17/11/2013 – 09H00 Swansea (Breizh-info.com) – De multiples versions du Petit chaperon rouge circulaient longtemps avant celle de Charles Perrault (1697). Mais qui avait copié sur qui ? Qui est le vrai papa (ou la vraie grand-mère) du petit chaperon rouge ? Depuis le 19ème siècle, de nombreux folkloristes se sont penchés sur la question.
On connaît quelques écrits, notamment une version rédigée en latin au 11ème siècle par un religieux de Liège. L’héroïne y porte une robe de baptême rouge – ce qui évoque assez une sculpture de Notre-Dame-de-Quelven. Mais ces cas sont peu nombreux. Les contes pour enfants se transmettent surtout par tradition orale ; Paul Sébillot a ainsi rendu compte d’un conte apparenté au Petit chaperon rouge dans Littérature orale de Haute-Bretagne. Cette rareté des sources compliquait la recherche des origines.
Jamshid J. Tehrani, chercheur au Centre sur la coévolution de la biologie et de la culture de l’université de Durham en Angleterre a tenté de renouveler cette quête à l’aide des méthodes phylogénétiques mises au point pour reconstituer les relations entre espèces vivantes au cours de l’évolution. Il a observé la fréquence statistique de 72 caractéristiques (nature du personnage central, nature du méchant, qui peut être parfois un tigre ou un ogre, lieu de l’agression, sort ultime du personnage central, etc.) dans les contes susceptibles d’être apparentés au Petit chaperon rouge à travers le monde. La revue en ligne Plos One vient de publier ses savantes conclusions.
Elles mettent en évidence des familles assez nettement différenciées. En particulier, les versions asiatiques montrent peu de parenté avec les versions européennes. Les versions d’Afrique orientale forment un rameau particulier qui pourrait faire écho à des contacts commerciaux ou coloniaux avec des Européens. En Afrique occidentale, un cas seul cas est relevé, au Nigéria. Cette version s’avère si proche de la branche européenne qu’il s’agit probablement d’une histoire recueillie auprès d’Occidentaux et traduite dans la langue des Ibos.
Jamshid J. Tehrani ne prétend pas avoir établi autre chose qu’une esquisse, mais sa tentative paraît prometteuse.
Illustration : Le Petit chaperon rouge par Karl Offterdinger (1829-1889), domaine public via WikimediaCommons
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