28/03/2014 – 09h00 Ploërmel (Breizh-info.com) – Avec Lamballe (27,35%), c’est à Ploërmel que l’on constate l’abstention la plus faible dans les villes bretonnes : seulement 28,29%. Sans doute parce que la campagne électorale y a été passionnée, avec trois listes qui combinaient différences politiques et surtout opposition de personnes.
En premier, la liste présentée par le maire sortant, Béatrice le Marre (PS), élue accidentellement en 2008, en second celle de la droite officielle conduite par Patrick Le Diffon (UMP), leader de l’opposition au sein du conseil municipal. Et enfin, celle montée par Paul Anselin (divers droite), maire de Ploërmel de 1977 à 2008 (31 ans et cinq mandats), conseiller général de 1979 à 1988 et conseiller régional de 1985 à 2010.
En 2008, il est battu par Béatrice Le Marre, grâce à la présence d’une troisième liste dirigée par Bernard Oger, ancien adjoint de Paul Anselin tombé en disgrâce.
Depuis cette « annus horibilis », Paul Anselin rêvait jour et nuit à sa revanche.
Ses anciens colistiers de 2008 – en particulier Patrick Le Diffon qui fut son adjoint de 2002 à 2008 – ne voulant plus faire équipe avec lui, M. Anselin concocte une liste présentée comme « apolitique ». Mais les électeurs n’ont placé celle-ci qu’en seconde position (29,64%), derrière celle de M. Le Diffon (38,63%).
Malgré son maintien annoncé au deuxième tour, cette tentative de retour sur le devant de la scène se solde par un échec humiliant.
Quand à Béatrice Le Marre (27,70%), elle devra se contenter de son mandat de conseiller régional et retourner enseigner l’anglais au collège Madame de Sévigné. Là, elle aura le temps de réléchir à quelques fondamentaux de la politique qu’elle s’était empressé d’ignorer dès son installation à la mairie.
C’est ainsi que dans les petites villes, rendre service aux administrés entre dans les attributions d’un maire – même si ce n’est pas écrit dans le code électoral. Ce que savait faire Paul Anselin, qui se décarcassait pour trouver du travail aux Ploërmelais, que ce soit en Bretagne ou à la ville de Paris lorsque Jacques Chirac était maire de la capitale.
Pour Mme Le Marre, tout cela n’est que vulgaire clientélisme. « Au début du mandat, les gens venaient me demander du boulot, des avantages, raconte t-elle. Il a fallu réhabituer les gens à la citoyenneté, mais celle-ci se reconquiert tout doucement » (Libération, 10 mars 2014).
Il serait pourtant inexact de prétendre que Mme Le Marre n’a rien fait pour l’emploi ; dès son arrivée, elle a embauché une équipe de « chargés de mission » qui, dans la pratique, remplaçaient les adjoints – ces derniers étant placardisés.
La « citoyenneté » c’est donc très bien, mais le « boulot » c’est mieux ; c’est le message que les Ploërmelais ont envoyé à Béatrice Le Marre : 27,70% des suffrages pour un maire sortant, cela ressemble fort à une sanction …
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