18/11/2013 – 08H00 Édimbourg (Breizh-info.com) – Le Scottish National Party (SNP) a du mal à définir le sort monétaire d’une Écosse indépendante. Cette question risque de peser lourd dans le sort du référendum de 2014 qui décidera de l’avenir de la nation écossaise. Les adversaires de l’indépendance s’en sont emparés et ne sont pas près de lâcher le morceau.
Trois grandes possibilités s’ouvrent aux Écossais.
1. Garder la livre sterling. Conserver la British pound aurait l’avantage de ne pas bousculer les habitudes. Les tempéraments conservateurs auraient ainsi moins de mal à voter « oui ». Alex Salmond, premier ministre écossais et promoteur du référendum sur l’indépendance, a opté pour cette solution. Mais elle suppose l’accord de ce qui resterait du Royaume-Uni. George Osborne, chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances) du gouvernement conservateur britannique juge cet accord « improbable », ou en tout cas subordonné à des conditions exigeantes, notamment fiscales. Son homologue du shadow cabinet travailliste est du même avis. Pressé de présenter un « plan B » en cas de refus britannique, Alex Salmond temporise.
2. Créer sa propre monnaie. La position d’Alex Salmond ne fait pas l’unanimité au sein de son parti. Choisir l’indépendance et garder la livre serait simplement choisir « moins de Royaume-Uni ». « L’Écosse doit posséder tous les outils nécessaires pour gérer son économie différemment de celle de l’Union », plaide Gordon Wilson, ancien président du SNP. Les partisans de cette solution font observer que la Norvège et la Suisse, deux pays comparables par leur population à une Écosse indépendante, ont leur propre monnaie et s’en trouvent bien. Mais la mise en place d’une telle solution serait très lourde pour une Écosse nouvellement indépendante.
3. Entrer dans la zone euro. Vu de loin, passer à l’euro pourrait sembler une option évidente. Il n’en est rien tant les oppositions à la monnaie unique sont vives en Grande-Bretagne. Pour le SNP, proposer l’euro serait rejeter une partie de ses électeurs vers le parti conservateur – dont beaucoup sont issus – ou même vers l’UKIP (U.K. Independance Party). Et puis, cela supposerait que l’Écosse adhère à l’Union européenne dans les conditions que celle-ci lui imposerait, comme l’a récemment rappelé l’ambassadeur de Croatie en Grande-Bretagne. Ce n’est pas du tout dans l’air du temps.
Alex Salmond et le SNP sont-ils vraiment coincés et obligés de choisir entre trois mauvaises solutions ? Pas forcément. Avec ou sans l’accord de Londres, une Écosse indépendante pourrait pratiquer le bimonétarisme, à l’instar de plusieurs pays d’Amérique latine, qui ont leur propre monnaie mais utilisent couramment le dollar américain. Elle pourrait envisager une démarche de monnaie « locale » étendue. Et puis, le pays d’Adam Smith, de John Law et de John Stuart Mill pourrait faire preuve d’imagination pour inventer une voie monétaire totalement nouvelle qui lui conférerait d’emblée une place à part dans l’économie mondiale !
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