21-01-2014 – 08H00 Paris (Breizh-info.com) – Mieux vaut être le premier à Nantes que le dernier à Paris. Voilà une réflexion que doit se faire sérieusement Jean-Marc Ayrault.
Dans la cité des ducs de Bretagne, il était le patron, le boss, le chef, le tout-puissant même qui dirigeait d’une main de fer élus, présent ou futurs, apparatchiks, obligés économiques et politiques de tout poil…
À Paris, autre ambiance : pouvoir de nuisance des alliés indociles et rapport de force au sein du PS entre les différents courants obligent à transiger. Il faut négocier souvent… sans oublier le grand patron — l’homme de l’Élysée — dont les intérêts ne correspondent pas forcément à ceux du chef du gouvernement.
Et là, il faut obéir, manger son chapeau. Échanger un contrat de travail de six ans (maire de Nantes) contre un contrat à durée très indéterminée (Premier ministre) ne fut peut-être pas très judicieux. D’autant plus que, pour différentes raisons, il y avait nécessité de céder la place à Johanna Rolland.
À ces premières complications viennent s’ajouter cinq millions de chômeurs (catégories A-B-C-D-E) et une croissance minimale. Résultat des courses, la cote de confiance de Jean-Marc Ayrault est tombée à 18 % en décembre 2013 (sondage TNS-Sofres pour le Figaro). Un record.
On n’avait jamais vu cela sous la Vème République. Dix-neuf mois après leur nomination, Lionel Jospin était à 63 % (1997), Édouard Balladur (1993) et Michel Rocard (1988) à 58%, Laurent Fabius (1984) et Pierre Mauroy (1981) à 44 %, Jacques Chirac (1986) à 43 %, François Fillon (2007) à 40 %, Jean-Pierre Raffarin à 28 % (2002), Dominique de Villepin à 28 % ( 2005) , et Jean-Marc Ayrault à 18 %…
Une chute vertigineuse, puisqu’en un an et demi, la confiance envers Jean-Marc Ayrault s’est effondrée, elle qui était de 54% au départ en juillet 2012. Cette implosion de la popularité du Premier ministre fait qu’aujourd’hui, celui-ci ne dépasse la barre des 50 % dans aucune catégorie de la population. Même chez les sympathisants socialistes, la défiance (50 %) l’emporte sur la confiance (47 %). Dans certaines populations importantes aux yeux de la gauche, la confiance vis-à-vis du chef du gouvernement est réduite à sa plus simple expression : 12 % chez les jeunes de 18 à 24 ans, 11 % chez les ouvriers, 11 % chez les chômeurs. Voilà ce que nous explique Pascal Perrineau, professeur des universités à Sciences Po (le Figaro, 8 janvier 2014).
Lorsque sonnera l’heure du retour à Nantes, c’est donc un Jean-Marc Ayrault en lambeaux qui rentrera à la maison. Il était parti flamboyant, il revient impuissant. Le poids politique pourrait lui manquer alors que deux dossiers occuperont sans doute le devant de la scène : l’aéroport de Notre-Dame-Des-Landes et le devenir des Pays de la Loire.
Or, seul le leadership de M. Ayrault peut assurer la construction d’un aéroport, qui ressemble fort à une lubie, et la pérennité d’une région inconsistante.
Un léger coin de ciel bleu néanmoins pour le Premier ministre : la cote de confiance en janvier 2014 connait une légère embellie : 21 % des sondés lui font désormais confiance… (TNT Sofres, 10 janvier 2014, Le Figaro Magazine)
Maxence Dervout.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2013, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.