24//11/2013 – 14H00 Dublin (Breizh-info.com) – Dublin, en 1922. Bon bougre mais chômeur ivrogne, Gypo Nolan (Victor McLaglen) est amoureux de Katie (Margot Grahame), une femme qui se prostitue pour survivre. Se lamentant sur sa pauvreté, elle rêve de pouvoir émigrer aux États-Unis mais le billet coûte 10 £. Pour toucher la récompense de 20 £, Gypo dénonce aux autorités anglaises son meilleur ami, Frankie Mc Phillip, militant de l’IRA. Celui-ci est abattu à son arrestation. Lors de la veillée funèbre, en cherchant à se disculper, Gypo éveille les soupçons. Submergé par les remords, il dilapide son argent dans les bistrots. Traduit devant le tribunal secret du Sinn Fein, il est alors condamné à mort. Il parvient à s’échapper mais est mortellement blessé. Il choisit de mourir dans une église où il retrouve la mère de Frankie Mc Phillip. Celle-ci lui pardonne…
Le Mouchard (The Informer) est un film américain, sorti en 1935, réalisé par John Ford (1894-1973). Né dans une famille d’immigrants irlandais, John Ford découvre en 1914, à Hollywood, les métiers du cinéma. Il joue l’un des membres cagoulés du Ku Klux Klan dans Naissance d’une nation de D. W. Griffith. En 1921, il rencontre la branche familiale restée en Irlande et est présenté à l’indépendantiste irlandais Michael Collins. Pendant la guerre, il participe à l’effort de guerre américain en tournant des films de guerre patriotiques. Il reste bien sûr connu pour son cycle épique de la cavalerie (Le massacre de fort Apache, La Charge héroïque, Rio Grande). Dans son dernier western (Les Cheyennes), il rend hommage au peuple indien. Ses thèmes de prédilection sont ses racines irlandaises, l’armée, la religion et la droiture morale.
En tournant Le Mouchard, Ford adapte un roman de l’écrivain indépendantiste irlandais Liam O’Flaherty (The Informer avait déjà été adapté en 1929 par Arthur Robison). Il soutient plutôt la cause des nationalistes irlandais. Ce film au style souvent expressionniste évoque M Le Maudit de Fritz Lang : un homme traqué finit par être jugé par un tribunal clandestin, composé de truands chez Lang, d’indépendantistes chez Ford. Ford restitue la froide nuit dublinoise avec un brouillard à couper au couteau. Ce chef d’œuvre remporte quatre Oscars (meilleurs réalisateur, scénariste, musique et acteur). La dernière scène montre, dans l’église, Gypo lever les bras au ciel et s’écrier « Frankie, ta mère m’a pardonné » avant de s’écrouler au sol. Ford illustre ainsi les thèmes de la trahison, de la culpabilité et du pardon.
Le mouchard, éditions Montparnasse :
-
Edition collector (20 euros), avec en bonus un entretien avec John Ford, une analyse du film par le critique de cinéma Tag Gallagher et un entretien avec le réalisateur Samuel Fuller.
-
Edition simple (10 euros).