Les Russes chassent Robespierre de Saint-Pétersbourg

28/12/2013 – 06H00 Saint-Pétersbourg (Breizh-info.com) – Alors que la République refuse toujours de reconnaître ses crimes originels pendant la Révolution, les Russes mettent fin au culte des personnalités de la Terreur. Ainsi, la commission toponymique de la ville de Saint-Pétersbourg a décidé la fin d’un héritage soviétique : le quai Robespierre, qui longe la Neva en plein centre-ville, ne s’appellera plus ainsi. Il retrouvera son nom d’avant 1923, quai de la Résurrection, du nom d’une église qui s’y trouvait au début du XVIIIe siècle. Une façon d’exorciser un lourd passé qui mine tout particulièrement ce coin du centre-ville saint-pétersbourgeois.
Depuis la fin de l’URSS, de nombreuses rues, des villes entières même, qui se sont vues attribuer le nom de leaders révolutionnaires soviétiques ou étrangers (Danton, Marat et Robespierre principalement en ce qui concerne la France) se sont vu rendre leurs noms historiques. Ainsi, Leningrad s’appelle de nouveau Saint-Pétersbourg, Nijni Novgorod, la 5e ville de Russie, ne se nomme plus Gorki (du nom de l’écrivain soviétique), tout comme Sverdlovsk est redevenu Ekaterinbourg, 4e ville de Russie et chef-lieu de la région de l’Oural.
Dans le même élan, de nombreuses églises ont été et continuent à être relevées et restaurées dans toute la Russie, où rejaillit la Foi orthodoxe après des décennies de persécutions antireligieuses. Aujourd’hui, le gouvernement russe se fait chantre des valeurs morales conservatrices, pour asseoir enfin sur des bases solides ce grand pays fragile, miné par vingt ans de chocs politiques, sociaux,  moraux, boursiers, migratoires quasi-incessants.

monument-répression

Ironie de l’Histoire, le bientôt ci-devant quai Robespierre abrite le monument qui rend hommage aux victimes de toutes les répressions politiques : ses deux sphinx de bronzes coulés en 1995 ont deux visages : face aux immeubles du quai, ceux de jeunes femmes. Ce sont des crânes en revanche qui regardent la sinistre prison des Croix sur l’autre rive – qui tient son nom de ses deux bâtiments cruciformes en briques – où au plus fort des répressions staliniennes, jusqu’à 12.000 personnes s’entassaient à vingt dans des cellules de 8m² avant d’être mises à mort ou envoyées au goulag.
Le nouveau nom du quai sera là encore un clin d’œil de l’Histoire, car il connaîtra une forme de résurrection avec le départ courant 2014 de la prison, qui déménage en banlieue. Ses bâtiments accueilleront d’autres visiteurs, volontaires cette fois : ils devraient être transformés en hôtel, fablab et ateliers d’artistes.

Louis-Benoît Greffe

Photos : Breizh-info.com
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