09/03/2014 – 08H00 Saint-Nazaire (Breizh-info.com) – Réuni le 7 mars, le conseil de surveillance de la SNCM a validé la commande de quatre nouveaux navires, des ferrys qui seront propulsés au GNL. Cette décision confirme les engagements de l’Etat pour redresser la compagnie ; elle s’accompagne d’un plan de départs volontaires pour 500 postes (sur 2600 emplois au total) et d’un accord sur l’augmentation du nombre d’heures travaillées dans l’année.
La lettre d’intention de commande n’est cependant toujours pas signée ; elle le sera le 18 mars avec la dernière offre ferme de l’un des deux chantiers encore en compétition – STX à Saint-Nazaire et Fincantieri à Trieste. Au sein de la compagnie, les syndicats font le forcing pour que Saint-Nazaire soit choisie, tandis que Transdev (66% du capital) penche plutôt pour l’Italie. L’Etat, qui détient un quart du capital, est pris entre deux feux : le chantier de Saint-Nazaire risque d’être plus cher mais choisir l’Italie serait très mal compris en termes de patriotisme économique et de redressement productif. D’autant plus que par le passé plusieurs navires de la SNCM ont été faits dans les chantiers navals bretons, dont Dubigeon à Nantes quand ils existaient encore.
Cependant il est à craindre que pour être « compétitifs », les ouvriers des Chantiers ne se voient imposer des augmentations de cadences, des réductions de leurs acquis sociaux ou l’emploi toujours plus important de « travailleurs détachés » étrangers nettement moins chers qu’eux. La différence de prix entre des navires faits à Saint-Nazaire et ceux qui sont faits ailleurs – chez Fincantieri par exemple – est de l’ordre d’une dizaine de millions d’euros par bateau, a révélé un différend salarial fin 2013 autour d’une méga-commande MSC (qui devrait néanmoins se concrétiser), ce qui fait beaucoup dès que deux, trois, quatre unités sont en jeu.
Une autre question de taille concerne l’actionnariat. Transdev souhaite en effet se retirer du capital d’une compagnie qui ne lui rapporte rien sinon de gros soucis. Le PDG de Veolia, Antoine Frérot, est par ailleurs en passe d’être débarqué de la direction de la compagnie, sous la pression de plusieurs actionnaires clé dont la famille Dassault. Autre question importante : dernières semaines encore, Antoine Frérot a défendu la possibilité pour le tribunal de commerce de protéger la SNCM alors que Bruxelles lui réclame toujours 440 millions d’euros d’aides injustement perçues. Des déclarations qui ont fait bondir au sein de la compagnie, protégée il est vrai par la volonté jusqu’alors inébranlable de l’Etat de lui épargner ce remboursement – qui la coulerait, de même que la collectivité territoriale Corse – et de le prendre à sa charge, malgré la situation budgétaire catastrophique de la France. Le contribuable breton paiera.
Photo : shipmania.net
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