13-01-2014 – 06H15 Nantes (Breizh-info.com) – L’affaire Dieudonné aura des répercussions politiques. Certains au PS s’en inquiètent. Ils estiment que la procédure judiciaire engagée contre Dieudonné pourrait être un boomerang politique. En effet pour de nombreux électeurs issus de la diversité dans les quartiers difficiles, l’acharnement du pouvoir contre Dieudonné est la preuve que la république française privilégie la sensibilité et la dignité de la communauté juive et s’incline devant les sionistes.
Que cela soit vrai ou faux n’est certes pas le problème. Quand on reprend les chiffres de la présidentielle, le poids du vote immigré en faveur de Hollande a été déterminant. Il a pesé très fort également dans certains scrutins législatifs. Quand on projette ces résultats sur les municipales, ce vote est sans doute l’un des atouts du parti socialiste pour conserver certaines villes et éviter le pire. Or, les amateurs de la quenelle se trouvent en priorité dans cette population issue de l’immigration très anti-sioniste, parfois anti-sémite.
L’extrême droite radicale rejoint certes ce public de Dieudonné en dépit des contradictions raciales, mais au niveau électoral elle est beaucoup plus marginale même si elle ne vote pas forcément pour Marine Le Pen. Ce n’est certes pas cet électorat en tout cas qui est un problème pour le PS. C’est l’autre, le sien, qui vacille. Traiter de racistes et diaboliser ceux qu’on envoyait aux urnes au nom de l’anti-racisme et de la solidarité communautariste est une erreur politique objective…. Une connerie pour un élu PS.
Au lendemain des municipales, Manuel Valls pourrait en payer le prix mais il a pris tous les risques au nom de valeurs, ce qui est respectable. Sauf tout de même qu’il s’en prend à la liberté d’expression préventivement et non aux propos tenus après coup, ce qui est totalement anti-démocratique. Surtout que la saisine du conseil d’état dans l’urgence a donné l’impression que le pouvoir n’acceptait pas une décision de justice et voulait imposer sa loi par le plus haut tribunal administratif. Cela conforte les complotistes, ceux qui pensent qu’il y a une connivence entre les politiques et tous les rouages d’un état soumis à une victimisation prioritaire et tabou par rapport aux autres. D’où la gêne évidente de madame Taubira.
Quant à l’extrême-droite, elle constate que tout cela va finalement déboucher sur un renforcement de la loi Gayssot et de la mise sous tutelle judiciaire d’Etat de l’histoire ainsi que sur l’aggravation des sanctions pénales contre les discours déviants sur certains sujets de plus en plus tabous. C’est le défi à ce tabou qui explique bien sûr la diabolisation de Dieudonné.
En comparaison du laxisme vis à vis des profanations des Femen, comment ne pas exciter une droite catholique déjà révulsée par le mariage gay et qui estime que le pouvoir socialiste est totalitaire et pratique le respect de la dignité à géométrie variable. L’hystérie qui a gagné le pouvoir autour des provocations du polémiste humoriste est-il le signe d’un réveil républicain face à des provocations ou l’aveu d’une soumission idéologique?
La première perception est médiatiquement majoritaire, presque unanime d’ailleurs. La deuxième, plus politique, pourrait avoir des conséquences dans les urnes en commençant par les municipales. C’est le début des dégâts collatéraux sans oublier le risque curieusement sous-estimé d’émeutes urbaines et d’affrontements communautaires juifs/musulmans causés par la stratégie Valls contre le quenellier du diable.
Raoul Fougax
Source : Metamag
Photo : AlexandreHervaud/Flickr (cc)