21/12/2013 – 06h00 Florange (Breizh-info.com via Metamag) – Tout de même, comment fait-il ? Comment fait-il pour se justifier auprès de lui–même. Edouard Martin n’a jamais été le « héros » de Florange mais il a été le leader médiatique et une « grande gueule ». Une belle gueule choisie comme telle par les journalistes qui ont toujours besoin d’une tronche pour identifier un combat. Etre un héros, c’est autre chose, c’est prouver qu’on peut mettre sa vie au service de ses convictions. Il n’a jamais été jusque là. Mais grande gueule ça, il l’a été. Il peut d’ailleurs se passer en boucle ses déclarations incendiaires accusant le pouvoir socialiste d’être pire que celui de la droite, de pousser au drame avec risque de mort d’ homme et d’annoncer qu’il sera pour ce pouvoir, un cauchemar.
Finalement, il sera candidat et tête de liste aux européennes. Alors d’accord, il est citoyen avant d’être syndicaliste et il veut mener le combat politique…. aux cotés de ceux qui ont trahi les ouvriers qu’il représentait ? Une conversion politique choquante et qui suscite l’amertume de ses anciens camarades ouvriers et les critiques acerbes de ses futurs adversaires politiques.
Cela étant, la reconversion carriériste de délégués syndicaux n’est pas, en France, quelque chose de rare. Nombreux sont ceux qui se servent du syndicalisme pour exister puis pour aller à la soupe dans de bonnes conditions. C’est l’un des maux du syndicalisme français avec un sectarisme idéologique et une fossilisation sur les acquis du passé. Le constater n’est pas faire injure aux syndicalistes sincères et désintéressés. Cela explique pourquoi il n’y a que 9 % des travailleurs syndiqués et le poids excessif donné aux syndicats. Cela explique pourquoi les ouvriers français votent en majorité Fn et non pour les partis prétendument proches des organisations syndicales.
Dans une interview au Monde daté de jeudi, Edouard Martin assure n’avoir « jamais pensé faire de la politique. Je porte sur elle un regard très critique. Tant de violence, tant de mauvaise foi. Le PS a beaucoup insisté », note-t-il. « Harlem Désir a voulu me rencontrer. J’ai fini par accepter. Je lui ai dit que je n’avais pas l’intention d’adhérer au PS. Il m’a répondu que ce n’était pas un problème » mais qu’il devait rejoindre le groupe socialiste au Parlement européen. Edouard Martin dit avoir « la garantie d’avoir une entière liberté d’expression et d’action ». En revanche, il n’a eu aucun contact avec l’Elysée depuis la venue de François Hollande à Florange le 26 septembre. « Le Front de gauche ne m’a rien proposé et, même s’il l’avait fait, j’aurais refusé », note le sidérurgiste. « Si s’engager en politique, c’est aller là où tout va bien, où on peut tranquillement rester dans l’incantatoire, alors non. Dans la vie, il faut mettre les mains dans le cambouis. Et puis j’ai toujours voté socialiste ». On serait électeur, on ne serait ni convaincu, ni rassuré.
La fédération des mines et de la métallurgie dit « respecter son choix personnel », en expliquant qu’il constitue « une autre forme que celle du syndicalisme d’engagement au service de la société ». Elle salue également l’« ouverture à la société civile que représente la candidature d’un citoyen issu de l’immigration et d’un milieu populaire, doté d’une expérience syndicale ». C’est du syndicalisme de combat et de lucidité.
Mais l’ancienne ministre Nadine Morano, pressentie pour diriger la liste Ump dans le Grand-Est, a dénoncé « la récompense » accordée selon elle à un syndicaliste « qui menait un combat personnel et surtout un combat politique . L’heure de la récompense a sonné mais aussi d’assumer la politique du gouvernement qui l’a trahi », a-t-elle déclaré sur Twitter.
« Il va se retrouver demain au milieu des loups qu’il nous a encouragés à combattre hier. Nous, on est très dubitatifs aujourd’hui sur la sincérité de sa démarche », a déclaré sur i-Télé Frédéric Weber, délégué Force ouvrière (FO) à l’usine de Florange. « Il a toujours dit, le but c’est de pouvoir se regarder le matin dans le miroir. Je pense qu’il a dû les démonter de chez lui les miroirs, parce que je peux vous dire qu’aujourd’hui, ce n’est plus du tout l’homme qui était un frère d’armes hier », a-t-il poursuivi. Frédéric Weber craint que le combat pour Florange en soit décrédibilisé : « Les gens auront toujours le doute de savoir si ça a été fait pour des buts de carrière personnelle ou si on a même été manipulés à un moment dans ce combat ».
Parole maintenant aux électeurs qui seuls peuvent sanctionner ce ralliement qui ressemble a une trahison par intérêt personnel plus qu’à autre chose. « Voter FN, a finement commenté le nouveau politicien socialiste ou assimilé, c’est comme lancer un boomerang : vous vous défoulez mais ça vous revient en pleine gueule »
Il risque en effet d’en avoir bientôt une confirmation très personnelle.
Raoul Fougax
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Crédit photo : socialdemocrate91 (cc)
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Les têtes des sections syndicales CFDT dans les grandes entreprises sont tous acoquinés avec le PS. C’est un secret de polichinelle. Il y a quelques personnes de droite, mais elles ne sont pas mises en valeur par les instances dirigeantes locales.
Quant à FO, ce sont des irresponsables qui n’ont qu’un but : tirer à boulets rouges sur la CFDT. Jaloux de leur capacité de raisonnement.
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Une réponse à “Florange, le visage du mal syndical français”
Les têtes des sections syndicales CFDT dans les grandes entreprises sont tous acoquinés avec le PS. C’est un secret de polichinelle. Il y a quelques personnes de droite, mais elles ne sont pas mises en valeur par les instances dirigeantes locales.
Quant à FO, ce sont des irresponsables qui n’ont qu’un but : tirer à boulets rouges sur la CFDT. Jaloux de leur capacité de raisonnement.
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