Tribune libre de Michel Lhomme publiée sur le site Metamag
25ème Semaine de la Presse à l’école du 24 au 29 mars . Cette semaine, la presse française distribuera ses invendus dans les écoles, collèges et lycées français, histoire de récupérer quelques lecteurs. On l’appelle la ‘‘Semaine de la presse à l’école ». Des journalistes officiels interviennent souvent dans des visioconférences mais la presse indépendante n’est en général pas invitée. Il vaut mieux rester entre soi pour l’inquisition et la propagande. Cette opération dont on fête cette année le vingt-cinquième anniversaire ressemble en fait de plus en plus à une veillée mortuaire.
Libération, L’Humanité, Le Monde mais aussi Présent qui vient d’annoncer une restructuration financière drastique, Rivarol qui est interdit de distribution chez Monoprix, la presse française est malade. Elle est malade de sa distribution, de ses kiosques à journaux qui, à Paris et en banlieue parisienne, ferment un à un, moribonde de ses maisons de la presse qui croulent sous les invendus de magazines sur papier glacé que personne n’achète. Mais la presse est aussi exsangue de ses chiens de garde qui la conduisent petit à petit à ne plus avoir de lecteurs. En fait, nous ne la plaignons pas : elle nous respecte si peu. Nous déplorons cette Bérézina, symptôme d’un malaise démocratique et de la pensée unique en marche. Ne conseillez pas à vos enfants de devenir journaliste : ils finiront tout juste correcteur-remplaçant des futurs pigistes-robots !
France Télévisions, Ouest-France, Lagardère Active, Courrier International (groupe Le Monde), la fin de l’année 2013 avait déjà été particulièrement sombre pour l’emploi dans les médias français. En compilant les annonces récentes, c’est au moins un millier de postes qui sont menacés. Ce n’est pas fini et les chiffres annoncés par Lagardère (350 emplois) dépendent de l’avenir des dix magazines que le groupe met en vente. Le plan social de Nice-Matin reste encore à préciser, on parle d’une fourchette de 180 à 200 postes en voie de suppression. Sur l’ensemble de l’année 2013, au moins 1 500 emplois ont été supprimés dans la presse nationale. Des « plans de départ volontaire » ont été ouverts au Figaro, dans le groupe Sud Ouest ou encore dans le groupe de presse magazine L’Express-Roularta. A chaque fois, ce ne sont pas seulement des journalistes qui sont concernés, mais aussi et parfois majoritairement voire totalement, comme à Ouest-France, d’autres types de personnels.
En fait, il y aura plus de suppressions de poste dans la presse française cette année qu’en 2012 (1 158 emplois supprimés) et 2013 et la presse quotidienne régionale et la presse magazine ne seront cette fois-ci pas épargnées. Le Nouvel Observateur prévoit une vingtaine de départs négociés en 2013 et en 2014. Marianne a connu quelques départs non remplacés. De plus petits médias, nés sur Internet, sont aussi frappés, comme le site local Dijonscope – qui a été contraint de fermer mi-mai 2013 –, ou le site de débats Newsring.fr. Reste que la presse française fait l’autruche et ne cherche pas les raisons réelles d’un tel désaveu. Elle accuse en général la crise, la disparition des lecteurs papier, l’internet mais jamais elle n’ose remettre en cause sa diarrhée multiculturalisme, son romantisme de la tolérance, sa soumission aux autorités publiques, son complexe hugolien dans la lecture sociétale des faits.
Une réponse à “La crise de la presse purée, par Michel Lhomme [tribune libre]”
La presse papier a mauvaise presse.
Elle a perdu sa légitimité.
La légitimité n’est plus donnée d’en haut.
Le contenu-programme des journaux ne parvient plus à façonner les lecteurs qui s’en détournent.
Mais attention: l’internet peut aussi être soumis à un certain type de monopole.
Certains y travaillent déjà.
BF