Il s’agit ici du premier volume d’une « Histoire personnelle de la France » remise à des spécialistes de chaque période. A eux d’en donner un éclairage pertinent. L’auteur ne nous cache pas que cette France des profondeurs est forcément une reconstitution. Comment, en effet, rattacher les peuples de la Gaule, longtemps libres et divisés à la Gaule romanisée (selon des épaisseurs variables) aux royaumes barbares, burgonde, wisigoth, franc, à cette entité mérovingienne qui se mue en partie presque centrale d’un empire dit carolingien ? Autant de solutions de continuité que de passerelles et de filiations. Au point que de bonnes âmes en sont venues à nier ces racines « abusivement » retrouvées par les « pseudo-historiens » du XIXème siècle, les Augustin Thierry, Jules Michelet, Camille Jullian. Un négationnisme qui n’est pas sans arrière-pensées. Dumézil n’est pas de cette coterie. Son parcours est clair, incisif et le verdict sans appel : « Il est bon de se dire parfois que le passé lointain et l’avenir d’un pays sont unis par un destin commun… ». Aux chercheurs d’affiner ces origines et ces attaches, sans idéologisme, d’un bord ou de l’autre.
Jean Heurtin
Des Gaulois aux Carolingiens par Bruno Dumézil P.U.F., 230 pages, 14 euros.
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