15/04/2014 – 07H00 Édimbourg (Breizh-info.com) Pendant un mois, le Scottish National Party met en sommeil sa campagne pour l’indépendance écossaise au profit de celle des élections européennes. Et il doit tout à coup faire face à un reproche inattendu : celui de ne pas offrir assez d’indépendance !
« Il serait absurde que les Écossais n’aient pas droit à un référendum sur leur appartenance à l’Union européenne s’ils votent pour l’indépendance », proclame Nigel Farage, leader de l’Ukip (United Kingdom Independance Party). « Salmond [leader du SNP] ne propose pas une indépendance véritable. La plupart de nos lois et règlements viennent aujourd’hui de l’Union européenne. »
La question européenne est décidément une épine dans le pied pour le SNP. Ce dernier soutient que l’indépendance ne changerait rien au statut européen de l’Écosse : il continuerait à faire partie de l’Union européenne. Mais José Manuel Barroso, patron de la Commission européenne, n’est pas d’accord : une Écosse indépendante devrait se soumettre à la procédure d’adhésion à l’Union. Sous-entendu : pas question qu’elle bénéficie des exemptions négociées jadis par Margaret Thatcher. En particulier, elle devrait adopter l’euro, alors que le SNP voudrait conserver la livre sterling (ce que par ailleurs le gouvernement britannique lui refuse…).
Ainsi, Nigel Farage, qui milite pour que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, appuie exactement là où ça fait mal ! Or l’Ukip espère un très bon résultat aux élections européennes. Selon un sondage récent, il pourrait arriver en tête avec 30 % des suffrages, devant les Travaillistes et les Conservateurs. Le SNP espère qu’une victoire de l’Ukip, hostile aussi à l’indépendance écossaise, inciterait encore plus les Écossais à quitter le Royaume-Uni. Ce raisonnement est pourtant hasardeux. La principale raison du succès électoral du SNP est qu’il a attiré à lui des électeurs conservateurs déçus. Or c’est également cet électorat que l’Ukip séduit.
Le SNP avance donc sur un terrain miné de toutes parts. Riches d’enseignements, les élections européennes du mois de mai seront probablement la clé du référendum du 18 septembre sur l’indépendance écossaise.