15/02/2014 ‑ 10H00 Nantes (Breizh-info.com) – Il ne faut pas compter sur Johanna Rolland pour critiquer le “ralliement aujourd’hui universel de la gauche moderne au culte de la croissance, de la compétitivité et de la mondialisation”. Elle n’aurait non plus rien à redire quant à la “dissolution progressive de l’idéal socialiste d’une société sans classe (concept qui a aujourd’hui disparu de tous les programmes politiques de la gauche) dans la nuit libérale où toutes les vaches sont grises.” Ce que Jean-Claude Michéa décrit dans “les mystères de la gauche” correspond parfaitement à l’univers intellectuel de Johanna Rolland : libéralisme économique et libéralisme culturel se combinent parfaitement, d’autant plus que ces deux notions “sont – d’un point de vue philosophique – logiquement indissociables“.
Dans un prochain ouvrage, M. Michea pourrait faire une petite place à Mme Rolland ; ce bon petit soldat su social-libéralisme le mérite.
Il parait que la dauphine de Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes revendique une espèce de “pragmatisme de proximité”, expérimenté lors de son passage au Creusot en 2005. Elle y a mis en place les instances de démocratie participative avant de prendre la responsabilité des politiques de la ville.
Mme Rolland parle d’une volonté de “transformation sociale avec au cœur de cette question, celle de l’égalité au plus près des gens”. “La politique nationale sera chargée par les territoires. Nous sommes des laboratoires d’innovation. La politique n’est pas une fin en soi. Les incantations, ce n’est pas mon truc.” (libération, 29 janvier 2014).
Avec ses “laboratoires d’innovation”, Mme Rolland s’inscrit dans le courant de la “gauche moderne”, davantage préoccupée par le sociétal que par le social. Ce qui correspond parfaitement aux attentes d’une bourgeoisie urbaine “de gauche” mais pas “socialiste”.
Elle-même ne s’est encartée que tardivement au PS, en 2004, avant de devenir assistante parlementaire du député Ayrault. Autant dire que Mme Rolland n’a jamais eu la tripe “socialiste”.
L’actualité veut qu’elle ait à prendre position rapidement sur deux dossiers brûlants. Sur Notre-Dame-des-Landes, elle devra trancher. Ronan Dantec (EELV), sénateur de Loire-Atlantique, a sa petite idée sur la question “pour le moment, elle ne peut pas ne pas construire ce projet initié par Jean-Marc Ayrault. Mais c’est un caillou dans sa chaussure.” (Libération, 29 janvier 2014).
Sur la Bretagne, sur la remise en question des limites régionales : “La question ne l’enthousiasme pas“, peut-on lire dans le magazine “Bretons” (février 2014) à propos de cette femme originaire de Vertou.
Deux affaires sensibles qui l’obligent à beaucoup de prudence ; il lui faut en effet tenir compte de son coach (M. Ayrault) et de la réalité politique et électorale (quel rapport de force pourra-t-elle créer ?). D’où la nécessité de la jouer modeste ; “je n’ai pas de plan de carrière. Demain, je peux arrêter et faire autre chose.” (Bretons, février 2014).
Chiche !
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