25-01-2014 – 09H00 Ancenis (Breizh-info.com) – En 2008, le Conseil Général de Loire-Atlantique cherchait, afin de loger ses services sociaux décentralisés, un terrain à Ancenis pour y bâtir ses bureaux. Il demanda à la Mairie de lui en indiquer un ou de lui vendre une parcelle. La Mairie ne trouva rien de mieux que de proposer la cour du château médiéval.
Aussitôt une association de riverains et amoureux du patrimoine, l’A2PCA (Association Protection et Promotion du Château d’Ancenis), se constitua pour empêcher cette infamie. La Mairie s’obstina et ne proposa rien d’autre au Conseil, alors que des alternatives étaient possibles.
Elle délivra le permis de construire pour un bâtiment moderne contestable tant dans son esthétique que son volume. Celui-ci se trouvait au milieu d’un monument historique classé, alors que les riverains ont mille misères et subissent maintes tracasseries pour la moindre modification de la part des Bâtiments de France. Mais là, ils n’y trouvèrent rien à redire. L’architecte étant juge et partie…
Devant cette injure au site, l’A2PCA alerta la presse, les associations historiques, de protection du patrimoine, locales et nationales. Elle pétitionna et recueillit 3.800 signatures. Elle intenta un procès à la Mairie UMP et au Conseil Général PS complices dans cette folie. Rien n’y fit. Le Conseil, malgré les avis d’attendre la fin des procédures judiciaires, se hâta de construire, comme pour mettre les habitants devant le fait accompli. Une visite de Frédéric Mitterrand, alors ministre de la culture, très mécontent du fait des découverte archéologiques importantes, ne changèrent rien à l’acharnement des deux collectivités.
Aucun recours ne fut suspensif, ni ne put annuler ou ralentir les travaux. Et en 2011 le tribunal administratif débouta l’Association tout en reconnaissant le bien-fondé de son combat et en ne la condamnant pas à des indemnités…
Déçue, mais encouragée par son avocat, qui venait d’obtenir l’annulation du permis du projet insensé de la municipalité nantaise sur le site du musée Dobré, elle interjeta appel. Suivant le rapporteur public qui a retenu un manquement à un point d’urbanisme, la cour administrative d’appel de Nantes vient d’annuler le jugement de première instance. Elle déclare le permis de construire illégal, pour non conformité au Plan d’occupation des sols (POS), une question de hauteur. Elle donne pleinement raison à l’A2PCA, et condamne la Ville à lui verser 2.000E.
En toute logique, le bâtiment devrait être démoli. Le hic, c’est qu’il est terminé et occupé depuis octobre par les cinquante agents des services du Conseil Général. Il a coûté 4,8 millions d’euros…. Que vont faire les compères ? Se pourvoir devant le Conseil d’Etat ? Ils ont deux mois…
Que va faire l’Association ? Se contenter de cette victoire morale ou aller jusqu’au terme de son objectif : qu’il n’y ait pas ou plus de construction parasite et incompatible dans l’enceinte du château ?
Plusieurs choses sont déjà certaines. Le pot de terre peut gagner contre le pot de fer. Cela encouragera tous les amoureux du patrimoine à se battre pour la préservation des sites.
Les collectivités y regarderont peut-être à deux fois avant de se lancer dans des projets qui dénaturent des sites historiques, contre l’avis général et le simple bon sens. Enfin cette saga aura permis après des années d’atermoiements de lancer l’urgentissime chantier de restauration du Logis Renaissance qui est en cours. Comme quoi à quelque chose malheur est bon !
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