Municipales : les nationalistes corses et basques gagnent du terrain, les bretons non

29/03/2014 – 09h00 Bastia (Breizh-info.com) – Pour les observateurs parisiens, les municipales ont été l’occasion d’une poussée de la droite, du FN et de l’abstention. Mais pas seulement. Au pays Basque et en Corse, les nationalistes gagnent du terrain et se trouvent même en position de prendre les grandes villes – Bastia en Corse – ou d’arbitrer le scrutin de celles-ci, à Bayonne ou Hendaye par exemple. En revanche, en Bretagne, les nationalistes sont quasi-inexistants, sauf dans quelques fiefs et sur les strapontins concédés par le PS ou la droite. Faisons le tour des résultats.

Corse : les nationalistes aux portes de Bastia

En Corse, il y a deux partis nationalistes principaux. Les modérés de Femu a Corsica et les ultras de Corsica Libera. A Bastia, seules 29 petites voix d’écart au premier tour séparaient Gilles Simeoni de Femu a Corsica (32.34%, 5481 voix) et le fils de l’actuel maire de Bastia, Emile Zuccarelli (32.51%, 5510 voix). Suivaient derrière François Tatti (DVG, 14.64%), l’UMP Jean-Louis Milani (9.73%), le candidat des ultra-nationalistes de Corsica Libera Eric Simoni (5.40%) puis encore un candidat de droite (3%) et un candidat écologiste (2.3%). A l’issue du premier tour, Gilles Simeoni a fait une alliance « tout sauf Zuccarelli » avec l’UMP et François Tatti. Logiquement, la seconde ville de Corse devrait donc passer dans les mains des nationalistes le 30 mars. Une première.

Les nationalistes corses ont présenté des listes dans d’autres villes de l’Ile. A Calvi, ils perdent, à 26.64% contre l’UMP Ange Santini, élu au premier tour avec 73.35%. A Corte, idem, sauf qu’il y avait trois listes et que les nationalistes ne font que 12.90%. En revanche à Patrimonio, la liste Una scelta pe l’avvene de Jean-Baptiste Arena, soutenue par Femu a corsica, est élue. A Furiani, au sud de Bastia, la « liste identitaire, progressiste, sociale et humaniste, soutenue officiellement par Femu a Corsica » d’Etienne Perfetti, est seconde à 25.55%, le maire divers gauche étant élu au premier tour. A Luri, il y aura un second tour mais la liste soutenue par les nationalistes est en ballottage défavorable.

En Corse du Sud, les nationalistes sont troisième à Ajaccio (Joseph Filippi, 10.77%), derrière l’UMP (35%) et le PS (36.5%) et accèdent au second tour, de justesse. A Cuttoli-Cortichiatto, le maire sortant, « nationaliste de la première heure » et soutenu par Femu a Corsica, est réélu. Il était le seul candidat. Enfin à Porto-Vecchio, la division entre les forces nationalistes – vieux mal de la Corse – risque de faire perdre l’occasion de gagner la ville. Le sortant UMP Georges Mela a loupé de quelques voix sa réélection (49.51%), le candidat de Femu a Corsica Jean-Christophe Angelini est à 42.65%. Il y aura donc un second tour, mais la liste Corsica Libera (7.82%) capable de faire la différence s’est retirée en laissant libres ses électeurs… de ne pas voter nationaliste.

Pays Basque : les nationalistes arbitres des scrutins

Au Pays Basque, il y aussi deux grands partis. Le Parti National Basque, de tendance centriste, qui compte 3 maires encartés et une douzaine de conseillers municipaux. Et les abertzale, ancrés à gauche, qui se regroupent autour d’Euskal Herria Bai (oui au Pays Basque), une coalition de trois partis : Eusko Alkartasuna (Solidarité basque), Abertzaleen Batasuna (Union des patriotes) et Sortu (Créer). Dix maires et plus de 70 conseillers municipaux soutiennent le mouvement abertzale. Qui s’est promis d’en faire élire d’autres, en visant prioritairement les grandes villes. Par ailleurs, le poids des revendications nationalistes va croissant, et leurs idées infusent dans l’opinion. La collectivité territoriale basque ou la défense de l’euskara sont maintenant des thèmes politiquement consensuels alors qu’ils étaient tabous il y a trente ans.

Ce qui finit par se voir sur les résultats. Ainsi, à Saint-Jean de Luz, le maire UMP Peyuco Duhart est réélu (54.87%) dès le premier tour, mais les nationalistes abertzale de Pascal Laffitte sont seconds (25.84%) et surclassent le PS (19.27%). A Cambo les Bains, le candidat de droite est élu dès le premier tour (72.3%) mais son challenger abertzale fait 27.7%. Même scénario à Saint-Jean-Pied-de-Port ou le candidat abertzale atteint 33.29% contre le maire sortant, de droite, réélu.

A Bayonne, la gauche abertzale sera la 4e liste du second tour (10.8%) et son alliance avec le Front de Gauche est en mesure de peser sur l’élection. A Hendaye, après le retrait d’un candidat sans étiquette, le candidat Abertzale pesera sur la triangulaire ; il a fait 12.56% au premier tour, de quoi remettre en cause l’ancrage à gauche de la ville. A Ciboure, Eneko Albana-Rouat (21.09% au premier tour) pourrait permettre à la ville de basculer à gauche, puisqu’il s’est allié avec le candidat PS Henri Duhaldeborde (26.6%) contre un sortant UMP (43.6%) qui peut compter cependant sur les réserves de voix de l’UDI (8%).  A Urrugne, la ville restera à droite, puisque la mairesse UMP sortante a fait 34.5% et son challenger de droite, un ancien maire, 26.48%. Mais l’abertzale Philippe Aramendi le talonne (25.6%) et surclasse le PS (13.6%), qui s’est d’ailleurs retiré.

Enfin, dans certaines villes les nationalistes sont déjà en position de force. A Ascain, le candidat abertzale fait 18.67%, se plaçant en troisième position, tandis qu’une liste sans étiquette, mais pro-basque, fait 42.19%. A Ustarritz, l’abertzale Bruno Carrière est en tête (37.94%), surclassant trois autres candidats dont le PS (12.3%) et le maire sortant Dominique Lesbats (21.6%). Enfin à Saint-Etienne de Baïgorry, le candidat abertzale Jean-Michel Coascarrat éjecte dès le premier tour le maire sortant UMP, avec un score de 53.47%. Sans appel.

Bretagne : hors le fief de Carhaix, les strapontins ou l’insignifiance

Le mouvement des Bonnets Rouges et la lutte contre l’écotaxe – ou contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes en Loire-Atlantique – auraient dû en toute logique donner un coup de fouet aux résultats des nationalistes. C’était sans compter sur la grande division qui règne parmi eux. De gauche à droite, il y a le Mouvement Bretagne et Progrès de Troadec, ancré à gauche, l’UDB qui s’allie très souvent au PS et à EELV, puis le Parti Breton, Breizh-Europa et En Avant Bretagne au centre, enfin très à droite Jeune Bretagne et Adsav. Ces deux derniers ne présentent pas de candidats.

L’UDB a poursuivi sa politique d’association systématique avec divers partis, notamment le PS, ce qui lui assure une réserve de conseillers municipaux et quelques postes d’adjoints. Ainsi, à Nantes, Saint-Nazaire, Rezé, St Herblain, Carquefou, Batz, Orvault, Saint-Brieuc, Lorient, Hennebont, Pontivy, Indre et Douarnenez il y avait un ou plusieurs colistiers UDB sur les listes socialistes. A Savenay (44) l’UDB est sur la liste divers gauche de Janick Tatard (21%). A Saint-Etienne de Montluc (44), l’UDB est sur une liste alliant Parti de Gauche et EELV : 13%. A Queven, fief communiste, l’UDB Michel Hado et sa liste de gauche ouverte ont fait 28%. Ils se retirent, sans donner de consigne de vote. A Lannion, associée aux Verts, l’UDB fait 20.9%. A Redon, Jean-François Lugué et sa liste UDB – société civile fait 12,95% et se retire. A Douarnenez, associée à la liste PS de Tangi Youinou, l’UDB est troisième avec 16.43% ; la liste s’est retirée, puisqu’il y a un candidat de gauche devant. Enfin à Lanester la liste de Jean-Jacques Valy sous bannière UDB fait 7.77%.

Le Mouvement Bretagne et Progrès de Christian Troadec quant à lui conserve ses fiefs. Il ne se présente d’ailleurs jamais sous son étiquette, mais sous celle des Divers gauches, misant plus sur les personnes de leurs élus que les appellations. Christian Troadec est réélu dans un fauteuil à Carhaix, à 66%, battant le PS. A Lannion Jean-Yves Callac fait 12.6%. A Plougastel-Daoulas, Gisèle le Guennec est seconde, avec 29.77% des voix, le maire sortant étant réélu dès le premier tour. A Langonnet, Christian Derrien est réélu avec 61.78% des voix.

Breizhistance ne fait qu’une seule liste sous sa bannière, là où le parti d’extrême-gauche indépendantiste est déjà implanté, à Saint-Herblain. Le conseiller municipal Breizhistant Primaël Petit atteint le second tour de justesse (10.06%) et affrontera donc un candidat socialiste favori par la division des deux listes de droite (UMP et UDI). Il devrait garder son siège ; cependant, il gagne 30% de voix en plus par rapport à 2008. A Douarnenez, le parti a un strapontin sur la liste divers gauche de Jacques Bœuf (23.44%) où il a placé Arno Vannier.

Les centristes qui ont décidé de se présenter sous leurs bannières ne percent pas. Ainsi, à Vannes, la liste de Bertrand Déléon (En Avant Bretagne) fait 1.92%. A Rennes la liste Breizh-Europa de Caroline Ollivro ne fait que 3.82%. On peut ajouter au tableau le maire centriste, pro-breton et pro-éolien Alan Coraud qui se fait éjecter de la Remaudière par un candidat sans étiquette (64%).

Enfin le Parti Breton qui a lorgné à gauche a finalement choisi la droite, là encore avec des strapontins. Il a fait élire un adjoint à Blain (Jacky Flippot, Culture), sur la liste de droite qui a fait basculer la ville, un autre à Treffieux (Philippe Renaud) et devrait en avoir un à Pornic sur la liste de l’héritier de Boënnec, Jean-Michel Brard, qui a de grandes chances d’être élu le 30 mars. Enfin, il peut en espérer un à Rennes si la liste de droite gagne. C’est peu, mais à des endroits stratégiques. En-dehors de ces strapontins – de gauche ou de droite – les nationalistes bretons ne pèsent pas grand-chose dans la politique bretonne.

 Crédit photo : DR
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10 réponses à “Municipales : les nationalistes corses et basques gagnent du terrain, les bretons non”

  1. Eric dit :

    Difficile d’encarter des listes d’intéret communal.
    A ST Jean Pied de Port, la liste des nationalistes s’est auto-nommée Donibane Erne St Jean pied de Port Autrement , est classé div G par le ministere de l’intérieur, et regroupe abertzale, ecologistes, et sans doute certaines autres sensibilités.
    Il faudra attendre l’année prochaine les cantonales pour voir le poids réel de chaque tendance.

  2. Ann dit :

    breizh-info.com est de plus en plus connue comme la succursale de fdesouche. Un cheval de Troie des nationalistes jacobins. Avec le calme électorale suivant les européennes, si votre site n’évolue pas, les bons chiffres des débuts seront de vagues souvenirs.

    • redacbzhinfo dit :

      ann > qu’est ce qui vous fais dire cela ?
      Il n y a aucune « jacobin » dans notre rédaction ..

    • Marie dit :

      Ann
      c’est la vérité sur les alliances UDB / PS qui vous fait dire ça ? ou le PB qui mange à tous les rateliers ?

      • Ann dit :

        @Marie
        Ou le fait de lire sur ce site pour la 1ère fois au sujet de Primaël Petit de Breizhistance à Saint-Herblain? Il est d’extrême-gauche! Ohlala! Caca! Surtout ne pas en parler! Ca marche remarquez, il finit à 7,67% après 10%. Mais garde son siège.
        Un mec qui bosse pour la Bretagne et qui arrive à se faire élire indépendamment de l’UMPS ne mérite-t-il pas un billet sur un site qui prétend réinformer les Bretons? Plutôt que sur des rombières comme Van Machin qui ne se satisfont plus de la charité le dimanche après-midi et cherche le grand frisson d’une liste aux municipales?
        Quelle couverture sur le grand succès plus consensuel de Troadec? Il en aurait sans doute eu plus si il avait changé le G de son DV pour un D.
        Le jour où la droite reprendra à son compte la stratégie mitterrandienne qui a fait monter le FN pour affaiblir le RPR/UMP en mettant en lumière EELV et le FdG, elle fera des progrès.
        Des articles à n’en plus finir sur les affiliés MPT ou quelques indépendants de droite, le FN (grand parti le plus antibreton de France) en avant comme sur toutes les TV… mais quasi rien sur ceux qui incluent la Bretagne au coeur de leurs programmes s’ils ont le malheur d’être de « gauche » (c »est-à-dire avoir compris que Sainte Anne est la prostituée de Babylone et Saint Yves, le seul vrai saint breton).
        En attendant, la Bretagne crève.
        Si on s’appelle breizh-info et qu’on a la prétention d’être un media alternatif, on couvre toutes les voix pour la Bretagne, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, sans distinction.
        Ces municipales ont montré une grossière distinction et parti-pris.

  3. Arrano Beltza dit :

    L’engouement pour les cantonales est très relatif au Pays basque, les municipales sont pour nous l’occasion d’observer la pertinence de nos propos et la receptivité des habitants basques ou français en Iparralde.
    Ces élections ont vu s’opérer une véritable percée qui va déranger le clanisme/clientelisme des pro-français en place depuis bien trop longtemps.
    Je me réjouis de voir qu’une large minorité s’éveille en Euskal Herri et souhaite aux amis bretons le même éveille. Dommage que l’essai n’est pas été transformé grâce aux bonnets rouges. Occasion manquée pour votre peuple, vivement le printemps!

    • Eric dit :

      et bien moi, j’attendrai les résultats des cantonales pour me faire une réelle idée.
      Les européennes me donneront aussi des éléments car en 2009, il y avait toutes les tendances représentées.

  4. Ann dit :

    @redacbzhinfo
    J’ai déjà posté un commentaire sur ce sujet hier. S’est-il perdu?
    Pour résumer, votre couverture des élections municipales en Bretagne laissent les quelques listes bretonnes noyées au milieu des sujets « UMPS=méchants », « MPT=rebelles », « FN=du click », « extrême-gauche=fanatique ».
    Des sites comme ça, il y en a des dizaines. Le FN est sur toutes les TV et radios. Votre couverture n’a rien d’alternative sinon dans l’idée qu’elle se fait d’elle même.
    Alors lire un tel article avec un faux ton neutre concluant que les nationalistes bretons ne pèsent pas grand chose, quand bien même c’est la vérité, est déplacé sur un site qui prétend penser à l’intérêt breton d’abord.
    Vous n’avez pas fait votre part pour mettre ces listes en avant.
    Sciemment ou non, vous faites le jeu des réactionnaires français (qui sont jacobins).
    Votre seule originalité dans votre mouvance confortable? Etre contre le projet NDDL. Je le salue. C’est rare dans votre famille politique.
    Mais comme je le concluais dans mon commentaire fantôme, il y a déjà beaucoup de militants bretons à soutenir financièrement. Si aux européennes, vous continuez à mettre de côté ou ignorer les partisans de la cause bretonne pour être noyé par des « Marine est constipée » ou « il fait beau aujourd’hui, la MPT est de sortie », aucun intérêt pour la Bretagne.

    • Toul Dous dit :

      Encore faudrait-il que lesdits partisans de la cause bretonne soient vraiment utiles.
      Primaël Petit à St Herblain? Oui il existe, mais il n’a pas été réélu parce que c’est le breton du cru,plutôt parce que c’est le conseiller municipal d’extrême gauche qui connait bien sa ville et se bat pour les exclus. L’héritier du communisme municipal quoi.

      Quant à Troadec, demandez donc aux Bonnets Rouges s’il est devant et s’il lui arrive de lâcher ses hommes ? Vous serez surpris… Lui aussi a été réélu par son seul ancrage local, la cause bretonne n’est responsable que de quelques % de son score.

  5. Ann dit :

    @Arrano Beltza
    Les Bonnets Rouges ne sont pas encore une occasion manquée! Au contraire!
    La prochaine étape est la candidature à la présidentielle de Troadec, soutenue par les régionalistes de toute la France. C’est le leader le plus connu en dehors des cercles très fermés. C’est un modéré. Il n’y a pas de figure régionaliste plus adaptée pour ce défi.
    Et j’espère que les plus jusquauboutistes, que je respecte infiniment, seront prêt à le soutenir pour proposer une République Fédérale Française, quitte à mettre en veilleuse la question d’indépendance.
    Les Bonnets Rouges n’échoueront que s’ils se limitent à la Bretagne ou ne trouvent pas de soutiens chez les plus brillants esprits basques, corses, alsaciens… Parce qu’une minorité peut-être aussi large qu’elle peut, ça reste une minorité.
    Chaque chose en son temps, l’heure n’est pas encore venue pour 2017, mais les esprits régionalistes doivent se préparer maintenant.
    Une France fédérale serait déjà une révolution. Elle a besoin de l’union des tous les régiautonomindépendantistes de France et de Navarre.

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