19/02/2014 – 08H00 Carhaix (Breizh-info.com) – Denez Prigent vient d’annoncer la sortie d’un nouvel album et sa participation, le dimanche 20 avril prochain à 17h sur la scène de l’espace Glenmor de Carhaix, à un concert intitulé « Beajet’m eus ». Une nouvelle qui pourrait ne pas ravir au final tous ses fans, le chanteur ayant décidé en effet qu’hormis deux ou trois classiques, il interprétera des chansons originales, échos « d’une musique métissée, ouverte sur le monde qui laisse plus d’espace à sa voix » (sic).
Denez Prigent a sans doute été le plus grand chanteur-compositeur en langue bretonne de la fin des années 90 au début des années 2000. Ses albums « Irvi » (2000) ou « Me ‘zalc’h ennon ur fulenn aou » (1997) sont restés dans toutes les mémoires et la sublime chanson « Gortoz a ran« , intégrée dans la bande originale du film de Ridley Scott « La chute du faucon noir » aura permis au monde entier de découvrir, après Alan Stivell, la beauté du chant enraciné breton.
Depuis plusieurs années, le barde Breton le plus doué de sa génération est pourtant resté silencieux. Il joue uniquement lors de quelques concerts et festivals ciblés -3 prestations par an en moyenne depuis 2003 – même s’il est vrai que sa musique se prête plus à l’écoute qu’aux concerts. Il n’aura sorti aucune nouvelle production depuis « Sarac »h » en 2003 et un best-of en 2011.
A Carhaix, on aura donc droit à un concert sans instrument électronique. Il sera accompagné de musiciens utilisant la contrebasse, le violon, la guitare, le saxophone soprano, le duduk, l’accordéon diatonique et des percussions comme le cajon, le daf et le bendir… très éloigné donc de la musique traditionnelle, enracinée et en même temps électronique et futuriste à laquelle il nous avait habitués jusqu’à présent.
Cette « métamorphose » – confirmée ou pas par le concert de Carhaix – n’est pas sans rappeler l’épine que s’était mise dans le pied Alan Stivell avec son album « 1 Douar » sorti en 1998, dans lequel intervenaient Youssou N’dour, Khaled, ou encore Ashley Maher aux côtés… des soeurs Goadec.
Un album encensé par la critique de l’époque, mais qui n’avait pas plu au grand public. Si bien qu’Alan Stivell avait aussitôt redressé la barre avec son « back to Breizh » sorti en 2000 comme une forme d’excuse, mais aussi de besoin de retrouver ce public perdu.
Si l’obsession du métissage et du politiquement correct a pénétré depuis des années maintenant les Stivell , Tri Yann ou Servat qui oublient qu’ils sont devenus grands avant tout par leurs chansons enracinées et britto-centrées, la discrétion médiatique de Denez Prigent laissait à penser qu’il faisait partie de cette minorité d’artistes qui se refuse à céder aux sirènes du politiquement correct et de la pensée unique.
La reprise par le chanteur de l’expression « musique métissée, ouverte sur le monde » pour définir sa musique, expression si banale aujourd’hui qu’elle en ferait oublier la musique de ceux qui l’emploient, tendrait à démontrer qu’il a lui aussi succombé à cette mode. Au risque d’y perdre à la fois son originalité et son public.
Un public breton désormais à l’écoute de chanteurs et de musiciens qui, à l’instar d’une Nolwenn Leroy, leur parle de leur langue, de leur culture, de leur histoire et de leur tradition, de leurs joies et de leurs peines singulières, de leurs contes et légendes. Un public qui a compris que pour savoir où l’on va, encore faut-il connaître d’où l’on vient.
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12 réponses à “Carhaix. Denez Prigent est-il devenu « politiquement correct » ?”
La « discrétion médiatique » de Denez Prigent était-elle la cause ou la conséquence de son enracinement ? Corrélativement, sa génuflexion devant le « métissage » est-elle spontanée ou destinée à accéder aux médias ? Dans la micro-culture de la presse contemporaine, le mot « métissage » est à peu près aussi sacré que le mot « piété » dans la presse catho de jadis. Sa conversion pourrait ouvrir à Denez Prigent les colonnes de journaux dévots. Mais même sur le plan du marketing, ce n’est pas forcément judicieux : si la presse perd ses lecteurs n’est-ce pas parce qu’elle n’est plus représentative de leur sensibilité ? Si les lecteurs se tournent vers l’internet, n’est-ce pas parce qu’ils y trouvent ce qui n’est plus dans les journaux ?
Hélas, ce n’est pas la seule hypothèse. Ce ne serait pas la première fois qu’on verrait un artiste arrivé au bout de son art chercher à se renouveler « en largeur », par la dispersion, alors que l’artiste progresse le plus souvent « en profondeur ». Jusqu’où ira le « métissage » de Denez Prigent ? Tant que je ne l’aurai pas entendu chanter en ouolof des airs japonais accompagnés au bouzouki et à la flûte andine, je me dirai que tout n’est pas perdu.
Dénès PRIGENT , pour ma part, est un chanteur à la voix merveilleusement mélodieuse qui appelle une grande écoute , du moins pour les personnes sensibles à la belle musique et aux beaux chants, que ce soit sur une scène ou dans une église, Dénès dégage une émotion toute particulière qui remue « les tripes ». Que tous ceux qui ne savent pas « écouter » ni « entendre » les belles voix, aient au moins le courage d’éviter de faire des témoignages maladroits.
Da Galon.
Yolande.
Moi,je suis curieuse et confiante,alors j’attends d’écouter et d’entendre avant de flipper…et de douter.
je suis d’accord avec michelle, d’autant plus que j’avai adorré le métissage de 1 douar et retrouvé mes origines avec back to Breizh !!
Permettez moi de vous dire que cet article est stupide. Est-ce que pour vous l’identité bretonne se mesure en terme de type d’instrument, de textes toujours identiques? C’est une vision complètement étroite, peut-être une vision au niveau « politique », mais sûrement pas au niveau du coeur ni de la spiritualité que porte la langue et la culture bretonne. Pour moi, Denez Prigent peut chanter en ouolof des airs japonais accompagné au bozouki comme le dit « pschitt », il dégagera toujours profondement ce qu’est la Bretagne; bien plus, sans aucune mesure, que Nolwen Leroy avec ses trémoussements en chantant Tri Martelod! ça n’importe qui peut le faire. Ils ne jouent vraiment pas dans la même cour.
Cet article est atterrant. C’est la première et vraisemblablement la dernière fois que je consulterai ce site.
franchement ça va pas la tête, sortez de votre trou. Denez da viken.
Denez Prigent est avec Alan, Glenmor, et quelques autres trop rares, le barde, chanteur et poète, qui aura largement contribué à la renaissance de la langue, la belle, fraternelle et joyeuse langue bretonne, dans sa musicalité comme dans sa richesse phonétique. Et il faut bien du courage – la rage au coeur – pour faire exister une culture régionale et minoritaire (en d’autres temps, on aurait dit nationalitaire) dans un monde globalisé où l’on subit le diktat de la marchandise et la perte des repères identitaires. Viva Denez et la belle musique !
si on chante et joue la musique autre que bretonne…où est la bretagne? autant en faire de même pour la gastronomie, on va se mettre au couscous et chanter arabe.. après quoi on se dira « ouvert » à tout et encore plus « breton » .. je n’y comprends plus rien..
Comparer Denez Prigent avec Nolwen Leroy, j’hallucine, et reprocher à celui ci son ouverture d’esprit sous prétexte qu’il s’intéresse à d’autres horizons, nous voilà, je crois, bien loin de ce bretonnisme étroit, oui je suis breton mais aussi francais et européen.
Nolwen Leroy cède aux sirènes de la musique commerciale, se saisissant de stéréotypes surrannés. Heureusement que la musique traditionnelle bretonne d’aujourd’hui EST métissée, et qu’il n’y a absolument rien de « politiquement correct » là-dedans.
Au secours!
Nolwenn Leroy versus Denez Prigent et Alan Stevel? Il n’y a aucune comparaison..La politique vous fait perdre tout votre sens critique! Leur talent à eux est immense et la musique bretonne est métissée depuis son origine, ne vous en déplaise!