25-01-2014 – 19H00 Nantes (Breizh-info.com) – A Nantes aussi, les centristes sont totalement éclatés. Les uns ont rejoint la liste « société civile » de Pierre Gobet. D’autres se sont laissés séduire par des places toutes chaudes sur la liste officielle UMP-UDI-PCD de Laurence Garnier. D’autres enfin – au Modem – en ont eu assez de cette attitude et lancent leur propre liste. Xavier Bruckert, secrétaire départemental du Modem, conduira cette liste, avec l’assentiment des instances nationales du parti, pourtant alliées à l’UDI. Cacophonie garantie.
Un étranger (encore !) pour Nantes
« Je ne suis pas Breton », nous confie-t-il. « Ma femme l’est. Moi-même, je suis né à Paris, je suis issu d’un mélange familial d’alsacien et de flamand ». On ne pourra pas le lui reprocher. Laurence Garnier, la candidate officielle de la droite, née à Lille, n’est nantaise que de fraîche date. Christian Bouchet, pour le Rassemblement Bleu Marine, est angevin d’origine. N’oublions pas François Pinte – secrétaire départemental UMP et filloniste en chef – qui n’a cessé d’être versaillais.
Des bases sans surprise, l’ambition pour les infrastructures
Sans grande surprise, son projet entend « tourner le dos à un système politique à bout de souffle » et « est ouvert aux centristes et aux républicains de sensibilité politique de droite comme de gauche ». « Assurer le rayonnement international de Nantes », favoriser l’innovation, laisser sa place à l’économie solidaire et rendre sa vigueur au commerce du centre-ville n’ont rien de surprenant non plus. Encore faut-il en avoir les moyens.
Et c’est là que ça se corse. La liste propose en effet des projets d’infrastructure ambitieux, calqués sur les projets développés par l’association Nexus . Elle est composée de citoyens de Haute-Bretagne (44 et 35), d’Anjou et d’Ille-et-Vilaine. Ils font quotidiennement des déplacements vers Nantes dans le cadre de leur travail par exemple. Nexus se pose en force de propositions et de projets. L’étoile ferroviaire nantaise, le pont ferroviaire de la gare de l’Etat à Chantenay, la mise en place d’une desserte ferroviaire vers l’aéroport existant ou encore la suppression du passage à niveau entre la ligne 1 du tramway et le tram-train Nantes-Châteaubriant à la Haluchère – afin de faire évoluer ce dernier en TER rapide de Nantes à Rennes – portent ainsi la marque de cette association.
Pour un autre projet, c’est une demande récurrente du président du FC Nantes à tous les candidats que le Modem entend satisfaire. Il veut ainsi un grand stade qui puisse être à la fois « une arène de 26000 à 32000 places pour des sports indoor » et « un stade couvert pour les concerts jusqu’à 50 000 places ». Demande du FC Nantes qui est loin de faire l’unanimité, car un grand stade coûte cher – notamment en subventions – et il faut pouvoir le remplir.
Une liste qui n’aura pas d’appui des anciens du Modem
Tout le monde a en tête le score inespéré réalisé en 2008 par Benoît Blineau. Avec 6.48% des voix, il s’était fait élire ainsi qu’Isabelle Loirat. Seulement, bien que le Modem ait un réel ancrage local à Nantes – contrairement à une UDI presque inexistante – il semble bien que ce score soit du passé. Benoît Blineau lui-même, après avoir caressé l’espoir de conduire une liste qui aille des Verts au centre-droit, a rejoint la tête de liste EELV Pascale Chiron avec armes et bagages. Isabelle Loirat, chargée de faire la médiation avec les Verts, en a été tellement épuisée qu’elle souhaite se retirer complètement de la politique.
Voilà qui ne semble pas chagriner Xavier Bruckert : « l’avantage d’avoir des inconnus, c’est qu’on va se concentrer sur les idées ». Il balaie le risque de faire échouer l’alternance politique à Nantes : « aujourd’hui la droite est incapable de faire basculer quoi que ce soit. Elle est désunie, elle fait campagne en allant chercher les déçus à droite comme à gauche, enfin surtout à droite. Moi, je ne veux pas du marché aux déçus. »
Cela dit, sa liste est un appel du pied aux rapprochements éventuels : « on a fait des ouvertures, on dit aux autres : voilà notre projet, nos idées, est-ce que ça vous intéresse ? » Cependant Xavier Bruckert confesse ne pas être vraiment proche de la liste de Laurence Garnier. « Il y a un manque d’atomes crochus en terme de projets, de cohérence sur la ville. Nous, on veut des infrastructures structurantes, cohérentes entre elles et avec le développement économique qu’on souhaite à Nantes, ce n’est pas leur cas ». N’est-ce pas une façon détournée de tacler l’idée passablement farfelue de Laurence Garnier (UMP) de dépenser 7 millions d’euros pour jucher une sorte de pylône EDF sur la Tour Bretagne, une tour de bureaux du centre-ville. Une dépense purement somptuaire qui ne changera probablement rien au quotidien des Nantais.
La Bretagne et la conviction, grandes oubliées du projet
Aucun des médias conventionnels, qui ont rendu compte du projet Modem, n’a souligné un oubli important de celui-ci. C’est dire combien le paysage médiatique nantais ne s’intéresse pas à l’identité historique et culturelle de Nantes et de la Loire-Atlantique. Le projet Modem fait l’impasse sur la Bretagne, rien que ça.
Nous avons posé la question à Xavier Bruckert : « N’ayant aucune attache bretonne, je suis personnellement partisan d’un référendum. Un quidam, fut-il premier Ministre, ne peut décider à la place de la population concernée du rattachement ou du non-rattachement ». Il est aussi « pour la signalisation bilingue bretonne » en ville « et le développement d’activités culturelles en lien avec la Bretagne ».
Seulement on peut légitimement douter de la conviction qu’il met dans ces prises de position, s’il s’apprête à défendre ces convictions de la même façon que pour le dossier de l’aéroport de Notre-Dame des Landes. « Je suis personnellement opposé à l’aéroport, mais je n’en ferai pas une guerre de religion. Il faut être démocrate »… et accepter d’avaler son chapeau régulièrement au nom du sacro-saint consensus. Les Nantais et surtout ceux d’entre eux, qui tiennent au retour de la Loire-Atlantique en Bretagne, peuvent se le tenir pour dit.
Louis-Benoît Greffe
2 réponses à “Municipales de Nantes : le Modem lance une liste pour des infrastructures ambitieuses”
Encore un excellent exemple de l’incoherence UDI & Modem, ces gens la ne sont boostes que par leur ego.
Negocier une alliance pour enfin changer la gestion locale ne les interesse pas outre mesure car leur seul interet c’est faire du tapage mediatiaque et etre sur le devant de la scene!
Circulez rien a voir…
Finalement à la lecture de cet article, existe-t-il à Nantes une liste de sensibilité bretonne. Si tel est le cas, cela est fort dommage car j’ai peur que les débats sur les élections municipales à Nantes ne seront qu’une copie de l’affrontement stérile Droite-Gauche que les médias français nous rabâchent à longueur de journée.
De plus comme la manifestation prévue pour le rattachement de la Loire-atlantique est prévue le 16 avril à Nantes, c’est à dire bien après les élections municipales, on risque même d’avoir à la tête de la maire de Nantes encore un opposant à cette réunification.
Au contraire (il n’est pas trop tard!), il faudrait pouvoir faire de ces élections municipales de Nantes une tribune pour la réunification en partant du principe que le futur maire de Nantes aura de toute façon à gérer ce « problème » et que comme tout bon élu, un homme politique de doit de projeter dans l’avenir et non surfer sur la vague du moment. Et donc dans ce cas là autant pour les Nantais de choisir quelqu’un qui serait favorable à cette réunification inéluctable et non pas choisir un éternel politicard soumis aux dictats de son parti
Autre point : savez-vous si Bretagne Réunie ou tout autre organisation ont l’intention de contacter les candidats aux élections municipales dans les principales villes bretonnes pour connaître leur avis sur le sujet ?