A l’heure où un nouveau projet d’organisation territoriale de la France commence à agiter le microcosme politicien, les commentateurs, y compris les spécialistes (en sciences politiques, géographie, aménagement…) nous assènent ce qui leur semble une réalité éternelle et indépassable : le centralisme politique français qui s’opposerait à toute forme d’évolution de la France vers le régionalisme.
Un centralisme historique
Il est incontestable que la France a été construite par et autour d’un pouvoir royal qui a progressivement éliminé tous les pouvoirs locaux concurrents et centrifuges (ceux des grands féodaux) et qui a souvent cherché à affaiblir les parlements provinciaux.
Il est tout aussi incontestable que les révolutionnaires, Jacobins et Girondins (ces derniers partageaient avec leurs dangereux concurrents la même idéologie ; il n’existe pas dans la pensée révolutionnaire de fondements d’une pensée politique autonomiste, régionaliste ou fédéraliste ; en conséquence, toute pensée régionaliste, autonomiste ou fédéraliste ne peut qu’être étrangère à l’idéologie révolutionnaire), ont repris à leur compte la politique centripète de leurs prédécesseurs en la conjuguant avec un trait idéologique inconnu jusqu’alors : l’universalisme qui s’est traduit par une véritable obsession d’uniformité.
Cette obsession est toujours vivace dans les cénacles des héritiers de cette révolution qui s’acharnent depuis deux siècles à araser toutes les spécificités culturelles et linguistiques héritées du passé. Cette semaine, le Maire de Rennes, Daniel Delaveau, qui est un ami de J.M. Ayrault, a déclaré dans le cadre d’un débat concernant l’éventualité du rattachement de la Loire-Atlantique à la région Bretagne que l’identité ne devait rien au passé.
Monsieur Delaveau n’a de toute évidence aucune idée de tout ce que nos institutions et notre culture doivent à notre histoire, en matière de droit ou de philosophie par exemple ! Ne doit-il pas d’ailleurs son identité de Jacobin impénitent à une révolution du dix-huitième siècle ? Notre identité collective n’est pas entièrement liée à notre histoire, elle a aussi une dimension contemporaine, mais il est évident que les rémanences historiques sont nombreuses et puissantes.
Charles de Gaulle localiste ?
Le Général de Gaulle qui fut un chef d’Etat atypique, pensait que ‘’l’effort multiséculaire de centralisation qui fut longtemps nécessaire à notre pays pour réaliser et maintenir son unité malgré les divergences des provinces qui lui étaient successivement rattachées, ne s’impose plus désormais. Au contraire, ce sont les activités régionales qui apparaissent comme les ressorts de sa puissance économique de demain’’ (Discours de Lyon, le 24 Mars 1968).
Lors de la conférence de presse du 9 Septembre 1968, il précisait sa pensée en ajoutant que ‘’La Région apparaît aujourd’hui comme l’élément local essentiel. En effet, son caractère ethnique et géographique, sa dimension, ses ressources, lui permettent d’avoir une vie propre et cette vie propre, il faut qu’elle l’ait pour que notre pays mette en valeur tout ce qu’il vaut dans chacune de ses parties et cesse, en se vidant lui-même, d’amasser sa substance à Paris et aux alentours’’.
Dans ces quelques phrases, le Général a exprimé une conception de la France qui se situe aux antipodes de la pensée révolutionnaire laquelle lui était totalement étrangère ; il avait une ‘’certaine idée de la France’’ qu’on peut qualifier de localiste (valorisation du ‘’caractère des populations’’, des anciennes provinces et de leur histoire comme il l’exprima lors de son entretien avec Michel Droit le 10 Avril 1969 ; valorisation d’une langue locale comme il le fit à Quimper le 2 Février 1969 en déclamant quelques vers d’un poème écrit en langue bretonne par son oncle Charles de Gaulle qui fut un défenseur militant de notre langue ; volonté de créer les conditions d’un développement économique local dans l’ensemble du pays…) et son idée du patriotisme français était celle d’un patriotisme construit à partir des patriotismes provinciaux lesquels seraient comme enchâssés dans le premier ainsi que l’a fait remarquer le Professeur Jean-Marie Denquin (in ‘’Décentraliser en France’’).
Cette conception très holiste du patriotisme, qui n’exclut pas les patriotismes et les enracinements provinciaux mais qui, au contraire, s’en nourrit, est totalement différente de celle des révolutionnaires. Ceux-ci et leurs héritiers abhorr(ai)ent les corps intermédiaires et ne connaiss(ai)ent que l’individu et la nation conçue comme une société ouverte d’individus ‘’idéologiquement corrects’’.
Un sondage réconfortant
Si le centralisme prévaut encore chez les politiciens et dans les milieux universitaires, scolaires et médiatiques, il semble bien qu’il ne fasse plus recette dans les profondeurs du peuple français. Selon un sondage réalisé en Avril 2011 par Via Voice pour l’Association des Régions de France, 43% des Français se disaient partisans d’un système politique beaucoup plus décentralisé voire fédéral, 42% ne partageaient pas ce point de vue et 15% n’avaient pas d’opinion ; mais ce sont les plus jeunes qui sont les plus favorables à la régionalisation (57% des 18-24 ans et 50% des 25-34 ans) ce qui permet de penser que la tendance est au reflux du centralisme et que la courte majorité d’aujourd’hui deviendra une franche majorité dans un proche avenir.
Compte tenu de cette évolution de l’opinion, il est possible d’envisager à moyen terme un changement substantiel de la nature des institutions françaises et la transformation de l’Etat centralisé et uniformisateur en un Etat des régions de France tel que le concevait le Général de Gaulle.
B. Guillard
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3 réponses à “Adieu au centralisme ? Par Bruno Guillard [tribune libre]”
attention . le régionalisme n’est pas sans arrière pensée. C’est l’application directe de la directive européenne de Walter Halstein 1er commissaire Européen. Un nazi notoire, éminent juriste allemand il reprit le plan qu’il avait conçu en 1938 lors de l’entrevue d’Hitler et de Mussolini pour diriger une europe fasciste. l’Europe des régions. le but est évident: diviser pour mieux régner. Nous sommes loin de la vision gaullienne (de gaulle sachant a qui il avait affaire s’est empresse de faire virer ce monsieur) il est intéressant de voir le découpage des euro régions. Sous couvert d’une idée qui parait plutôt sympathique ou chacun retrouve un petit chez soi cohérent et conviviale nous sommes dans un jeu de pouvoir européen avec des visées des USA. pour ceux que cela interesse
http://www.upr.fr/videos/conferences-en-ligne/euro-regions-allons-nous-laisser-detruire-les-nations
sur la personnalite de walter hallstein
http://article-50.eu/walter-hallstein-qui-etait-vraiment-le-premier-president-de-la-commission-europeenne/
MdePONTKALLEG
LES BONNETS ROUGES BRETONS, parallèlement aux BONNETS ROUGES NANTAIS, vont animer NANTES, ce samedi !
SUS À L’ÉTAT JACOBIN ! ON N’EN PEUT PLUS DU MÉPRIS ! DE LA MORGUE DE GENS COMME BEL KACEM, TAUBIRA, PEILLON !
Information aux candidats à la Mairie de Nantes, comme c’est éminemment politique !
Ce Samedi 25 Janvier, aura lieu à Nantes une action/rassemblement des Bonnets Rouges.
Cette action/rassemblement, est pilotée
par le comité Nantais des Bonnets Rouges, avec le concours et le soutien du Comité Nantais de Bretagne Réunie.
Au programme, prise de paroles, chants et actions devant la statue d’Anne de Bretagne à l’entrée du château, et ce, pour l’anniversaire de sa Naissance (il y aura 537 ans, ce 25 Janvier).
Puis départ pour un rdv sur une célèbre place Nantaise, pour opération tractage/contact avec les Nantais.
Cette action Bretonne, qui, à n’en pas douter, fera ressortir le côté Breton de la Loire Atlantique, et par ce biais, servira la réunification de notre Bretagne.
(RDV Cours Saint Pierre, à côté du château des ducs à 14h00)
à Samedi