19-01-2014 –10H00 Vitré (Breizh-info.com) – Pierre Méhaignerie (UDI), maire de Vitré, ancien député, ancien président du conseil général d’Ille-et-Vilaine, ancien ministre, a été fait chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur – promotion du Nouvel An – au titre du ministère chargé des relations avec le Parlement.
Sans doute pour services rendus aux socialistes. Pape de la démocratie chrétienne dans les années 1980-1990, il fut président du Centre des démocrates sociaux (CDS).
Dans ses discours et dans son action, Pierre Méhaignerie ne s’est jamais senti Breton. Quand il regardait son nombril, il apercevait la ville de Vitré. Lorsqu’il levait le menton, il discernait « l’Ouest ». Son analyse, strictement économique, ignorait la Bretagne et glorifiait un « Grand Ouest » dont il était bien incapable de dessiner les contours.
Aucune dimension historique ou culturelle dans ses propos. Un pur gestionnaire sans racines.
Le Pays de Vitré lui doit beaucoup. Il a su faire fructifier le positionnement géographique de son territoire : porte de la Bretagne et terminus de l’autoroute — ce qui intéresse tout particulièrement les entreprises désireuses de s’installer en Bretagne. Bien entendu, le président du conseil général d’Ille-et-Vilaine nommé Méhaignerie s’arrangeait pour que les investisseurs souhaitant implanter une unité industrielle dans son département soient orientés délicatement dans le Pays de Vitré. Vitré d’abord, telle était sa devise !
La démocratie chrétienne lui doit moins. Il porte en effet une grande responsabilité dans l’effondrement de cette famille politique — qui connut son heure de gloire avec le MRP — en Bretagne.
Au lieu de suivre l’exemple bavarois (CSU) et de se doter d’une solide base régionale qui l’aurait rendu incontournable, il rêva à une carrière politique nationale. Ce fut un parcours ministériel sans éclat et finalement court – secrétaire d’État à l’Agriculture puis ministre de l’Équipement -.
Si René Pleven fit une grande carrière ministérielle en occupant des postes prestigieux, c’est bien parce que sa présence au gouvernement était jugée indispensable par les cercles dirigeants parisiens. Tout simplement parce qu’il incarnait à leurs yeux la Bretagne. Tandis que M. Méhaignerie ne représentait que Vitré… ce qui est un peu léger et n’en faisait qu’un politicien de seconde classe.
À la fin du règne de Jacques Chirac, le député-maire de Vitré s’était rallié à Nicolas Sarkozy, espérant être récompensé de ce bon geste avec le maroquin de ministre de l’Économie et des Finances. Mais les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent…
Ce fut la fin de l’expérience nationale de M. Méhaignerie.
En bon centriste, « Pierre » comme l’appellent ses amis, était indécis mais velléitaire… Dès qu’il sentit que les socialistes étaient sur le point d’obtenir la majorité au conseil général d’Ille-et-Vilaine — ce qui signifiait la perte de sa présidence —, il évita de se faire réélire conseiller général à Vitré. Ainsi l’honneur était sauf : il ne connut pas l’humiliation d’être battu par le président du groupe socialiste Jean-Louis Tourenne.
Il caressa d’autres ambitions : maire de Rennes – place occupée par Edmond Hervé à l’époque – président du conseil régional de Bretagne – succession du RPR Yvon Bourges -. Mais là encore, dès qu’il sentait que le combat devenait incertain, il se retirait dans son fief de Vitré, faisant preuve d’un manque de courage flagrant.
Inutile de lui demander qui était Pierre Landais, drapier vitréen enrichi par le commerce international, qui devint, en 1460, trésorier et receveur général de Bretagne, sous le règne du duc François II. Il préféra appeler le centre culturel de Vitré « Jacques Duhamel », du nom d’un politicien démocrate-chrétien qui connut une petite gloire dans les années 1970 et qui, évidemment, n’avait pas grand chose à voir avec la Bretagne.
Si M Méhaignerie mérite la légion d’honneur, il ne mérite donc pas l’ordre de l’hermine.
La circonscription de Vitré relève de l’héritage familial pour Pierre Méhaignerie. En effet, son père, maire de Balazé, petite commune proche de Vitré, en fut le député jusqu’en 1968. Sous l’étiquette MRP évidemment…
Gwendal Lesioux.
Crédit photo : UMP photos (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2013, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.