14/12/2013 – 08H00 Quimper (Breizh-info.com) – En ces temps incertains, il n’est pas facile d’appartenir à la cohorte des parlementaires socialistes. Même lorsqu’on s’appelle Jean-Jacques Urvoas (PS), député de Quimper et surtout président de la prestigieuse « Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République » à l’Assemblée nationale. S’occuper de la circonscription de Quimper et des lois au Palais-Bourbon ne semble pas suffire à son bonheur. En effet, d’après Wikipedia, « il est actuellement maître de conférences en droit public à l’Université de Bretagne occidentale ». Cette casquette ne parvenant pas à l’épuiser, il a été « également intervenant et invité, comme en 2013, à l’Institut de préparation à l’administration générale de Brest (IPAG) ».
Dès l’annonce par le préfet du Finistère que le très symbolique portique écotaxe de Pont-de-Buis (RN 165) allait être démonté, il s’empresse de monter au créneau : « C’est une information qui devrait inciter les Bretons à comprendre que le problème est désormais derrière nous. Il n’y a donc aucune raison de manifester samedi à Quimper » (Ouest-France, 31/10/13). Mais il faut croire que cette éminence n’as pas l’oreille des Bretons, puisqu’ils étaient entre 15 000 et 30 000 à Quimper…
Autre phrase historique de Jean-Jacques Urvoas : « Les Bretons n’ont pas un tempérament de révoltés » (Le Figaro, 29/10/13). Propos quelque peu imprudents car ses compatriotes avaient déjà détruit à ce moment là deux portiques écotaxes : à Guiclan (2 août) et à Melgven (7 octobre). Et leur fureur ne s’arrêtât pas en si bon chemin puisqu’on peut mettre à leur actif les installations de Saint-Allouestre (2 novembre) et de Lanrodec (3 novembre). Celui de Pont-de-Buis doit son salut à une sage décision du préfet qui prit les devants en donnant l’ordre de démonter le portique en question (31 octobre), après la chaude manifestation du samedi 26 octobre.
Il lui est donc logique de répondre à ceux qui s’enquièrent de son moral du moment : « Socialiste et Breton, ça fait deux raisons d’être en forme ! » (Le Nouvel Observateur, 14/11/13).
Mais le juriste Urvoas est aussi capable d’avancer des propositions que ne désavouerait pas Christian Troadec toujours prompt à réclamer pour la Bretagne « une autonomie financière et normative » (Ouest-France, 2-3/11/13). Sous la plume du président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, cela donne : « La Bretagne ne peut attendre tout de l’Etat. Notre avenir ne saurait se forger ailleurs que dans la région, alors qu’à l’heure actuelle trop de potentialités restent tributaires du bon vouloir d’un pouvoir qui demeure excessivement centralisé. C’est pourquoi il convient d’agir pour obtenir les facultés d’adapter au niveau régional les lois nationales et d’expérimenter par un « droit à la différence » de nouvelles formes d’organisation territoriale. Disons le clairement, il s’agit bien de transférer le pouvoir normatif aux régions dans les domaines décisifs pour le développement économique. L’exemple des collectivités d’outre-mer, qui bénéficient de ce levier d’adaptation des règles au travers d’habilitations législatives, montre la voie. (…) Alors que se profile l’examen du volet « régions » de l’acte III de la décentralisation, voilà une bataille institutionnelle qui mérite d’être conduite. » (Extraits d’une tribune publiée dans Ouest-France, 07/11/13).
Une question s’impose : en matière d’ « autonomisme » qui est le plus extrémiste, Troadec ou Urvoas ?
Photo Parti socialiste/Flickr (cc)
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