22/12/2013 – 18H00 Notre-Dame des Landes (Breizh-info.com) –Le préfet de Loire-Atlantique a signé le 20 décembre l’arrêté autorisant les travaux de l’aéroport de Notre-Dame des Landes au titre de la loi sur l’eau ; il a été mis en ligne sur le site de la Préfecture le lendemain. Long de plus de 70 pages, le texte détaille les travaux d’infrastructures prévus (pistes, taxiways, aérogare), une partie du programme viaire, notamment l’élargissement de deux routes, et les mesures de compensation des milieux aquatiques et naturels. L’arrêté est détaillé ici.
Plusieurs zones de compensation seront créées pour compenser le bétonnage à Notre-Dame des Landes et la disparition de trois cours d’eau (deux supprimés, un busé) ainsi que de 55 mares. L’ingéniérie écologique s’apprête ainsi à remodeler une région entière : des « enveloppes de compensation » où du bocage et des milieux humides devraient être créés sont ainsi prévues dans plusieurs communes même non riveraines du projet comme Malville ou Treillières. Un autre arrêté autorisant la capture et le déplacement des espèces naturelles protégées, ainsi que la destruction de leurs habitats, est paru. Un dernier autorise les travaux du barreau routier 2×2 voies qui doit desservir l’aéroport et relier la RN165 (route de Vannes) et la RN137 (route de Rennes), doublant aussi de fait le tronçon de périphérique nantais surchargé qui seul permet de les relier au départ de Nantes.
Les « Naturalistes en lutte » en guerre contre une compensation « imposture »
Ces mesures de compensation sont vivement contestées par les opposants qui ont organisé depuis plus d’un an un comité de « naturalistes en lutte » qui comprend notamment divers professionnels de la protection de la nature et près de 200 naturalistes. Ces derniers se sont livrés à des inventaires très précis des espèces naturelles protégées sur le territoire du projet.
Ils ont notamment identifié 49 mares supplémentaires inconnues au bataillon pour AGO-Vinci et « des dizaines d’espèces naturelles qui ne figurent pas sur les rapports de Biotope», la société qui a réalisé le diagnostic environnemental pour le porteur du projet, « dont des espèces protégées qui devraient figurer sur l’étude d’impact » et qui en sont absentes. Des lacunes qui sont monnaie courantes tant les mesures de compensation prévues ou expérimentées et les inventaires faits conduisent à s’interroger sur le sérieux qui président à leur mise en oeuvre.Ainsi, la commission d’experts scientifiques avait prescrit en avril 2013 un inventaire de l’habitat des diverses espèces naturelles protégées tout simplement oubliées par les porteurs du projet – comme un campagnol aquatique – pendant deux ans.
L’inventaire pour le campagnol aquatique a été bâclé en cinq jours, courant septembre. De même, deux mares creusées pour expérimenter la compensation d’une autre, qui devrait disparaître, non loin du moto-cross de la Houssais, restent désespérément vides, surtout l’été, et ne peuvent accueillir des batraciens qui ont besoin d’un minimum d’eau toute l’année. « Creuser un trou à la pelleteuse et attendre qu’il se remplit d’eau ne suffit pas », résume Cyril, un opposant qui vit à proximité. Les naturalistes en lutte dénoncent la « mascarade » d’une compensation écologique qu’ils qualifient « d’imposture » et appellent à stopper les travaux.
Des opposants plus remontés que jamais
Depuis que l’Etat parle de reprendre les travaux, les opposants attendent de pied ferme les engins et les gendarmes mobiles. Près de 200 comités locaux en France, dont une centaine dans les cinq départements bretons, l’Anjou, le Maine et la Normandie relaieront la lutte dans leurs territoires respectifs : collecte et envoi de matériel à Notre-Dame des Landes, manifestation devant des « lieux de pouvoir » tels que les mairies, préfectures ou permanences PS, réunions d’informations et de multiples autres actions.
A ce jour, les opposants sur place règlent les dernières questions d’intendance et de finances, notamment pour nourrir les opposants qui devraient venir en nombre s’opposer aux travaux, comme l’hiver dernier, ou encore protéger au mieux les fermes et cabanes situées sur toute la ZAD, dont les terres sont mises en valeur par les opposants. Il n’est pas impossible en effet – voire très probable – que le gouvernement essaie à nouveau de faire place nette sur l’aire du projet aéroportuaire.
LB Greffe
Photo : Non à l’aéroport (cc)
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