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Remaniement ou pas, François Hollande a les mains liées

F. Hollande a construit sa carrière en organisant le compromis entre les divers courants du PS. C’est ainsi qu’il s’est fait désigner comme candidat aux élections présidentielles de 2012. Son objectif actuel est de l’être à nouveau en 2017. Pour cela, il doit maintenir la cohésion du parti et empêcher l’émergence d’un concurrent à l’intérieur de son mouvement. Dans ces domaines, il est très compétent. Mais pour être réélu, sa politique doit satisfaire une majorité d’électeurs. Là réside la véritable difficulté.

En effet, le PS est un conglomérat de courants antagonistes dans les domaines économiques et sociaux : « marxistes » radicaux, socialistes de tradition française étatiste, sociaux démocrates keynésiens ou libéraux. Ce qui maintient leur unité malgré tout c’est, outre leur ambition, l’idéologie égalitariste et la vision internationaliste. La première s’incarne dans les lois dites  » sociétales  » ou  » culturelles  » avec une conception libertaire, fruit du marxisme ou du libéralisme américain, développée à partir de la philosophie des  » droits de l’homme « . La seconde est la volonté de supprimer les frontières avec une première étape qui est l’Europe de Bruxelles.

Cela éclaire la politique conduite depuis mai 2012. En choisissant Jean-Marc Ayrault comme Premier ministre, F. Hollande écartait tous les compétiteurs sérieux pour l’échéance de 2017 et conservait la direction politique du gouvernement. De plus, c’est un vieux complice dans l’art de rassembler les courants comme il l’a fait efficacement en Loire-Atlantique depuis 1989. Cela explique que son gouvernement, qui comprend  des représentants éminents de toutes les tendances du PS, sans compter les ministres EELV, manque de cohésion.

De plus, pour se faire élire, F. Hollande a flatté  l’aile la plus à gauche du PS. Il a donc commencé par lui donner des gages en ne mettant pas en route une politique de réduction des dépenses publiques et en aggravant ainsi les déficits et, donc, la dette. Il a également mis en œuvre les lois sociétales espérant ainsi calmer les impatiences sociales et les désillusions économiques, puisqu’aucune amélioration ne pouvait arriver de ce côté.

Le résultat est que l’économie française, en particulier le secteur industriel, continue de régresser faute de compétitivité par rapport à nos concurrents dans un marché international où Bruxelles, donc la France, a supprimé toute protection aux frontières. De plus, avec l’euro, la France n’a plus sa souveraineté monétaire et ne peut plus ajuster son cours. Le chômage continue d’augmenter malgré les emplois fictifs financés par le budget de l’Etat, d’autant que l’ouverture sans contrôle de nos frontières laisse entrer de la main d’œuvre supplémentaire. Les déficits s’amplifient.

Les organismes internationaux s’inquiètent de cette situation et mettent en demeure la France de prendre des mesures d’assainissement. Les sociétés de notation financière envisagent de dégrader à nouveau la position de la France.

F. Hollande est donc confronté à un double mécontentement populaire, l’un d’origine socio-économique, l’autre dans le domaine sociétal. Les résultats des élections municipales en sont l’illustration. Que peut-il faire?

En annonçant avec le pacte de compétitivité un changement d’axe pour passer à une politique économique de l’offre à la place de celle de la demande suivie jusqu’à maintenant, il gagne du temps mais il mécontente son aile gauche et ses alliés EELV. Pour réussir ce changement de cap, que lui apporterait un changement de Premier ministre? JM Ayrault lui est acquis et partage sa vision. Le remplacer lui apporterait probablement plus de soucis que davantage.

En remaniant le gouvernement, avec ou sans JM Ayrault, peut-il redresser la situation? En fait, F. Hollande a les mains liées d’une part sur le plan socio-économiqe par l’adhésion  à la politique de Bruxelles d’ouverture inconditionnelle des frontières aux marchandises, aux populations et à la finance, d’autre part sur le plan politique et sociétal par le choix d’une société libertaire.

Pour en sortir, il faudrait une recomposition du paysage politique avec un changement de majorité qui passe par l’éclatement simultané du PS entre les sociaux-démocrates et les « marxistes » et de l’UMP – UDI entre les sociaux-démocrates et les héritiers du gaullisme. Cette majorité socio-démocrate, regroupant ceux du PS et ceux de l’UMP, pourrait entreprendre  cette politique de l’offre. F. Hollande a laissé passer cette opportunité au début de son mandat quand F. Bayrou était disposé à le rejoindre.

Aussi, F. Hollande n’a plus qu’une solution : continuer et durer en espérant que le contexte économique international résoudra les difficultés actuelles tout en détournant l’attention par d’autres réformes sociétales et des aventures internationales au service des USA.

Louis Cruau

Crédit photo : Selbymay/Wikimedia (cc)
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