être repris. C’est plus compliqué pour ABRF, et pourtant il y a une commande du transporteur Millet – 100 wagons pour 9 millions d’euros. Mais le nouveau patron ne veut pas l’exécuter car la marge bénéficiaire est trop faible. D’après Willy Delanoë, le nouveau délégué syndical d’ABRF, « A perte ou pas, nous devons honorer ce contrat. Sans quoi, les ABRF ferment. Quitte à se serrer encore la ceinture, l’outil industriel doit tenir jusqu’à la fin de l’année 2014 » et la possible construction de 80 nouveaux wagons.
Le plus triste dans tout cela, c’est qu’ABRF a construit ces dernières années plus de 1500 wagons dont une partie à l’exportation, faisant connaître un savoir-faire breton qui risque de disparaître corps et biens. Pourtant, la moitié des wagons de fret en France sont vétustes : ils ont souvent plus d’un demi-siècle. Mais l’absence d’une stratégie nationale dans le fret – tant au sein de la SNCF que des transporteurs privés – participe à faire dérailler ABRF.
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