08/04/2014 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Mardi 1er avril. Le TGV qui transporte Jean-Marc Ayrault arrive en gare de Nantes. Pour accueillir l’ancien Premier ministre, un comité d’accueil. Une façon de montrer à ce dernier qu’à Nantes, on l’aime, mais surtout de fournir de belles images au JT de 20 heures. De la communication à 100%.
Gràce aux médias, M. Ayrault peut tout de suite mettre les points sur les i : « je n’abandonne pas le combat politique, j’y prendrai ma part, quelle que soit la façon ; j’en déciderai dans les prochains jours ». (Oues-France, 2 avril). A bon entendeur, salut !
Le retour prématuré de M. Ayrault ne fait pas que des heureux. On pense tout de suite à son suppléant, Jean-Pierre Fougerat, qui devra se contenter de la mairie de Couëron puisque le « boss » va récupérer son siège de député. Quand on a goûté pendant vingt-deux mois au confort du Palais-Bourbon, difficile de retrouver la rusticité de Couëron ….
Mais il y a surtout Johanna Rolland. Tant que son mentor demeurait à l’hôtel de Matignon, le nouveau maire de Nantes pouvait disposer d’une marge de manoeuvre, elle qui était « candidate pour un nouveau cycle à Nantes » et qui prônait « un renouvellement des pratiques politiques » (Le Monde, 19 février 2014).
Certes, jusqu’au 1er avril, elle se savait sous contrôle. A Matignon, on suivait les affaires nantaises de près ; on a pu le vérifier lors de l’accord PS-EELV pour le second tour des élections municipales. Et puis le n°2 de la liste, Pascal Bolo, assurait la surveillance rapprochée. Mais cette fois, c’est l’ombre du « patron » qui recouvre l’hôtel de ville de Nantes. Rien n’empêche la mise en place d’un système de double commande. C’est vrai pour la ville de Nantes, mais aussi pour Nantes-Métropole.
A moins que Jean-Marc Ayrault ne donne sa préférence à la vie politique nationale. Tout le monde sait, par exemple, que le Parti Socialiste souffre d’une absence de leader. Un poste qui ne déplairait pas à M. Ayrault, tant l’exposition médiatique qu’il procure l’intéresserait, pour former une sorte de contre-pouvoir capable de « dialoguer » avec l’Elysée et Matignon.
Car M. Ayrault a des comptes à régler. Lors d’un entretien avec François Hollande, lundi 31 mars, il a vidé son sac. Il est en particulier revenu sur l’attaque dont il avait été victime, en mars 2013, de la part d’Arnaud Montebourg : « tu fais chier la terre entière avec ton aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dont tout le monde se fout », lui avait dit le ministre du Redressement productif. « Tu gères la France comme le conseil municipal de Nantes ».
« Tu n’aurais pas dû laisser Montebourg m’insulter comme ça » a reproché Ayrault à Hollande (Le Canard enchaîné, 2 avril 2014). Avant de s’en prendre également à son successeur : « pendant que je travaillais, Valls intriguait ». Affaire à suivre …
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3 réponses à “Ayrault, « le Parrain », de retour à Nantes”
Ayrault, leader du PS ? Je vous trouve bien optimistes !!! Ayrault n’est pas un leader. Il a été président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, ce qui n’est pas un poste de leader mais de garde-chiourme (il faut rameuter les députés, s’assurer qu’ils votent bien, monter des « coups » contre le camp d’en face, etc.) ; il s’est dailleurs montré assez efficace dans ce rôle. Mais là, il va retourner à l’Assemblée lessivé par 22 mois d’exercice du pouvoir raté. Sa cote de popularité dans l’opinion a été laminée, il n’a pas su se faire respecter de ses propres ministres et certaines des mesures prises lui ont aliéné une partie des députés socialistes. Le seul rôle utile qu’il puisse jouer à présent pour le PS est celui de bouc émissaire : si tout a merdé depuis deux ans, c’est la faute à Ayrault !!! Et à 64 ans, il n’a aucune chance de remonter la pente.
Il fait toujours surveiller sa baraque par une compagnie de gendarmes ?
Aux dernières nouvelles, oui.