19/11/2013 – 15H00 Rennes (Breizh-info.com) — Poursuivi pour « affichage sur équipement concernant la circulation routière », Padrig Laurent, un militant du mouvement de défense de la langue bretonne Ai’ta !, comparaissait hier devant la cour d’appel de Rennes. Le prévenu n’a pas eu le droit de s’exprimer en breton…
Absent en première instance, en décembre 2012, ce militant avait été condamné à plus de 7 000 euros d’amende pour avoir apposé des autocollants « E brezhoneg ! » sur la signalétique monolingue des communes de Fouesnant et La Forêt Fouesnant (29). Lors de l’audience d’hier, le président de la cour d’appel a refusé que le prévenu puisse présenter sa défense en breton, alors qu’il s’agit pourtant de la langue dans laquelle s’exprime quotidiennement le prévenu, tant dans sa vie privée que professionnelle.
Cette attitude du tribunal de refuser tout droit de cité à la langue bretonne, dans l’enceinte de l’ancien Parlement de Bretagne, peut apparaître étonnante voire discriminante. Il est d’usage, en effet, que lorsque des immigrés ou personnes d’origines étrangères parlant mal le français, comparaissent devant la justice, elles bénéficient de l’assistance d’un interprète mis à disposition afin de leur assurer un procès équitable. Il est ainsi fréquent, au tribunal de Rennes, de voir des accusés et prévenus avec des interprètes pratiquant notamment le mongol, le turc, le kurde, le chinois, l’arabe.
L’avocat de l’accusé, Erwan Le Moigne, a donc demandé la relaxe pour nullité de la procédure parce que « les droits de la défense n’ont pas été respectés en première instance. Et parce que Monsieur Laurent a le droit de pratiquer une autre langue que le français dans la vie privée comme dans la vie publique ». Avant de poursuivre : « Dans cette affaire, je ne vois pas comment on pourrait refuser cette liberté d’opinion ! Il y avait bien état de nécessité pour mon client face au non-respect de ses droits linguistiques. »
Padrig Laurent était soutenu par de nombreuses personnalités issues du mouvement breton, et notamment par Christian Troadec, maire de Carhaix, ou encore par l’éditeur Yoran Delacour (éditions Yoran Embanner) qui ont témoigné en sa faveur. Décision le 9 décembre.
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Une réponse à “A la cour d’appel de Rennes, les Bretons n’ont pas droit à l’assistance d’un interprète (ce sont bien les seuls)”
Éternellement la france que nous vivons était, est et sera discriminatoire ! Quelqu’un a-t-il cru le contrare ?